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Le langage est-il le propre de l'homme ?

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« Termes du sujet: LANGAGE : 1) Faculté de parler ou d'utiliser une langue.

2) Tout système de signes, tout système signifiant, toute communication par signes (verbaux ou non verbaux).

Le langage désigne aussi la totalité des langues humaines. HOMME: Le plus évolué des êtres vivants, appartenant à la famille des hominidés et à l'espèce Homo sapiens (« homme sage »). • Traditionnellement défini comme « animal doué de raison », l'homme est aussi, selon Aristote, un « animal politique ».

Ce serait en effet pour qu'il puisse s'entendre avec ses semblables sur le bon, l'utile et le juste que la nature l'aurait pourvu du langage. Le langage, une spécificité humaine • Descartes pense que seul l'homme parle et utilise des signes pour communiquer ses pensées.

Ces signes sont d'une autre nature que le cri des animaux qui expriment des passions.

Parler est donc le propre de l'homme pensant. Tous les hommes sans exception, même fous ou stupides, sont capables de parler ou d'employer des signes pour faire connaître leur pensée.

Au contraire, il n'existe aucun animal qui soit capable d'employer le langage, sinon pour le répéter sans le comprendre (les pies ou les perroquets par exemple).

Si les animaux ne parlent pas, ce n'est donc pas par défaut d'organes convenables - les imitations peuvent être très bonnes pour certains oiseaux -, mais ils ne pensent pas ce qu'ils disent, et ne sont pas capables d'inventer un système de signes pour se faire comprendre.

Seul l'homme dispose d'une raison, les animaux n'en ont aucune.

Même l'animal le plus doué n'est pas capable d'égaler l'enfant le plus stupide.

Enfin, si les animaux avaient la moindre trace de raison, ils seraient en mesure de nous le faire savoir, ce qui n'a jamais eu lieu.

La faculté de langage est donc étroitement liée à la raison : elle y trouve son origine et sa capacité de développement.

Parler ne consiste donc pas à associer des mots, mais à penser ce que l'on dit, et à dire ce que l'on pense. • Réfléchissant à partir des observations réalisées sur le mode de communication propre aux abeilles par Von Frisch, Benveniste en rappelle d'abord la teneur.

De retour à la ruche, une abeille qui effectue devant ses congénères une danse en cercle signale par là que de la nourriture se trouve à une faible distance.

Relevant d'un symbolisme moins rudimentaire, une danse en huit accompagnée d'un frétillement continu de l'abdomen indique quant à elle à quelle distance on doit chercher (plus la danse est lente, plus le butin est loin), mais aussi dans quelle direction s'envoler (l'axe du huit indique l'angle que le lieu de la découverte forme avec le soleil).

Toutefois, six points de contraste au moins interdisent de considérer comme un langage ce mode de communication animal.

Les deux premiers sont son caractère non phonique, et par voie de conséquence le fait que ce symbolisme soit inopérant dans l'obscurité.

Mais comme on l'a déjà signalé, cela vaudrait aussi dans le cas du langage des sourds-muets.

Plus décisive est la troisième remarque de Benvéniste : à savoir que le message de l'abeille exploratrice n'appelle pas de réponse, n'instaure pas de dialogue.

Au lieu que « nous nous parlons à d'autres qui parlent ».

Non seulement les abeilles ignorent le dialogue, mais leurs messages ne peuvent se référer qu'à une donnée objective.

Toujours la même au demeurant : la nourriture.

Cela contraste, relève Benveniste, avec « l'illimité des contenus du langage humain ».

Celui-ci, par ailleurs, voit s'entrelacer relation à l'objet et réaction au discours de l'autre.

Or chez les abeilles, il n'arrive pas qu'un message se rapporte à un autre message : on n'a pas observé par exemple qu'une abeille aille répéter dans une autre ruche la danse à laquelle elle venait d'assister.

