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Le fou, le primitif, l'enfant, que nous apprennent-ils de l'homme?

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« Introduction Lorsque l'on dit de quelqu'un « il est fou », ou encore « c'est un enfant » ou enfin « c'est un primitif » on semble avoir tout dit.

On a, semble-t-il, expliqué son caractère anormal.

C'est donc un jugement porté par celui qui se considère normal.

Si effectivement ils apparaissent comme des figures de l'autre, ils semblent être en- deçà de l'humanité : l'enfant est un homme en puissance à réaliser par l'éducation, le fou est celui dont l'éducation à échouer et le primitif appartient à un peuple proche de l'origine de l'humanité. Que nous apprennent de l'homme l'enfant, le fou et le primitif ? En tant que figure du naturel par rapport à l'homme social nous apprennent-ils que l'homme est un être socialement conformé ? Mais ce ne sont pas que des figures du naturel ils sont également déterminés par des contraintes extérieures.

L'homme serait-il au contraire une figure de l'autodétermination et un être critique ? Cependant, leur différence est-elle le fruit d'une évaluation sociale ? Dès lors ils ne nous apprendraient rien sur l'homme, mais bien sur la normativité des critères de différenciation. I- Nous apprennent-ils que l'homme est un être socialement conformé ? Rousseau pose un hypothétique état de nature comme ce qui permet de comprendre ce qu'est l'homme naturel. (Discours sur les inégalités ) En ôtant à l'homme d'aujourd'hui tout ce qu'il a d'historique et de social on comprend ce qu'est l'homme de la nature.

Dès lors le primitif est l'homme à l'état de nature avant qu'il ait été changé par la société et l'enfant celui qui est encore innocent.

Par opposition l'homme est une construction sociale, pervertie par la culture. Il est alors très important de donner une éducation à la réflexion et à la pitié (L'Émile).

L'homme perverti par la société n'en est pas moins un homme plus qu'un « animal stupide et borné » (Contrat Social).

Si l'homme a une bonne éducation il peut être intelligent et bon. II- Nous apprennent-ils que l'homme est un être libre et moralement bien conformé ? L'enfant et le fou sont déterminés par leurs désirs et leurs pulsions, de même que le primitif.

Ils sont donc déterminés par des causes extérieures, des contraintes.

L'hétéronomie des phénomènes fait d'eux des choses parmi les choses. Par opposition l'homme serait l'être qui est déterminé par une cause interne à savoir la liberté. Pour Kant, être homme c'est être moral.

(§83 Critique de la faculté de juger). L'homme est celui qui s'est libéré des désirs et du monde des phénomènes.

Sa volonté seule est la cause de ses actions.

Il n'en reste pas moins soumis à la causalité des phénomènes.

Agit donc en lui une double causalité.

L'homme par opposition à l'enfant au fou et au sauvage est un être libre. III- Le fou, le primitif et l'enfant sont ils les fruits d'une évaluation sociale ? C'est bien un jugement qui est à la base de cet différence entre humanité et ceux qui sont en deçà de celle- ci.

Quels sont les critères de cette évaluation ? Juger quelque chose anormal revient à considérer un écart par rapport à une norme.

La norme est l'exclusivité d'une majorité.

La plus grande partie de l'humanité est saine, développé et éduqué. Dès lors ceux qui échappent à ces critères culturels sont considérés comme des sous- hommes, comme ne faisant pas parti de l'humanité. Montaigne dans ses essais montre que la rencontre de l'autre (les indiens d'Amériques) porte une interrogation sur soi.

L'homme a besoin de figures étrangères pour se définir négativement.

L'enfant, le fou, le primitif ont une fonction de définition pour les hommes dans la mesure où ils sont des écarts par rapports à la norme. Conclusion Si l'enfant, le fou et le sauvage sont des figures du naturel par opposition à l'homme qui est une construction culturelle, l'homme moral en tant qu'homme libre et raisonnable cherche à se définir par opposition.

Ces figures sont des constructions fonctionnelles nécessaires à l'homme pour se définir. Le philosophe ne doit-il pas, cependant, adopter la démarche inverse et tenter avec l'anthropologue Philippe Descola de « fonder la connaissance de l'autre sur le dévoilement de ses propres illusions » ? « Les hommes sont si nécessairement fous, que ce serait être fou par un autre tour de folie, de n'être pas fou.

» Pascal, Pensées, 1670 (posth.) « Comme nous appelons folie la conjonction de l'illusion, de la démesure, de l'instabilité, de l'incertitude entre réel et imaginaire, de la confusion entre subjectif et objectif, de l'erreur, du désordre, nous sommes contraints de voir l'homo sapiens comme homo demens.

» Edgar Morin, Le Paradigme perdu: la nature humaine, 1973. « [L'être de l'homme] ne serait pas l'être de l'homme s'il ne portait en lui la folie comme la limite de sa liberté.

» Lacan, Écrits Il, 1966. « Ce n'est pas en enfermant son voisin qu'on se convainc de son propre bon sens.

» Dostoïevski, Journal d'un écrivain, 1873-1881. « Il faut faire l'histoire de cet autre tour de folie, — de cet autre tour par lequel les hommes, dans le geste de raison souveraine qui enferme leur voisin, communiquent et se reconnaissent à travers le langage sans merci de la non-folie.» Foucault, Histoire de la folie à l'âge classique, 1961.. »

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