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Le corps est-il pour ma liberté un instrument ou un obstacle ?

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« Définition des termes du sujet: INSTRUMENT: * Objet fabriqué servant à un travail, à une opération : Instrument aratoire.

Instrument de mesure, de travail. * Personne ou chose par l'intermédiaire de laquelle est obtenu un résultat quelconque.

Objet permettant de réaliser une opération, appareil, outil. OBSTACLE: Ce qui empêche ou retarde une action, une progression ; difficulté, empêchement. CORPS: Composante matérielle d'un être animé, en particulier chez l'homme. Extériorité opposée à l'intériorité de la conscience; le corps est ce qui tombe sous ma perception; parmi les corps, il y en a un avec lequel mon esprit a un rapport particulier, c'est mon corps, il y en a d'autres qui sont organisés de telle façon que j'en puisse déduire l'existence en eux d'un âme; l'homme est une substance composée d'un corps et d'une âme. LIBERTÉ: Ce mot, en philosophie a trois sens : 1° Libre arbitre.

Pouvoir mystérieux de choisir entre les motifs qui me sollicitent sans être déterminé par aucun d'eux. 2° Liberté de spontanéité.

S'oppose non plus au déterminisme mais à la contrainte : état de celui qui agit sans être contraint par une force extérieure. 3° Liberté du sage.

État de celui qui est délivré des passions et agit à la lumière de la raison. Le postulat fondamental du problème repose sur l'opposition traditionnelle entre l'âme, l'esprit ou plus précisément « l'intellect », et le corps (nous aurons à discuter de la rigueur et de la vérité d'un tel postulat).

Le corps en tant qu'intermédiaire entre le monde et mes fonctions intellectuelles de représentation etc., est-il un obstacle à mon ouverture au monde, un obstacle à la connaissance, ou au contraire un moyen efficace d'action sur l'univers (autrement dit la praxis)? A insi donc, en première analyse, nous pouvons dégager deux niveaux d'étude : le domaine de la connaissance et celui de l'action. Mais avant d'établir une brève problématique du sujet, il convient dans un premier temps de définir plus précisément la notion fondamentale de liberté.

A quoi renvoie ce concept? Nous pouvons définir la liberté comme ma façon personnelle de « m'éclater » au monde et d'envisager mes rapports avec celui-ci. Ma liberté, c'est également la façon dont je me conçois dans mes rapports avec Autrui.

Enfin, ma liberté, au sens sartrien du mot, c'est le projet de transformation fondamentale que je formule à l'égard de ce monde. Cette notion essentielle de liberté, c'est-à-dire la façon dont je me projette, Moi en tant que projet sur l'univers, étant définie, il s'agit d'établir brièvement une problématique du sujet.

La réponse et le développement de la question pourront être construits de façon dialectique.

En effet, on opposera à la thèse spiritualiste, selon laquelle le corps est un obstacle à toute connaissance objective (Platon), une conception matérialiste (Epicure).

De cette confrontation pourra naître une synthèse qui nuancera et modulera cette confrontation. Envisageons donc, dans un premier temps, la conception platonicienne.

Dans la philosophie dualiste platonicienne, le corps en tant que perceptions, sensations, est supposé être un obstacle à la connaissance vraie.

De plus, le corps en tant que source et siège de nos passions semble mobiliser à son profit toutes nos ressources spirituelles.

En effet, les besoins corporels se subordonnent, en vue de leur satisfaction, le dynamisme intellectuel des individus. La vision que les sens me donnent du monde n'est pas objective.

Elle est surchargée de passions, de désirs, en d'autres termes de subjectivité.

Il convient donc pour le sage, de se détacher au maximum de cette impureté qu'est le corps (le platonisme rejoint le stoïcisme et l'ascétisme), d'éviter « tout commerce avec lui »; autrement dit, il est nécessaire de mourir au corporel, au sensible dans le but d'accéder au monde intelligible (« Philosopher, c'est apprendre à mourir »). Le corps est le tombeau de l'âme (Cratyle) Philosopher, c'est apprendre à mourir au sensible (Phédon) La théorie de la réminiscence stipule que c'est en s'incarnant dans le corps que l'âme oublie la connaissance des idées acquise dans un autre monde.

C'est donc en se délivrant du corps que l'âme retrouvera pleinement son pouvoir de connaissance.

C e mépris classique du corps sera interprété par Nietzsche comme un mépris de la vie. Plus généralement, la philosophie est accès à l'intelligible et donc refus du sensible. Le Christianisme a été fortement influencé par la doctrine spiritualiste de Platon et de Socrate : le corps en tant que siège de nos tendances, de nos instincts et de nos passions est du domaine du mal, du péché.

Notre culture, notre civilisation a du mal à surmonter cette opposition dualiste dont la manifestation la plus concrète est la primauté du travail intellectuel sur le travail manuel.

Descartes, de son côté, s'inscrit en continuité avec la tradition platonicienne, et seul un doute méthodique peut nous arracher au poids de nos passions, de nos instincts... A cette tradition spiritualiste fortement enracinée dans notre civilisation et qui dévalue systématiquement le corporel, il convient d'opposer une conception beaucoup plus nuancée.

Certes, il ne faut pas tomber dans l'excès inverse et affirmer avec les hédonistes le primat du corps sur l'âme.

En fait, il s'agit de surmonter cette opposition stérile matérialisme/spiritualisme et de montrer la structure relationnelle et complémentaire entre nos dimensions spirituelle et corporelle.

Dans le but de réhabiliter le corps, nous allons reprendre, bien que dans une autre perspective, l'exemple kantien de la colombe.

En effet, parallèlement à la colombe qui éprouve la résistance de l'air, l'esprit fait l'expérience de la lourdeur, de la pesanteur esclavagiste du corps auquel elle est enchaînée.

Or, pour en revenir à la colombe, c'est justement la résistance de l'air qui permet le vol : en fait une âme désincarnée, à l'état pur, est un être sans squelette, impuissant (mais il est vrai que la philosophie platonicienne est une sagesse contemplative qui n'agit pas sur le monde). Ainsi donc le corps est cet intermédiaire indispensable entre une conscience qui se veut agissante et le lieu même de l'action.

Plus que le simple support de ma conscience, le corps est ce qui me permet de rencontrer le monde et par là même d'agir sur lui, de le transformer.

En d'autres termes, le corps réalise ce qui n'était que virtualité : mes projets, mes désirs, mes aspirations...

A insi, mon corps me permet d'objectiver, de réaliser mes possibles.

Il fonde donc, en la rendant possible, ma liberté, c'est-à-dire, finalement, ma volonté, ma possibilité d'agir sur le monde, tout en la limitant.

En effet tout le monde ne peut pas du jour au lendemain marcher sur un fil, ou escalader une montagne (si mon corps est alors, dans ce cas précis, un obstacle, celui-ci n'en est pas pour autant insurmontable : il suffit que j'entraîne mon corps). Nous avons donc envisagé le problème au niveau de la praxis proprement dite.

Nous avons vu que le corps, loin de constituer un obstacle, est la condition nécessaire de toute action sur le monde.

Nous pouvons donc envisager le problème au niveau de la création et de l'expression.. »

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