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Le génie n'est-il qu'une fiction ?

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« 1) La création est œuvre de la liberté.

La création est liberté à l’œuvre, liberté qui se fait œuvre.

Le créateur, le grand artiste ne possède pas seulement un savoir‐faire.

Il est celui qui connaissant les règles antérieures en invente de nouvelles.

Le grand peintre, par exemple, n’est pas un peintre d'École, un habile artisan qui applique scrupuleusement les règles esthétiques en vigueur à une époque donnée : « Je suis un peintre médiocre, mais je suis un génie.

» (Dali).

Il ne suit pas les règles, il les transgresse, bref, il crée.

Le grand artiste, celui qui crée, est un génie.

L'artiste ressemble à l'idée qu'on se fait de Dieu qui suscite vénération, admiration.

Les artistes sont eux aussi créateurs de mondes, d'univers. L’artiste génial est donc un « petit » démiurge, créateur ex nihilo: Le génie est à l’œuvre ce que Dieu est aux hommes.

« Le génie est la disposition innée de l'esprit par laquelle la nature donne ses règles à l'art.

» (« Critique de la faculté de juger »).

Pourquoi la nature ? Qu’est‐ce que Kant veut signifier par l'emploi du mot nature? Que la création ne s'apprend pas.

Il n’y a pas d’école pour devenir un génie ! Un savoir‐faire s'apprend et le grand artiste l'a acquis.

Mais il permet de re‐faire ce qui a été fait, d'imiter les grands, il ne permet pas de créer.

Le savoir‐faire est une condition nécessaire mais pas suffisante.

La création relève du don (« génie » vient de gène, activité séminale), de la nature, définie comme ce qui est donné et n'est pas l'oeuvre du savoir et du travail. 2) Les beaux‐arts sont les arts du génie.

Dire que « les beaux‐arts sont les arts du génie », cela signifie donc que l'art exige un talent complètement opposé à l'esprit d'imitation et qui ne peut être ramené à un savoir transmissible par enseignement.

La façon dont l'artiste réalise son produit ne peut être exposée scientifiquement ni même décrite.

En cela, l'art se différencie radicalement de la technique, mais aussi de la science dont les démarches sont enseignables, communicables.

Le génie ne se pliant à aucune règle préexistante semble créer avec la même heureuse spontanéité que la nature.

Mais c'est au prix du travail et de la souffrance.

Dans les lettres de Van Gogh, le mot travail revient sans cesse, jusque dans la dernière, celle qu'il portait sur lui, le jour de juillet 1890 où il s'est suicidé : « Eh bien, mon travail à moi, j'y risque ma vie et ma raison y a sombré à moitié.

» Tout vrai artiste est poussé par une nécessité interne devant laquelle il est vain de se presser.

Comme l'écrit si justement Rilke dans ses « Lettres à un jeune poète » : « Être artiste, c'est ne pas compter, c'est croître comme l'arbre qui ne presse pas sa sève...

». Puisque pouvoir créer est un don, celui‐ci n'est pas intelligible.

Le génie invente les règles au fur et à mesure qu'il crée, sans avoir pensé ces règles et sans les avoir voulues.

L'artiste est inspiré au sens où il ne maîtrise pas entièrement ce qu'il est en train de faire, où, dans ces moments‐là, il n'a plus l'impression d'être l'auteur de son oeuvre.

La nature est ici ce qui est spontané, non pensé et ne dépend pas de notre pouvoir décisionnel ou intellectuel.

Le contemplateur est d’ailleurs à sa manière un créateur, en ce sens qu’il peut dévoiler, au sein d’une oeuvre de qualité et donc riche d’une multiplicité d’interprétations possibles, un sens qui avait échappé à son créateur même.

Non seulement le créateur ignore l’origine de son talent et sa nature exacte, mais il ne maîtrise pas non plus la richesse de sens dont l’oeuvre est porteuse.

On raconte que l’écrivain et poète Paul Valéry (XX° siècle), demandait à des maîtres d’école l’autorisation d’assister aux séances au cours desquelles les classes interprétaient ses poèmes afin de découvrir ce que ses oeuvres pouvaient contenir comme richesses qui lui avaient échappé.

Ainsi, s’il est vrai que le sens que voulait communiquer le créateur est intéressant d’un point de vue historique, il est également vrai que le sens et les raisons qui fondent la qualité de l’oeuvre ne sont plus sa propriété.

Il en va d’ailleurs de même à propos d’une composition musicale ou d’une. »

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