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Le concept de chien peut-il mordre ?

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« Définition des termes du sujet Le sujet porte sur les propriétés de la notion de « concept », et demande donc que l'on s'interroge, tout au long du devoir, sur ce que renferme un concept et sur la manière qu'il a de fonctionner.

On peut définir le concept, d'une manière très générale et en première analyse, comme une idée renfermant abstraitement et sous une même dénomination un ensemble de choses appartenant à une même catégorie.

Ce lien du concept et de l'abstraction est traditionnellement posé par la philosophie.

Le concept de chien servirait alors à désigner tous les animaux pourvus de certaines caractéristiques (mammifère quadrupède domestique appartenant à la famille des canidés, etc.).

Mais limiter la définition du concept à son rôle de catégorisation abstraite est insuffisant, il faut s'intéresser à notre usage des concepts et au fonctionnement de ceux-ci. Le sujet oriente la réflexion sur ce point : il demande si le concept de chien « peut » mordre.

La question « peut-il» interroge deux types de capacités : une capacité de fait – au sens d'une capacité physique par exemple : je ne peux pas voler dans les airs sans aide extérieure – et une capacité de droit – je ne peux pas faire telle ou telle chose car une instance me l'interdit, que cette instance soit un gouvernement, une tierce personne ou encore moimême.

Seule la deuxième compréhension est pertinente ici, un concept n'étant, de fait, pas pourvu de dents.

Il va falloir s'interroger sur l'efficace qu'il est légitime d'attribuer à un concept. A titre de réflexion préalable, on pourra souligner le fait que la formulation du sujet reprend une problématique posée, dans le domaine de la linguistique, par Saussure : pour montrer en effet que l'emploi de tel mot pour tel objet n'a aucune nécessité et relève de l'arbitraire, il affirme que « le mot chien ne mord pas ».

Mais, justement, un mot ne fonctionne sans doute pas comme un concept.

Un concept n'est pas un son permettant de désigner une réalité, il est, plutôt, une sorte d'image mentale, qui n'a pas besoin d'être nommée pour exister dans l'esprit, et qui tient sa réalité des propriétés de l'objet auquel elle se rapporte et non de la manière dont elle le désigne.

On pourrait considérer alors que l'on associe, mentalement, le concept de chien à l'expérience de la morsure, par exemple, et, qu'en ce sens, le concept de chien peut mordre.

L'enjeu du sujet se situe ici : il faudra travailler sur le lien entre le concept et le réel, déterminer à quel point le concept ressort de l'abstraction pure, ou, au contraire, d'un donné de l'expérience, et décider de quel type est l'efficace du concept : est-ce une efficace purement abstraite et intellectuelle, ou permet-elle, en quelque sorte, de faire vivre dans notre esprit l'expérience concrète du monde, si bien que le concept contiendrait à la fois la notion abstraite d'une chose et l'ensemble de nos expériences concrètes de cette chose ? Peut-être faudrait-il opérer une distinction entre une forme générale du concept, abstraite et recevable, de ce fait, par tous, et une forme personnelle du concept, qui n'entrerait pas dans la définition habituelle que la philosophie donne de ce terme, mais dans laquelle on tiendrait compte des expériences, affects, etc.

liés à l'objet dont on formerait le concept pour notre propre compte. Eléments pour le développement L'hypothèse d'une préexistence du concept Platon « Voici de quoi nous convenons : c'est que l'idée de l'Egal ne nous est pas venue, qu'elle ne pouvait pas nous venir d'ailleurs que du fait de voir, de toucher ou d'éprouver quelque autre de nos sensations, et de toutes celles-ci je dis pareil. C'est qu'en effet, Socrate, c'est pareil ; au moins par rapport à ce que l'argument se propose de montrer. Il n'est pas douteux pourtant que c'est bien à partir des sensations que nécessairement l'idée nous vient, et d'attribuer à toutes les égalités qui sont comprises dans nos sensations une aspiration à ce dont l'existence est d'être égal, et de juger qu'elles sont au-dessous de cette existence ; ou bien comment nous exprimerons-nous ? Comme cela ! Ainsi donc, c'est avant d'avoir commencé à voir, à entendre, à user des autres sens, que nécessairement nous nous sommes trouvés avoir acquis une connaissance de l'Egal qui n'est rien qu'égal, et de ce qui l'est ; nécessairement, si nous devions être à même, ultérieurement, de rapporter à ce terme supérieur les égalités qui nous viennent des sensations.

» Pour l'idéalisme platonicien, le concept est préexistant à la rencontre de son objet : c'est une des manières de répondre à la question posée par le sujet, le concept se situant à l'amont de tout acte ou de toute expérience.

Le concept de chien renferme, de naissance en quelque sorte, le concept de la morsure, mais il n'est pas concept de chien parce que l'on a fait l'expérience de la morsure du chien et qu'on l'a associée au concept de chien.

Le concept ne renferme que des concepts.

Il se situe dans une abstraction totale, et il n'est pas pertinent alors d'affirmer que le concept de chien peut mordre, c'est-à-dire de le lier, dans son processus de constitution, au domaine de l'expérience concrète. * Le statut utilitaire du processus d'élaboration des concepts Bergson, La Pensée et le Mouvant. »

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