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Le langage est-il objectif ou expressif ?

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« Termes du sujet: LANGAGE : 1) Faculté de parler ou d'utiliser une langue.

2) Tout système de signes, tout système signifiant, toute communication par signes (verbaux ou non verbaux).

Le langage désigne aussi la totalité des langues humaines. OBJECTIF / OBJECTIVITE: C aractère de ce qui existe indépendamment de la conscience.

C aractère de ce qui est établi sans aucun jugement de valeur. Dans le domaine de la connaissance, l'objectivité est réalisée quand l'esprit constitue un objet de pensée pouvant en droit faire l'accord des esprits (universalité).

En ce sens, la notion est synonyme de rationalité.

Opposée à la subjectivité, elle requiert l'impartialité du sujet connaissant et exige la mise en oeuvre de procédures d'observation et d'expérimentation garantissant la validité des opérations relevant de l'investigation scientifique dont l'objectivité ne sera précisément méritée qu'à ce prix. Expressivité et représentativité Platon présuppose que « les choses ont en elles-mêmes un certain être permanent qui n'est ni relatif à nous, ni dépendant de nous », et que le discours tout entier vise à déterminer les identités et les différences des êtres intelligibles.

En ce sens, la vertu du langage est d'énoncer la réalité des choses.

Il exerce une fonction représentative plutôt qu'expressive : soit les mots n'ont d'autre contenu que le sens qu'ils permettent de communiquer entre les hommes, soit la signification est en réalité une relation directe entre les mots et les choses.

Pour être le reflet le plus exact possible ou un « tableau de la réalité » (Wittgenstein), un propos doit être le plus clair et le plus logique possible. Divers usages du langage C ependant, le langage ordinaire ne satisfait pas aux conditions logiques d'universalité et d'univocité de la pensée.

De plus, toute proposition dépend des conditions concrètes de son énonciation (qui parle, à qui, où et comment ?).

Enfin, l'on ne parle pas seulement pour constater des faits ou pour formuler des pensées soumises à une valeur de vérité : on parle aussi pour agir et, même, l'on agit en parlant.

Les énoncés performatifs (de l'anglais to perform, accomplir) correspondent à l'accomplissement d'une action par le fait même de les énoncer dans certaines conditions (« je te jure », « la séance est ouverte »...).

Mais le langage peut aussi se faire poétique.

Finalement, la vocation première du langage est-elle l'expression (subjectivité) ou la représentation (objectivité) ? La réponse de Rousseau Le langage est d'abord expression " L'écriture qui semble devoir fixer la langue est précisément ce qui l'altère ; elle n'en change pas les mots mais le génie ; elle substitue l'exactitude à l'expression.

" Rousseau, Essai sur l'origine des langues (1781), chap.

V. Problématique Le langage est-il au service de l'exactitude ou de l'expression ? Explication La révolution de l'écriture Les hommes ont progressivement ajouté à la parole l'univers des signes graphiques : cela demeure-t-il sans conséquence ? Non, car l'exactitude prend alors le pas sur l'expression et l'on ne rend pas tant ses sentiments que ses idées.

C'est là un gain pour la raison, mais aussi une perte pour l'expression.

En effet, selon Rousseau, la parole ne vient pas des besoins, mais des passions et des relations intersubjectives.

Or, s'adresser à autrui pour l'émouvoir ou pour lui ouvrir son coeur, ce n'est plus seulement le considérer comme le familier ou le voisin, mais comme l'homme de dialogue. Le signe n'est pas alors seulement mis pour quelque chose, mais aussi pour quelqu'un ; parler n'est pas simplement dire quelque chose à quelqu'un, mais avec quelqu'un. Avantages et défauts de l'écriture Le recours à des éléments externes pour signifier la pensée n'est pas une simple commodité visant à redoubler le langage parlé, car on peut y voir un nouvel état de la pensée.

La pensée symbolique, rendue possible par l'écriture, se veut en effet exacte et distanciée.

Cependant, ne nous a-t-elle pas conduit à gommer la fluidité temporelle, la singularité des sentiments et la chaleur des passions au profit de la généralité et de l'abstractraction de l'idée ? Débat et enjeu La parole vivante La parole vivante est éloquente et crée le sens.

C 'est pourquoi la linguistique s'est attachée, au-delà de l'étude du code et du message (le système des signes), à l'énonciation concrète du sujet parlant.

Si l'analyse d'un système de signes peut omettre la personne qui parle, une étude exhaustive du langage doit être attentive au fait que quelqu'un se signifie lui-même dans le discours.

Si les hommes n'avaient recours au langage que pour se communiquer des besoins et des significations toutes faites, les gestes auraient, à la limite, suffi ! Autrement dit, il y a déjà langage sur le sol pré-réflexif de l'expression.

Les signes renvoient à une expérience sensible et active. L'éloquence du corps Plus ancienne que la parole elle-même est l'expressivité spontanée de notre corps.

L'éloquence du corps sensible (un petit enfant crie : tout son corps dit la colère) montre que nous nous exprimons avant de parler explicitement.

En effet, comment expliquer que l'apprentissage de la langue maternelle ne soit pas vécu comme une rupture, sinon par le fait que cet apprentissage est d'abord le prolongement d'une expressivité corporelle ? Y a-t-il du sens avant le langage ? En réalité, une idée ne se distingue pas du langage dans lequel elle s'exprime.

Le sens n'est pas une réalité distincte à laquelle on pourrait associer un signe (objectif) pour la marquer et la communiquer.

Affirmer que « le sens n'apparaît que serti dans les mots » (Merleau-Ponty), c'est reconnaître que l'exprimé (le sens) n'est pas antérieur à son expression (le signe).

La puissance expressive du langage tend à faire oublier sa dimension constitutive du sens, de sorte qu'il ne nous apparaît plus que comme la traduction d'une pensée préalablement possédée : c'est là une illusion.. »

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