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Le comportement humain est-il toujours déterminé par les gènes ?

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Incipit : La question a ceci de surpenant que le plus ardent des matérialistes actuels n’oserait en défendre l’affrimation sans nuances. Elle est de plus provoquante en ce qu’elle inflige une énième blessure narcissique à l’homme qui, du centre de la création (cosmologie aristotélico-chrétienne) au déterminisme de l’inconscient freudien, en passant par l’évolutionnisme darwinien, n’a cessé ces derniers siècles d’avoir à rabaisser son orgueil de créature au sein d’un vivant indifférencié. Le génétisme pourrait ainsi être le dernier avatar réduisant les prétentions de l’homme à vouloir faire prévaloir sa singularité d’être pensant et libre au sein du vivant. Son comportement, ce qui même devrait être le lieu inaliénable où se manifeste sa liberté, serait-il donc réductible aux déterminations génétiques de son organisme ?

« Incipit : La question a ceci de surpenant que le plus ardent des matérialistes actuels n'oserait en défendre l'affrimation sans nuances. Elle est de plus provoquante en ce qu'elle inflige une énième blessure narcissique à l'homme qui, du centre de la création (cosmologie aristotélico-chrétienne) au déterminisme de l'inconscient freudien, en passant par l'évolutionnisme darwinien, n'a cessé ces derniers siècles d'avoir à rabaisser son orgueil de créature au sein d'un vivant indifférencié.

Le génétisme pourrait ainsi être le dernier avatar réduisant les prétentions de l'homme à vouloir faire prévaloir sa singularité d'être pensant et libre au sein du vivant.

Son comportement, ce qui même devrait être le lieu inaliénable où se manifeste sa liberté, serait-il donc réductible aux déterminations génétiques de son organisme ? Thèmes : Afin de clarifier la structure et le problème de l'énoncé, analysons d'emblée les deux notions qui en articulent la thématique. (i) Le comportement humain : le comportement humain appartient au domaine de la pratique.

Comme tel, il est une manifestation réelle, empiriquement constatable.

C e qu'il manifeste est l'intériorité d'une volonté, que celle-ci soit ou non pensée en termes déterministes n'importe pas pour l'instant.

En bref, et pour être le plus neutre possible (ne pas présupposer l'existence de la liberté, etc.), le comportement peut se résumer à un processus d'interaction entre l'individu (ou son intériorité, éventuellement intellectuelle et volitive) et son environnement.

Il est ainsi structuré selon la dynamique d'un couple action-réaction (formalisée en input-output par le behaviourisme).

(ii) Le génétique et le génétisme : le gène appartient à l'ordre de la matière.

On parle de matériel et de matériau génétiques.

Le fonctionnement combinatoire de son expression (selon la récessivité et la dominance) en détermine la structure par analogie avec la struture du langage (le génome est un code).

Deux points sont ici à souligner : la matérialité et la combinatoire.

La matérialité implique que la thèse d'un déterminisme génétique est matérialiste et réductionniste (possibilité de réduction des phénomènes immatériels à des épiphénomènes de processus matériellement déterminés).

Quant à la dimension combinatoire, elle indique la possibilité d'une latitude dans l'acceptation de la notion même de détermination qui alors n'est pas forcément à réduite à un processus causalement univoque (en effet, si le déterminisme génétique procède selon un ordre combinatoire de probabilités, alors la causalité n'est pas stricte mais plutôt virtuelle, ou en puissance). Problème : Le comportement humain peut, en tant que réaction, se présenter ainsi : extérieur (réel) ® intérieur (individu)® extérieur (réel).

Tandis qu'en tant qu'action, le premier point (extérieur (réel) ®) est simplement supprimé du modèle comportemental réduit. Dès lors, se demander s'il est ou non toujours génétiquement déterminé revient à questionner la possibilité de réduire l'intériorité individuelle, en tant que principe moteur du comportement, à son organisation génétique matérielle.

An noter : puisque l'interrogation porte sur une modalité temporelle unitaire (« être toujours »), l'existence d'un seul cas contrevenant à la thèse du déterminisme génétique en serait la réfutation. * I.

