Aide en Philo

Le devoir implique-t-il une dette ?

Extrait du document

« Termes du sujet: DEVOIR: 1) Obligation morale, opposée à obligation juridique; le devoir est une obligation interne au sujet, l'obligation juridique une obligation externe (une contrainte). 2) Le problème sous-jacent consistant à trouver le fondement de cette obligation, Kant fera du devoir un absolu: "Le devoir est la nécessité d'accomplir l'action par pur respect pour la loi." 3) Un devoir: tout ce qui correspond à une obligation morale. Le devoir est une notion morale, qui peut éventuellement servir de modèle aux lois, en inspirer l'esprit, mais ce qu'il faut analyser, c'est le rapport entre le devoir moral et la notion de dette.

On peut commencer par se demander qui ou qu'est-ce qui nous dicte ce que nous devons faire ? Si les lois nous imposent certains impératifs, nous y obéissons le plus souvent sous la contrainte (c'est ce qu'on désigne couramment par l'expression "la peur du gendarme").

Mais dans le devoir moral, pourquoi obéit-on ? Est-ce parce que nous avons un sentiment de dette, autrement dit l'impression d'être coupable et de devoir agir d'une certaine manière pour nous racheter ? L'individu serait-il spontanément égoïste, de sorte que le devoir lui serait imposé pour contrer cet égoïsme fondamental ? Une piste à explorer serait celle de la confrontation entre la notion de devoir moral et celle de la culpabilité (Nietzsche, Généalogie de la morale, 2e dissertation).

On peut aussi montrer avec Kant que le devoir moral, compris comme loi rationnelle qui nous dicte de nous déterminer librement, indépendamment de tout intérêt sensible, serait une forme de "dette" du sujet fini, sensible, envers le sujet moral, libre, raisonnable en lui.

Dans l'idée de devoir, on peut déceler une forme de dette que l'individu finit par contracter avec lui-même : il a intériorisé la culpabilité, la désobéissance au devoir moral (à ce qu'il doit faire), et, par la souffrance engendrée par ce sentiment, paie en quelque sorte sa dette, et "rachète" sa faute. Introduction Sous sa forme substantivée, la notion de devoir semble infailliblement renvoyer à la partie éthique de l'interrogation philosophique.

Agir par devoir, c'est déterminer son action présente et à venir selon le sentiment du caractère nécessaire et/ou obligatoire de celle-ci.

L'individu peut en effet agir, variablement, par principe, convenance, par intérêt ou encore par respect de la loi. La question ici posée concerne un élément déterminant, car moteur, du devoir.

Comment, en effet, déterminer celuici alors même que le devoir peut être diversement motivé ? La reconnaissance d'un dû qui motiverait l'action par devoir, n'est-ce pas là une contradiction même du devoir comme expression d'un sentiment moral ? Nous sommes engagés, par la nature même de la question, dans un processus de détermination de l'essence même du devoir. La reconnaissance, double, d'un intérêt en même temps que d'un « dû » qui motiveraient l'action morale engage la problématique de la « pureté » du sens moral. La dualité implicite du devoir Le devoir peut recevoir, comme nous l'avons indiqué, plusieurs formes.

Il y a le devoir moral, le devoir professionnel (la déontologie fait office de règle), le devoir national, civique, conjugal… Reconnaître une dette implicite au devoir, est-ce reconnaître une dette pour toutes les formes de devoir ? C'est à une nature polymorphique du devoir que nous avons à faire.

L'intérêt serait-il, sous la forme d'une reconnaissance de dette comme origine ou finalité du devoir, cela même qui motive ce dernier ? Qu'ont donc en commun toutes les formes d'accomplissement du devoir ? Nous reconnaissons généralement une portée morale à l'idée du devoir.

Le sens moral du devoir prévaudrait-il ? Cela ne va pas de soi puisque le devoir national s'appuie sur l'exigence, la contrainte, la loi exercées sur l'individu.

Ce type de devoir est donc l'affirmation même d'une dette de l'individu à son égard.

Il doit rendre service à la nation dont il fait partie.

Le devoir social exprime également une dette sociale que l'individu doit régler s'il souhaite être reconnu socialement (c'est-à-dire par sa communauté).

La dette est même double puisque celui qui agit selon les règles sociales imparties attend en contrepartie la reconnaissance même de ceux qui composent l'espace social.

La philosophie reconnaît, quand à elle, un double sens de la notion de devoir.

Un sens abstrait tout d'abord.

L'obligation morale considérée en elle-même est cela même qui gouverne et légitime le devoir.

Un sens particulier et concret ensuite puisque tout devoir désigne une règle d'action déterminée en même temps qu'une obligation définie (spécifique : devoir du fonctionnaire ; générale : devoir social). Le terme même « devoir » révèle étymologiquement Une sentence, du poète français méconnu Jean-Baptiste Rousseau, affirme l'essence « débitrice » du devoir : « Quand je paie une dette, c'est un devoir que je remplis, quand je fais un don, c'est un plaisir que je me donne » C'est la nature de la dette qui est, en fait problématique.

Elle peut être morale, naturelle, sociale, nationale, familiale...

Mais dans toutes ses formes, et c'est là que réside l'apport essentiel de la philosophie sur cette question, une reconnaissance implicite d'une dualité subsiste.

En effet, le devoir moral repose sur une opposition entre le bien. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles