Le bouddhisme est-il une religion ?

« Sujet : Le bouddhisme est-il une religion ? [D'une religion, le bouddhisme a tous les attributs.

S'enracinant dans la parole sacrée du Bouddha, il vise, par l'observance de règles strictes, à assurer le salut de l'homme.] Le bouddhisme est une religion révélée Si le christianisme est la religion révélée par le Christ, le bouddhisme est, de même, la religion fondée par Bouddha au Ve siècle av. J.-C.

Siddharta Gautama, surnommé le Bouddha («l'Éveillé»), n'est pas un personnage légendaire; il a réellement existé, et l'histoire raconte que, assis sous un figuier à Bodh Gaya (en Inde), il aurait reçu l'«Éveil» et décidé alors de prêcher les Quatre Vérités. Le bouddhisme est une religion du Livre De même que le judaïsme s'appuie sur la Torah, ou l'islam sur le Coran, le bouddhisme est inséparable d'une vaste littérature dont les piliers sont les Tripitaka, ou «les Trois Corbeilles», textes canoniques attribués au Bouddha lui-même.

À ces textes s'ajoutent, comme dans toute religion, de nombreux commentaires théologiques, qui sont à l'origine de diverses sectes ou doctrines.

Le bouddhisme est une religion du salut Les vérités révélées Les au Bouddha enseignent que toute existence est marquée par la souffrance.

La mort même n'est pas une délivrance puisque, tant qu'il est attaché aux choses de ce monde, l'homme est condamné à renaître sans cesse.

Seule une vie vouée à l'effort et à la méditation peut mettre fin au cycle infernal des réincarnations (samsara) et mener le Saint au nirvâna, le paradis des bouddhistes. [Le bouddhisme ne soutient l'existence d'aucun être suprême.

Plutôt qu'une religion, c'est une réflexion sur l'existence humaine, doublée d'une morale prônant l'ascèse et le détachement.] Le bouddhisme est «une religion sans dieu» Toutes les religions, I et notamment les grandes religions monothéistes, comme le christianisme ou l'islam, sont fondées sur la croyance en des puissances surnaturelles auxquelles les hommes doivent rendre un culte fait de vénération et d e soumission.

Or, ces divinités sont sans équivalent dans le bouddhisme, pas plus d'ailleurs que l'opposition traditionnelle entre l'ici-bas et l'au-delà. Le bouddhisme est une réflexion sur la condition humaine comme le fera plus tard Schopenhauer, le bouddhisme affirme que la souffrance est le fond de toute existence.

Pour le Bouddha, cette souffrance résulte du désir, de la «soif d'exister», qui dérive elle-même de l'ignorance.

Parce qu'on ne sait pas, on s'attache (aux autres, aux choses), et l'on finit toujours par souffrir.

Tel est le lot de l'homme, tant qu'il demeure prisonnier de ses propres illusions. Le bouddhisme est une éthique de l'émancipation Le bouddhisme se propose d'affranchir l'homme de tous les liens (désirs, passions, haines) qui l'enchaînent à la vie terrestre et qui ne lui apportent que douleurs et tourments.

La prédication du Bouddha n'est donc pas tellement éloignée de l'enseignement moral d'un Épictète ou d'un Marc Aurèle, qui conçoivent la liberté comme la maîtrise des passions et l'assentiment à l'ordre universel. [] Bien que le Bouddha n'ait jamais cherché à constituer une «Église», sa doctrine a connu, après sa mort, un succès considérable.

Son message s'est en effet diffusé dans l'Asie tout entière, et l'on peut dire que le bouddhisme a pris les dimensions d'une véritable religion.

Reste que, n'affirmant ni dieu éternel ni âme immortelle, le bouddhisme est une doctrine originale, qui peut séduire par sa vision pessimiste de la condition humaine et par la rigueur de son code éthique.

Nous devons nous garder cependant de projeter nos propres habitudes de pensée sur le bouddhisme.

Il ne s'agit nullement, comme le prétend Hegel, d'un «culte du néant» ou de la vacuité; c'est plutôt une thérapeutique destinée à guérir l'homme des maux qui font de sa vie et, au-delà, de toute vie, une «vallée de larmes».. »