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LE LANGAGE. COURS DE PHILO. TERMINALE

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Si la philosophie occidentale se définit dès l'origine comme la recherche de ce savoir par excellence que les grecs ont nommé "sophia", ce savoir est en même temps conçu comme savoir portant sur la "nature des choses", sur la "physis" dont il a pour fonction d'exprimer l'"ordre", le "cosmos". Or, l'expression de l'ordre des choses vient au jour dans ce que les grecs appelaient le "Logos".
           Le "Logos", c'est le nombre, c'est la raison et la mesure, c'est le "discours" enfin, dans lequel s'énonce, pourrait-on dire, la "formule" susceptible d'exprimer la présence d'une stabilité substantielle, d'une constance régulière, cyclique, cohérente, immuable de l'Etre comme Nature, derrière la multiplicité mobile, (apparemment dépourvue de toute ordonnance à l'unité d'un principe), du "paraître" et du "devenir" sensibles.
           La "science" dont la philosophie se met en quêter est donc à l'origine la possession du "discours" qui énonce la cohésion de l'Etre comme Nature au-delà des apparences. Mais, ce discours "ontologique" -dans lequel il y va d'une science de l'Etre- s'énonce à partir d'un langage qui n'est pas nécessairement de lui-même révélateur de la raison des apparences; car, l'homme parle quotidiennement un langage soumis au règne de l'opinion et de l'apparence, et qui se borne à refléter une expérience immédiate, subjective et désordonnée, des "phénomènes".
           Le problème de la vérité se trouve donc ainsi mis en jeu dans la simple question de l'essence et de l'usage quotidien ou scientifique d'un langage au statut ontologique aussi ambigu que celui de la réalité humaine qu'il reflète. Car, ce n'est qu'au sein de cet élément du langage et du "monde parlé" vivants, que l'homme peut entreprendre de "révéler" l'Etre en le formulant et en l'exprimant, mais le langage détient aussi un pouvoir de "dissimulation" de l'Etre; et ce double pouvoir n'appartient justement qu' à l'homme, qu'à l'"existant", pour lequel seul la question de l'essence de l'Etre et de la nature des choses peut devenir problème et prendre sens, dans l'inquiétude même de sa propre essence; par et dans le langage.
           "Le langage, dit Aristote, s'il ne manifeste pas, n'accomplit pas sa fonction propre". Le discours que le langage porte en puissance est en effet révélation de L'Etre à l'homme, dans la mesure où le langage est ce au sein de quoi "L'être se dit en plusieurs sens" (en ces catégories fondamentales sans lesquelles nous ne saurions "habiter" ce monde comme étant justement "le nôtre"); ou encore ce sans le secours de quoi les choses n'apparaîtraient pas avec le sens qui, pour l'homme qui l'énonce, est "le leur".


« "Avec celui que nous aimons, nous avons cessé de parler, et ce n'est pas le silence." CAMUS. "Plein de mérite, pourtant c'est poétiquement que l'homme demeure sur cette terre." HOLDERLIN LE LANGAGE. Si la philosophie occidentale se définit dès l'origine comme la recherche de ce savoir par excellence que les grecs ont nommé "sophia", ce savoir est en même temps conçu comme savoir portant sur la "nature des choses", sur la "physis" dont il a pour fonction d'exprimer l'"ordre", le "cosmos".

Or, l'expression de l'ordre des choses vient au jour dans ce que les grecs appelaient le "Logos". Le "Logos", c'est le nombre, c'est la raison et la mesure, c'est le "discours" enfin, dans lequel s'énonce, pourrait-on dire, la "formule" susceptible d'exprimer la présence d'une stabilité substantielle, d'une constance régulière, cyclique, cohérente, immuable de l'Etre comme Nature, derrière la multiplicité mobile, (apparemment dépourvue de toute ordonnance à l'unité d'un principe), du "paraître" et du "devenir" sensibles. L a "science" dont la philosophie se met en quêter est donc à l'origine la possession du "discours" qui énonce la cohésion de l'Etre comme Nature au-delà des apparences.