La détermination partielle La matériel génétique, en tant que signifiant, est organisé comme un code.

Comme tout langage, comme tout processus appartenant à l'ordre de la communication (déchiffrer le code, interpréter les manifestations génétiques, etc.), le code génétique contient du surplus, du surnuméraire, ou plus simplement du parasitage.

Apparemment (source : P.-H.

Gouyon, biologiste) 90% de la matérialité du code serait inutile et non-manifestée.

Ainsi, d'une part, le gène sans codage n'a aucune signification ni pouvoir de détermination, car toujours il doit intégrer un processus combinatoire et sélectif, mais d'autre part, parce que sélectif, sa puissance de détermination se résout à une détermination en puissance, potentielle, c'est-à-dire non-intégrale.

Les neuro-sciences actuelles (A.

Berthoz, titulaire de la chair de physiologie de la perception et de l'action au Collège de France) démontrent l'importance du processus d'inhibition génétique comme mode de simplification de la perception de l'environnement réel du sujet dans le processus détermination comportement et de l'action humains et donc également l'importance de la désinhibition commme facteur de complexification du simplifié, garantissant la rationalité de l'agir comportemental et son optimisation (phénomène d'anticipations, de prédiction, etc.) Ainsi, lecomportement de l'homme n'est pas analogue à celui de l'algorithme d'une machine qui maximalise les combinaisons combinatoire pour exercer son choix, mais au contraire, l'optimisation comportementale de l'esprit humain proède par simplification et de manière partielle et partiale.

Jamais les combinatoires de l'action sont envisagées en exhaustivité par l'esprit déterminant le comportement.

Donc, le comportement déterminé par ses gènes n'y est cependant pas intégralement réductibles. II.

L'indétermination du gène A partir de la compexité de la situation donnée dans la perception (environnement), il y a sélection par simplification.

Et plus les contraintes sont importantes, plus l'efficacitié du choix est opératoire (à nouveau par opposition à une conception machinique et algotirhmique du comportement).

Un tel processus du détermination comportementale à l'action se réalise sur le modèle de l'abduction : dans le comportement humain, l'induction n'est pas causalement déterminée, mais l'inférence dont procède la décision repose sur une part conséquente d'indétermination.

Et c'est par désinhibition de l'inhibition génétique qu'est produite l'action.

En termes de morale, ceci trouve écho dans la partition kantienne entre le règne causaliste et déterministe de la nature matérielle, auquel appartiennent les passions, et l'ordre propre de la liberté (expression propre du comportement humain en tant qu'intériorité spirituelle d'une conscience ayant l'Idée du Bien et la volonté de se soumettre au devoir de l'impératif de la loi morale).

Mais plus encore, c'est avec Spinoza qu'est pensée la possibilité d'un déterminisme qui, parce que conscient de sa propre détermination, en vient s'inverser pour devenir liberté de l'agir : être libre consiste à avoir conscience de ses propres déterminations, à se savoir partiellement déterminé.

Ainsi en est-il en quelque sorte des gènes qui, sans toutefois supposer ici aucune conscience, contreviennent à leur propre expression pour que s'opère le choix de l'agir dans le comportement humain.

Le comportement humain n'est donc jamais intégralement génétiquement déterminé. * Conclusion - Le risque de la formulation de l'énoncé tient à la possibilité de confondre la détermination génétique de l'organisation matérielle de l'humain avec son expression comportementale, qui en tant que comportement, appartient toujours de fait à l'ordre de l'intériorité nonmatérialisée.

C ela doit engager à éviter de réduire le déterminisme au matérialisme.

En contexte socio-culturel intégré, l'individu humain doit plutôt se concevoir comme le produit d'une interaction unique (avec l'environnement propre de l'individu) dont le comportement est la manifestation de l'émergence à partir, certes, d'un matériel génétique, mais d'un matériel génétique inhibé et non intégralement productif.

Le comportement humain n'est jamais déterminé uniquement par ses gènes.. »

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