Le cas Dora chez Freud
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1 Publiée en 1905, l'observation du « cas Dora » que Freud eut à traiter en 1899 illustre les principes dégagés
dans « L'Interprétation des rêves ».
Cet exposé se propose de montrer l'intérêt de l'analyse onirique comme
moyen d'accès au matériel psychique refoulé dans l'inconscient et la signification des manifestations morbides
névrotiques comme substituts d'une vie sexuelle normale.
2 Conduite par son père chez Freud — qui l'avait soigné avant son mariage pour une affection nerveuse
d'origine syphilitique — Dora, âgée de dix-huit ans au début de la cure, présentait depuis des années des
symptômes caractéristiques de « petite hystérie » : gêne respiratoire, toux saccadée, crises d'aphonie et de
migraines, états dépressifs, agressivité vis-à-vis des siens allant jusqu'à l'expression d'un dégoût, jugé peu
sincère, de la vie.
Prédisposée à la névrose par son hérédité paternelle, elle avait en outre connu une
adolescence perturbée par la désunion de ses parents.
Dominée par la personnalité du père, sa famille
reproduisait une situation typiquement oedipienne.
Sa mère recherchait une compensation affective dans un
surcroît d'activité ménagère et de tendresse vis-à-vis de son fils tandis que son père, aux côtés duquel Dora
s'était rangée sans réserves, avait noué une liaison durable avec la femme d'un couple ami : les K.
Le mari, M.
K., la courtisait assidûment et avait tenté de la séduire.
L'analyse suggérait une profonde ambivalence de
sentiments vis-à-vis du père d'abord soutenu comme un complice, puis jugé comme un délinquant, après la
tentative de séduction de M.
K.
3 La réaction hystérique provoquée par une occasion d'excitation sexuelle révèle, bien qu'elles soient masquées
par l'attachement au père, les pulsions refoulées du sujet : amour jadis conscient, puis condamné par la morale
sociale, pour M.
K., sentiments homosexuels non moins profonds éprouvés par Dora pour l'épouse de celui-ci.
Mettant en lumière la simultanéité des tendances les plus diverses, l'analyse éclaire les phénomènes de
localisation des symptômes névrotiques dans les zones érogènes extragénitales, sans raison organique
décelable.
Elle montre comment cette complaisance somatique, par conversion des éléments psychiques
refoulés en manifestations corporelles, apporte au névrosé une certaine forme de satisfaction sexuelle.
4 Mais .c'est essentiellement l'interprétation des rêves qui permet de confirmer le bien-fondé de ces
hypothèses.
Si, dans un premier rêve plusieurs fois répété, Dora fuit avec son père une maison en feu où sa
mère essaie de la retenir, c'est pour se détourner d'une réalité meurtrissante et retrouver, en rejetant son
existence présente, l'apaisement d'une enfance sans conflits.
Par la suite, en revanche, la rencontre d'un
jeune homme inconnu dans la ville étrangère où elle vient d'apprendre la mort de son père, signifierait plutôt
son désir de réinsertion dans sa vie actuelle.
5 Le cas Dora marque également les limites de la thérapeutique freudienne.
En raison d'un transfert mal
maîtrisé, Dora aurait en effet « rejoué » avec son médecin la rupture qu'elle avait tenté d'imposer à son père.
Elle interrompit brutalement la cure, pour être « reconquise » à la vie selon Freud, mais plus vraisemblablement,
aux dires du praticien qui la suivit par la suite, pour ne jamais connaître de véritable épanouissement..
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