Mais, ce discours "ontologique" -dans lequel il y va d'une science de l'Etre- s'énonce à partir d'un langage qui n'est pas nécessairement de lui-même révélateur de la raison des apparences; car, l'homme parle quotidiennement un langage soumis au règne de l'opinion et de l'apparence, et qui se borne à refléter une expérience immédiate, subjective et désordonnée, des "phénomènes". Le problème de la vérité se trouve donc ainsi mis en jeu dans la simple question de l'essence et de l'usage quotidien ou scientifique d'un langage au statut ontologique aussi ambigu que celui de la réalité humaine qu'il reflète. Car, ce n'est qu'au sein de cet élément du langage et du "monde parlé" vivants, que l'homme peut entreprendre de "révéler" l'Etre en le formulant et en l'exprimant, mais le langage détient aussi un pouvoir de "dissimulation" de l'Etre; et ce double pouvoir n'appartient justement qu' à l'homme, qu'à l'"existant", pour lequel seul la question de l'essence de l'Etre et de la nature des choses peut devenir problème et prendre sens, dans l'inquiétude même de sa propre essence; par et dans le langage. "Le langage, dit Aristote, s'il ne manifeste pas, n'accomplit pas sa fonction propre".

Le discours que le langage porte en puissance est en effet révélation de L'Etre à l'homme, dans la mesure où le langage est ce au sein de quoi "L'être se dit en plusieurs sens" (en ces catégories fondamentales sans lesquelles nous ne saurions "habiter" ce monde comme étant justement "le nôtre"); ou encore ce sans le secours de quoi les choses n'apparaîtraient pas avec le sens qui, pour l'homme qui l'énonce, est "le leur". Mais si le langage "manifeste", il ne le fait aussi qu'à la manière, jamais dépourvue d'ambiguïté, d'opacité irréductible, des oracles de Delphes, selon le vieux mot d'Héraclite: "Il ne dit ni ne cache; il signifie". Ainsi, la fonction de révélation "ontologique" du langage n'est-elle sans doute pas autre chose que l'effet "philosophique" d'une fonction plus vaste du langage, qui, dans son usage le plus quotidien, est celle de la signification.

Et avant de servir de support à la vérité d'un discours, scientifique ou ontologique, le langage sert de substance élémentaire, préréflexive et primordiale, à l'expression et à la communication des significations, de l'expérience concrète au symbolisme, parmi lesquelles l'homme cherche son sens, quel que soit leur contenu de vérité, d'illusion ou de fiction, pourvu qu'elles soient pour lui pleines de sens. La pensée moderne tente de développer une approche "positive" des faits de langage et de la signification linguistique, afin d'en examiner la nature et le fonctionnement.

Une telle démarche épistémologique implique la mise à l'écart de toute attitude superstitieuse ou spéculative à l'égard du langage; elle implique que le langage, considéré dans la matérialité de ses procédés signifiants, dans la diversité indéfiniment particularisée de ses systèmes de signes (les langues), et dans l'historicité de son devenir pluraliste, soit pris comme objet d'une science descriptive (et non normative): la linguistique structurale. Le langage humain présente à l'analyse des propriétés structurales spécifiques.

"Une langue, écrit André Martinet, est un instrument de communication selon lequel l'expérience humaine s'analyse, différemment dans chaque communauté, en unités douées d'un contenu sémantique et d'une expression phonique, les monèmes; cette expression phonique s'articule à son tour en unités distinctives et successives, les phonèmes, en nombre déterminé dans chaque langue, dont la nature et les rapports mutuels différent eux aussi d'une langue à l'autre". Les monèmes sont donc les plus petites unités signifiantes par elles-mêmes encore douées de sens quand on analyse les énoncés d'une langue donnée.

Ils constituent en quelque sorte le vocabulaire élémentaire d'une langue, ou son matériel sémantique (du grec: signifier).

Un "monème" n'est pas nécessairement un mot; il peut n'être qu'une racine sémantique, un préfixe ou une désinence indiquant le genre, la personne verbale, le temps, la fonction dans une langue à déclinaison, ect. Les monèmes présentent la caractéristique essentielle à tout signe, c'est-à-dire l'association psychique d'une marque dont le statut est sensible (trace écrite, à l'origine purement sonore) et qui est le signifiant, à un contenu de sens, qui est le signifié auquel renvoie le signifiant.

Signifiant et signifié constituent les deux faces indissociables du signe.

Le référent est l'objet concret ou l'expérience de l'objet -réel ou idéal- à quoi "réfère" dans l'expérience le contenu de sens du signe. Outre le découpage caractéristique de son matériel sémantique, le système de la langue est caractérisé par un ensemble de règles, ou structures syntaxiques, prescrivant l'ordre dans lequel les monèmes doivent être rangés dans la succession linéaire de la chaîne des signifiants, afin que se trouvent signifiées des relations déterminées, entre les contenus de sens des monèmes. Tout énoncé doué de sens se fait ainsi par juxtaposition syntaxique ("syntagmation") de monèmes choisis par celui qui parle (le "locuteur") dans le "lexique" de la langue et ordonnée selon les règles syntaxiques propres à la grammaire de la langue.. »

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