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Le devoir moral se distingue-t-il toujours de l'obligation juridique ?

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« Introduction : Le devoir est l'obéissance à une loi morale universelle que nous construisons nous-même et suppose d'une manière ou d'une autre l'autonomie de la volonté.

Le devoir exprime une obligation qui n'a rien à voir avec la nécessité et la contrainte.

Car ce qui est obligatoire peut être fait ou ne pas fait, alors que je ne puis en aucun me soustraire à ce qui est nécessaire.

Le devoir et l'obligation morale sont libres ; devant le nécessaire la volonté doit s'incliner.

L'obligation juridique quant à elle est plus simplement ce que nous appelons communément la loi.

Elle enjoint de ne pas faire quelque chose sous peine de sanction.

La question est de savoir dès lors ce qui distingue ces deux types de loi donc chercher d'où elles viennent toutes deux ou pour reprendre Kant dans la Critique de la raison pratique : « Devoir ! Nom sublime et grand, toi qui renferme rien en toi d'agréable, rien qui implique insinuation, mais qui réclames la soumission […] quelle origine est digne de toi, et où trouve-t-on la racine de ta noble tige ? » La question est donc bien celle du critère, s'il en existe un, permettant de différencier deux sphères, deux champs : le droit et la morale.

C'est aussi comprendre le lien qui les unit et qui les sépare ; autrement dit, l'union et la diffraction de ces deux domaines. En ce sens, s'il apparaît possible de différencier le devoir morale de l'obligation juridique en suivant la distinction intérieur / extérieure (1ère partie), peut-être faudra-t-il revenir sur une telle distinction qui ne rend pas compte nécessaire de l'imbrication du droit et de la morale et de leur interaction réciproque (2nd partie).

Dès lors il faudra peut-être reprendre à nouveaux frais une telle distinction dont l'étude de la désobéissance civile comme rapport entre droit et morale pourra nous fournir un paradigme fécond qui nous permettant de redessiner la distinction entre droit et morale (3ème partie). I – Une distinction entre intériorité et extériorité de la loi a) Comme le précise Kant dans la Fondation de la Métaphysique des Mœurs le devoir est un idéal de la raison pure et une valeur a priori.

L'exigence du devoir est universelle et nécessaire et ne renvoie pas à une norme empirique. Autrement dit, le devoir ne découle pas de l'empirie.

Fonder une morale sur les faits serait la condamner.

Le devoir, loin d'être une réalité représente une norme de la raison, valable pour tous les êtres raisonnables.

En ce sens, le pur devoir commande catégoriquement et l'impératif catégorique est le seul purement moral.

L'impératif moral n'exprime nullement la nécessité pratique d'une action comme moyen d'obtenir autre chose, mais commande inconditionnellement : « Fait ceci ».

Il rattache sans conditions la volonté à la loi.

La règle du devoir est catégorique : fais le devoir sans condition.

Il n'y a que l'impératif catégorique qui soit la loi de la moralité : « Tous les impératifs commandent ou hypothétiquement ou catégoriquement.

Les impératifs hypothétiques représentent la nécessité pratique d'une action pratique d'une action possible, considérée comme moyen d'arriver à quelque autre chose que l'on veut (ou du moins qu'il est possible qu'on veuille).

L'impératifs catégorique serait celui qui représenterait une action comme nécessaire pour elle-même, et sans rapport à un autre but, comme nécessaire objectivement.

» b) Pour Kant, comme on peut le voir à la lecture de la Fondation de la métaphysique des Mœurs et de l'Introduction à la Métaphysique des Mœurs la distinction entre droit et morale reprend la distinction entre l'intériorité de la loi et l'extériorité.

En effet on fait le devoir moral pour le devoir lui-même.

Il ne s'agit pas d'agir par devoir mais d'agir pour le devoir lui-même et c'est bien ce qui distingue le droit et la morale.

La morale est l'intériorisation de la loi ; d'une loi que je me suis moi-même prescrite par l'usage de ma raison.

Le droit lui exprime une loi déterminée par le législateur en vue de la survie et de la conservation du lien social et de la communauté tel que cela transparaît dans la proposition VI de L'Idée d'une histoire universelle du point de vue cosmopolitique.

C'est pourquoi on peut d'ailleurs utiliser la métaphore du berger et de son troupeau dans le domaine politique.

L'essentiel est donc de distinguer entre l'intériorité de la loi morale et l'extériorité de la loi juridique.

Ainsi l'impératif catégorique s'énonce de la manière suivante : « Agis comme si la maxime de ton action devait être érigée par ta volonté comme loi universelle.

» (Fondation de la Métaphysique des Mœurs) tandis que l'impératif du droit s'énonce de la manière suivante dans l'Introduction de la Métaphysique des Mœurs : « Agis extérieurement de telle manière que l'usage de ton arbitre puisse coexister avec la liberté de tout homme selon la loi universelle ». c) Ce qu'il faut remarquer ici c'est que Kant produit deux définitions, l'une pour le droit l'autre pour la morale qui sont quasiment identique.

La différence essentielle est celle de l'extériorité qui est bien marquée dans la citation même.

Cependant, on peut remarquer alors que le droit dépend de la morale en raison de la référence à la loi universelle.

Donc bien qu'en interaction le droit et la morale se distinguent par le rapport d'intériorité ou d'extériorité impliqué vis-à-vis du sujet.

Mais si cette distinction était si claire que cela on pourrait se demander pourquoi Kant dans l'Idée d'une histoire universelle d'un point de cosmopolitique note cette phrase en faisant référence au problème de l'établissement d'une constitution la plus parfaite possible et du rôle de l'insociable sociabilité : « Par cette voie, un accord pathologiquement, extorqué en vue de l'établissement d'une société, peut se convertir en un tout moral.

» (proposition IV).

Le problème est alors de comprendre comment le passage de l'extériorité à l'intériorité si ce n'est par l'intégration du droit comme règle absolue c'est-à-dire lui donnant la forme du devoir moral.

Comment savoir ou connaître la différence alors entre droit et moral ? Transition : Ainsi, s'il apparaît que la distinction entre le devoir moral et l'obligation juridique relève d'une différenciation entre intériorité et extériorité de la loi, il n'en reste pas moins que l'on peut pas comprendre dès lors la distinction dans les divers types de morale ou plus simplement comment une règle de droit, une loi, peut devenir une loi morale.

Le lien qui unit le droit et la morale est sans doute plus fin que ce simple critère s'il existe un tel critère.

La question est alors de savoir si l'on ne pourrait pas dire qu'un devoir moral ne serait pas simplement une obligation juridique. »

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