Dernière remarque, la plus importante aux yeux du linguiste : le langage humain se laisse décomposer en un nombre fini d'éléments constitutifs, éléments de signification ou constituants sonores dont les combinaisons réglées peuvent engendrer une infinités de messages.

Au contraire, « le message des abeilles ne se laisse pas analyser », c'est-à-dire décomposer en une série d'éléments formateurs, identifiables et distinctifs.

Le mode de communication employé par les abeilles ne serait donc « pas un langage, mais un code de signaux », tout entier inscrit dans le code génétique des insectes. Le langage, un élément de culture Selon Lévi-Strauss, le langage est un « fait culturel par excellence » car il est à la fois : • Une partie intégrante de notre culture : en effet, il est un élément que l'homme a ajouté à son état de nature ; le langage est donc un élément culturel.

Pour preuve, le langage ne se transmet pas biologiquement, mais grâce à un apprentissage.

Il n'est donc pas le produit d'une hérédité naturelle, mais d'un héritage culturel. • Un moyen privilégié d'assimilation de la culture : c'est parce qu'on lui parle qu'un enfant peut comprendre sa culture ; les règles du groupe sont, pour lui, d'abord des mots.

Ex.: les interdits sont transmis par le biais d'interdictions verbales.

Par exemple, l'interdit de l'inceste.

Tournons-nous alors vers les mammifères supérieurs.

Nous constatons qu'il n'existe, au niveau du langage, des outils, des institutions, des valeurs que de pauvres esquisses, de simples ébauches.

Même les grands singes, dit Lévi-Strauss, sont décourageants à cet égard : « Aucun obstacle anatomique n'interdit au singe d'articuler les sons du langage, et même des ensembles syllabiques, on ne peut qu'être frappé davantage par sa totale incapacité d'attribuer aux sons émis ou entendus le caractères de signes .

» Les recherches poursuivies ces dernières décennies montrent, dit Lévi-Strauss que « dans certaines limites le chimpanzé peut utiliser des outils élémentaires et éventuellement en improviser », que « des relations temporaires de solidarité et de subordination peuvent apparaître et se défaire au sein d'un groupe donné » et enfin qu' « on peut se plaire à reconnaître dans certaines attitudes singulières l'esquisse de formes désintéressées d'activité ou de contemplation ».

Mais, ajoute Lévi-Strauss, « si tous ces phénomènes plaident par leur présence, ils sont plus éloquents encore –et dans un tout autre sens, par leur pauvreté ».

De plus, et c'est là sans doute la caractéristique la plus importante, « la vie sociale des singes ne se prête à la formulation d'aucune norme ». A partir de cette constatation, Lévi-Strauss indique ce qui lui semble être le critère de la culture : « Partout où la règle se manifeste, nous savons avec certitude être à l'étage de la culture.

» Mais les règles institutionnelles qui fondent la culture sont particulières et varient d'une société à l'autre.

On peut donc affirmer que l'universel, ce qui est commun à tous les hommes, et la marque de leur nature.

C'est donc ce double critère de la norme (règle) et de l'universalité qui permet –dans certain cas- de séparer les éléments naturels des éléments culturels chez l'homme : « Posons donc que tout ce qui est universel chez l'homme relève de la nature et se caractérise par la spontanéité, que tout ce qui est astreint à une norme appartient à la culture et présente les attributs du relatif et du particulier.

» Mais ce double critère posé, nous nous trouvons confrontés avec un fait unique en son genre : la prohibition de l'inceste.

Celle-ci, en tant qu'institution relève de la règle et donc de la culture.

Mais, en même temps, elle est un phénomène universel et semble donc relever de la nature.

Une contradiction donc, un mystère redoutable : « La prohibition de l'inceste possède, à la fois, l'universalité des tendances et des instincts, et le caractère coercitif des lois et des institutions.

» • Une manifestation essentielle de la culture : il existe des systèmes culturels comme l'art, la religion, le droit, qui fonctionnent de la même manière que le langage, c'est-à-dire comme des codes.

Mais le langage est le système culturel qui permet d'apprendre tous les autres.. »

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