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L'autorité est-elle nécessaire à la societé ou non ?

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« Les sociétés modernes sont régies par une autorité politique, laquelle se double parfois d'une autorité religieuse.

Les autorités gouvernent le corps social, le dirigent, en imposant parfois ses décisions, en témoigne l'expression « faire quelque chose d'autorité ».

Cependant, il n'est pas sûr que la société soit réellement à l'image d'un navire : tandis qu'un vaisseau a besoin d'un capitaine qui le dirige, la société ne peut-elle pas se passer d'autorité ? Il faudra donc examiner s'il est possible que la société puisse s'auto-normer, sans que sa vie doive être réguler par des instances supérieures. I-Aux racines de l'autorité Il y a un polymorphisme de l'autorité, la police, la justice, le gouvernement voire la religion sont autant de formes que peut prendre l'autorité au sein d'une société.

L'autorité c'est une certaine manière d'exercer le pouvoir : c'est exercer le pouvoir en faisant comme si l'on avait toujours le droit pour soi, comme si les décisions prises avaient une valeur indiscutable.

L'exercice de l'autorité ne se concilie pas avec la médiation ni avec un quelconque dialogue réel, l'autorité ne propose pas, elle impose. Comme la psychanalyse l'a mis en évidence, l'autorité publique, politique et morale, n'est que la continuation de l'autorité familiale.

Ce n'est pas un hasard si, la place du père, c'est-à-dire de celui qui détient le pouvoir, l'autorité (le phallus, dans la langue de Freud), n'échoue pas nécessairement au père réel, mais éventuellement à une institution (par exemple l'école, l'armée, le travail). Autrement dit : l'autorité visible à l'échelle de la société, s'enracinerait déjà dans la vie individuelle, au sens où chacun aurait besoin, pour se structurer, d'une autorité. De même qu'une plante ne pousse droite qu'à l'abris d'un tuteur, les hommes ne se réaliseraient comme tels que sous l'égide d'une autorité.

Celle-ci serait donc nécessaire au niveau de la société parce qu'elle est déjà nécessaire au niveau de la vie de l'individu. Les institutions publiques, jusqu'à la psychanalyse elle-même, bref, tous les types possibles d'autorité répondraient à ce besoin primordial d'être guidé dans l'existence.

Une réflexion sur la nécessité de l'autorité dans la société se doublerait donc logiquement d'une analyse sur la nécessité de l'autorité dans le développement de l'individu. II-Une société sans autorité : l'anarchie Toutefois, la continuité entre l'autorité paternelle et celle de l'Etat est discutable ; dans Du Contrat social, Rousseau critique un tel rapprochement.

D'après lui on ne gouverne pas un état comme on dirige sa famille et le comportement d'un père de famille ne saurait être l'indice de ce que cet homme vaudrait en politique.

La société a donc un statut spécifique, elle n'est pas une grande famille, à la différence des premières micro-sociétés, mises en scène par Rousseau dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes.

Or, si l'autorité à l'échelle sociale est réellement singulière, la question de sa nécessité demeure donc suspendue. Au milieu du XIXe siècle, Pierre-Joseph Proudhon théorise l'anarchisme ; d'après lui la société peut se passer d'instances directrices, le peuple n'a pas à remettre son gouvernement entre les mains d'élus, il peut s'auto-gérer.

C'est d'abord au niveau du travail que se pense cette auto-gestion : les ouvriers peuvent s'organiser, s'associer, de façon à profiter à parts égales de leur travail, sans être dirigés par un patron.

A cette échelle, l'auto-gestion est une chose tout à fait intelligible, plus difficilement concevable néanmoins dès que l'entreprise s'agrandit, et a fortiori, lorsqu'on passe au niveau de la société.

Le modèle de l'auto-gestion a néanmoins amené Proudhon à théoriser, à la suite de Kant, les conditions de possibilité du fédéralisme des nations. Selon Proudhon, « la propriété, c'est le vol », nul n'a donc le droit de s'approprier la société au sens où il se rend seul maître de son devenir.

La responsabilité et en même temps la difficulté, c'est d'assumer tous ensemble, d'une seule voix, la vie sociale, sans la remettre à quelque autorité.

Or, on voit les limites d'une telle utopie : elle présuppose que les hommes tombent d'accord de manière naturelle, elle surestime l'efficacité du dialogue et de la persuasion.

Pire, elle présuppose que les hommes ont soif de justice et d'égalité.

Ce n'est pas un hasard, si, moins qu'à une utopie, c'est au désordre que l'on associe désormais l'anarchie. III-L'autorité : un organe régulateur pour le corps social Les figures par trop répressives, injustes ou obscurantistes, de l'autorité, amènent sa contestation légitime ; or, il est utopique de prétendre se passer de l'autorité.

Celle-ci, dans ses multiples formes, sert à réguler la société, à lui donner une cohérence et une direction.

Une cohérence parce que l'autorité s'emploie à faire respecter des lois, à normer des conduites, bref, à permettre aux un et aux autres de se repérer dans la vie sociale.

Une direction, parce que la société, livrée à elle-même, ne saurait parler d'une seule voix, plus le pouvoir est divisé et distribué de manière égalitaire, plus l'action politique sera entravée. L'autorité est donc nécessaire à la bonne santé du corps social : l'ordre ne se maintient que dans la répétition des structures et des comportements, seule une autorité efficace est à même de le garantir.

Il est entendu, comme nous l'avons déjà évoqué, que l'autorité peut prendre diverses formes, par exemple un personnage publique comme L'abbé Pierre en France qui contestait les autorités politiques est lui-même devenu une autorité morale, participant finalement en cela à la régulation d'un ordre qu'il croyait pourtant contester. Le problème n'est peut-être pas tant celui de la nécessité de l'autorité que de la justice de celles-ci ; on voit bien la difficulté d'un tel problème : celui d'une régression à l'infini dans les organes de contrôle et de régulation.

Mais ce problème est déjà celui de Platon, dans La République, il réfléchit en effet à la possibilité d'une autorité responsable, sa réponse, bien connue, engage à porter les philosophes au pouvoir. Conclusion : Dans un premier moment, nous avons cru pouvoir trouver l'origine de l'autorité et de sa nécessité dans celle qui structure le psychisme de l'enfant.

Les réserves de Rousseau concernant le parallélisme entre la famille et la société, nous ont amenées à exposer brièvement les postulats de l'anarchisme, lequel se révèle donc davantage utopique qu'il ne constitue un réel programme politique. Finalement, l'autorité apparaît comme une dimension nécessaire à la société, parce qu'elle lui garantit une cohérence et un devenir.

Elle régule l'ordre et permet d'avancer, puisque la prise de décision n'est pas diluée dans le corps social, ce qui la rend improbable, mais confiée à quelques uns.. »

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