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Le beau selon Kant

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« Thème 342 Le beau selon Kant PRESENTATION DE LA "CRITIQUE DE LA FACULTE DE JUGER" DE KANT Dans cette troisième et dernière Critique, Kant (1724-1804) obéit à des motifs apparemment disparates.

Un objectif interne de complétude architecturale : il s'agit de trouver un moyen terme de liaison entre le monde nouménal de la liberté transcendantale constitué par la raison dans son usage pratique et le monde naturel de la nécessité mécanique constitué par l'entendement, moyen terme qui permettrait de saisir dans le monde les effets de la liberté.

Ce moyen terme, Kant va le trouver dans le concept de finalité, concept privilégié d'une faculté de juger, intermédiaire entre raison et entendement.

L'harmonie présente dans ce qui nous frappe par sa beauté ou dans les êtres vivants, et qui semble obéir à une volonté, paraît établir un pont entre le monde physique et le monde nouménal.

De manière plus large, Kant prend ici en charge certains des débats majeurs et des innovations du siècle : la naissance de l'esthétique comme réflexion sur le jugement de goût qui date du milieu du siècle et qui accompagne l'autonomisation concomitante du champ artistique, mais aussi les controverses scientifiques sur la spécificité du vivant par rapport à la nature purement mécanique, débat lui plus ancien et qui remonte au moins au mécanisme du xviie siècle. Dans sa Critique de la faculté de juger (1790), Kant a souligné en quelques formules décisives l'irréductibilité de la valeur esthétique. 1.

Le beau est l'objet d'une satisfaction désintéressée Cette formule nous invite à distinguer l'émotion esthétique de la sensualité naturelle.

La « nature morte » qui donnerait envie de manger, le « nu » qui réveillerait le désir sexuel, perdraient leur qualité d'oeuvres d'art.

Bien loin de servir d'aliments à nos désirs charnels, les oeuvres d'art, objets d'une contemplation désintéressée, nous délivrent du désir.

Cette première formule peut être opposée à toutes les esthétiques naturalistes qui définissent la beauté par l'utile ou par un intérêt, un plaisir purement subjectifs. 2.

La beauté est la forme de la finalité de l'objet, mais en dehors de toute représentation d'une fin. En quoi consiste cette « finalité sans fin » ? L'oeuvre d'art a une finalité parce qu'elle est une harmonie.

C'est une « finalité sans fin » parce que l'harmonie de l'oeuvre n'est au service d'aucune fin extérieure à l'art.

L'oeuvre ne signifie rien d'autre qu'elle-même ; elle ne vaut que par elle-même, et non par l'idée ou le « message » dont on pourrait la croire porteuse.

Il n'est pas besoin d'être croyant pour admirer les chefs-d'oeuvre de l'art sacré. 3.

Est beau ce qui plaît universellement sans concept Kant met en lumière une ambiguïté fondamentale de la valeur esthétique.

:oeuvre d'art vraiment belle a une valeur universelle – elle est reconnue telle par tous les hommes compétents, dont le goût a été éduqué.

Elle a même, dit Kant, une valeur nécessaire (on ne peut pas ne pas reconnaître, par exemple, la supériorité de Vermeer sur tel petit maître hollandais).

Pourtant cette universalité et cette nécessité – qui sont au premier chef des caractères de la raison – sont reconnues sans concept.

Elles ne sont accessibles qu'au sentiment.

La valeur d'une oeuvre n'est pas quelque chose qui se démontre par de froids raisonnements.

Elle s'éprouve, mais ne se prouve pas. Au début de la « Critique du jugement » Kant propose quatre définitions du beau qui définissent le plaisir éprouvé et partent donc du sujet et non de l'objet. · Première définition : « Est beau l'objet d'une satisfaction désintéressée ». La satisfaction est désintéressée, ce qui signifie que nous ne pouvons l'éprouver que si nous sommes dans un certain état d’esprit par rapport à l'objet.

Kant ne veut pas dire que la beauté ne nous intéresse pas, que nous sommes indifférents mais que le plaisir esthétique naît lorsque nous n'avons pas le souci de l’utilité (celui qui va en mer dans le seul but de pêcher, qui porte sur elle un regard de technicien, n'éprouvera pas de plaisir esthétique), de l'agréable ( celui qui porte un regard lubrique sur un Nu, éprouve une satisfaction charnelle qui est d'un autre ordre que la satisfaction esthétique), du bien ( celui qui apprécie une œuvre engagée en raison de son caractère moral, éprouve une satisfaction morale qui n'est pas esthétique).

Le beau n'est ni l'agréable ni le Bien.

Certes une satisfaction peut être morale et esthétique, les deux ne s'excluent pas mais en tant qu'esthétique, elle n'est pas morale.

A l’encontre de Platon, Boileau, Hegel, Kant affirme que le beau n'est pas le vrai.

Mais il n'est pas non plus le pur sensible puisque le beau ne se réduit pas à l'agréable bien que satisfaction esthétique et sensuelle ne s'excluent pas.

Et de cela Hume ne peut rendre compte.

De même qu'une œuvre d'art immorale peut être belle, de même, peut l'être une œuvre désagréable, qui nous déchire et bouleverse.

Et inversement, une musique agréable (par les sonorités, le passé qu'elle évoque) n'est pas belle pour autant bien que nous ayons tendance à confondre beauté et agrément.

Par conséquent,. »

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