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Le désir est-il la marque de la misère de l'homme?

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« Il convient de se demander en quoi le désir peut représenter une forme de misère, c'est-à-dire à la fois une forme de malheur et d'imperfection.

La première cause tient à l'idée que le désir est lié au manque : je désire ce que je ne possède pas.

Le désir, signe d'un manque, révèle ainsi l'imperfection de ma nature (cf.

l'explication platonicienne du désir).

Pour cette raison, le désir est paradoxal : recherche du plaisir, il ne fait qu'augmenter ma misère, le désir étant par nature insatisfait.

D'où la nécessité de ne pas s'abandonner aux désirs et à leurs débordements, et de rechercher le bonheur dans la tempérance, en menant une existence raisonnable. Pourtant, si certains désirs détournent l'homme de la réflexion et de la contemplation, si la passion fait souffrir, la raison ne peut-elle pas elle aussi être source de discorde et donc de misère ? C'est la raison qui me pousse à calculer chaque chose au mieux de mes intérêts, alors que la passion est' bonne en elle-même (cf.

Rousseau et la pitié, fiche 4) ; le désir et les passions ne deviennent source de maux que pour une conscience égoïste qui cherche à se comparer pour être reconnue, ou pour une conscience jalouse qui ne désire que ce que désire sa rivale.

Il serait ainsi plus juste de distinguer entre des bons et des mauvais désirs, plutôt que de considérer que le désir est, par nature, responsable de la misère de l'homme. En outre, le désir et les passions peuvent apparaître comme le signe d'une grandeur (cf.

Hegel : «Rien de grand ne s'est fait sans passion »), car eux seuls ont le pouvoir de transformer la réalité ou même de créer du réel.

Le désir ne révèle pas la misère du corps, mais la grandeur de l'esprit.

Si le besoin correspond à une nécessité naturelle, le désir est ce qui nous libère de la nature (cf.

Hegel).

Ainsi, au lieu de considérer qu'il vaut mieux « vaincre ses désirs plutôt que l'ordre du monde » (Descartes), ne faut-il pas faire apparaître la puissance créatrice du désir, en considérant précisément l'ordre du monde, non comme l'ordre de la raison, mais comme l'ordre des désirs ? Le désir n'apparaît plus alors comme un manque mais comme une production. [C'est le désir qui, dans la tradition biblique, a fait de l'homme un être déchu.

L'être qui désire ne dispose pas de lui-même.

Le désir est insatiable.

Il contredit les plus nobles aspirations de l'homme.] Le désir est souffrance - Le bouddhisme ou la négation de tout désir. Le bouddhisme nous propose une sagesse radicale Les trois premières vérités fondamentales enseignées par le Bouddha sont les suivantes : 1.

Toute vie est souffrance. 2.

L'origine de la vie et de la souffrance est le désir. 3.

L'abolition du désir entraîne l'abolition de la souffrance. Nous pouvons présenter ceci par l'équation : vie = Désir = Souffrance. En effet, il n'y a de vie que par le désir, par le désir farouche de survivre, de se défendre contre les autres vivant, de se nourrir, de tuer pour cela, comme on le voit chez tous les vivants, les animaux et les hommes.

Le désir fondamental est donc le désir de persévérer dans son être, lé désir d'être et de persister à être un individu, séparé et différent du reste du monde, ou, comme disent les Occidentaux, le désir d'individuation. D ‘autre part, le désir n'est jamais satiable, nous souffrons toujours de désirs inassouvis, que redoublent encore les douleurs physiques de la maladie et de la vieillesse, qui sont le lot des vivants.

Bref, à regarder les choses lucidement, la vie est essentiellement faite de souffrance.

Bien rares sont les moments de vraie joie.

Certes, nous avons l'espoir d'arriver un jour au bonheur par la satisfaction de tous nos désirs : c'est d'ailleurs ce qui nous fait vivre, mais ce n'est qu'illusion vaine.

Ce qu'il faut donc, c'est arriver à échapper à la souffrance. Le désir se nourrit du manque Dans le Banquet Platon souligne de manière très marquée cette ambivalence du désir en le décrivant tout d'abord comme manque, le désir est la manifestation en nous de l'aspiration vers quelque chose dont nous avons l'intuition plus ou moins vague, mais que nous ne possédons pas, que nous ne parvenons pas à atteindre. Assimilant le désir à l'amour il en fait le fils d'une mendiante (Pénia, la pauvreté) et de la richesse (Poros, la ressource), cette double origine qui fait du désir un mixte symbolise à la fois le vide en quoi consiste le manque qui le fait naître et la plénitude vers laquelle il tend mais qu'il n'atteint que très difficilement. Voici l'histoire de sa naissance : « Quand Aphrodite naquit, les dieux célébrèrent un festin, tous les dieux, y compris Poros, fils de Mètis.

Le dîner fini, Pénia voulant profiter de la bonne chère, se présenta pour mendier et se tint près de la porte.

Or Poros, enivré de nectar, car il n'y avait pas encore de vin, sortit dans le jardin de Zeus, et, alourdi par l'ivresse, il s'endormit. Alors Pénia, poussée par l'indigence, eut l'idée de mettre à profit l'occasion, pour avoir un enfant de Poros : elle se coucha près de lui, et conçut l'Amour.

Aussi l'Amour devint-il le compagnon et le serviteur d'Aphrodite, parce qu'il. »

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