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L'artiste a-t-il besoin d'un modèle?

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« Prenons l'exemple de Cézanne, dont on sait qu'il peint bien.

Lorsqu'il peint des pommes, il a face à lui des fruits qu'il pourra manger après les avoir peintes : il prend pour m des objets concrets.

Mais il a aussi en tête la pomme peint par Holbein le Jeune (celle qu'Eve présente à Adam, qui porte la trace de ses dents et de laquelle sort un petit ver) : C est issu d'une tradition qu'il revendique lui-même.

Son m est ici un maître ancien.

En outre, par sa peinture, il manifeste un certain rapport au monde et son travail est le reflet d'un certaine conception du réel tel qu'il se donne à la perception (cf.

Merleau-Ponty, L'oeil et l'esprit).

Son m est ici un mode de pensée.

L'a semble donc avoir b de m.

Est-ce à dire qu'il n'invente rien ? Et s'il n'invente rien (reproduit un objet, s'inspire de ses prédécesseurs, obéit à un système de pensée), peut-on encore parler d'artiste ? Dans le cas analysé plus haut, il s'agit bien d'un artiste qui est à la source d'un acte créateur fondamentalement original : il fait advenir au réel du nouveau.

Avait-il vraiment b de ces m ou alors avons-nous avancé une explication totalement réductionniste d'un phénomène qui nous échappe ? [ stratégie : on pourra soit embrasser ces trois acception de m (la difficulté étant d'articuler les 3 parties afin d'éviter le catalogue et de donner un certain dynamisme à la démarche) soit emprunter une des 3 voies ouvertes dans l'intro de manière à montrer la pénétration de sa réflexion(ce qui en soi est difficile)] 1.

L'a et l'Idéal : l'a prend-il pour m la Beauté, ou toute autre forme d'idéal esthétique, fût-ce la laideur (cf. le kitsch voire le trash)? a.

les 3 lits de Platon (Rép, 596 e sq) Il y a 3 sortes de lits : celui que le menuisier fabrique, celui que l'artiste peint et celui qui existe vraiment.

Le menuisier ne construit que des lits particuliers en se référant néanmoins à l'idée que chacun peut avoir du lit.

Or, de même qu'il y a une multitude de cercles particuliers et une seule définition correcte du cercle, il y a une multitude de lits et une seule idée de lit, demeurant tjrs une et identique : la forme du lit qui fait qu'un agencement matériel donné est un lit et non une chaise.

Pour Platon, l'artiste ne fait qu'imiter le lit conçu par le menuisier, mais si ce dernier agit en fonction de l'idée de lit, nous pouvons concéder-contre P- que l'a peut se référer à cette idée quand il crée. Dans la « République » (II), Platon n'est pas loin d'exiler de la Cité idéale les poètes s'ils ne se soumettent pas à la vérité.

Il conteste donc l'autonomie de l'art et la liberté de l'artiste.

Dans le « Phèdre » (248 d-c) Platon établit une hiérarchie des existences humaines en fonction de leur degré de perfection c'est à dire de connaissance.

Il distingue neuf degrés qui vont de la vie philosophique (premier degré) à la vie tyrannique (dernier degré).

L'artiste imitateur occupe la 6e place, l'artisan et le laboureur la 7c, le sophiste la 8e. Pourquoi ? Pourquoi un tel voisinage du sophiste et de l'artiste ? Une telle condamnation de l'art ? 1) Parce que l'artiste comme le sophiste possède un savoir-faire qui est un savoirtromper. a) Poètes et peintres n'enfantent que des fictions.

Les poètes, Homère, Hésiode, ne sont que « faiseurs de contes », en outre contes dangereux car ils véhiculent une fausse image des Dieux et des Héros.

Par exemple, les Dieux sont jaloux, se font la guerre et les pires vilenies.

Or, « la bonté n'appartient-elle pas à ce qui est divinité? » (Rep.379).

D'autre part, représenter les Dieux à l'image de l'homme, ne pas en faire des modèles de vertu, n'est-ce pas encourager le mal? Les peintres et sculpteurs, quant à eux, illustrent les fictions inventées par les premier.

et créditent le mensonge. b) Pour plaire ces fictions doivent avoir l'apparence du vrai.

Le savoir-faire de l'artiste est donc bien semblable à celui du sophiste puisqu'il permet de produire l'illusion du vrai, de présenter comme vrai ce qui ne l'est pas et n'en a que l'apparence en utilisant les séductions du sensible (flatterie, plaisirs des sens ...

).

Par exemple le bon peintre est celui qui est capable de représenter dans un espace à deux dimensions un objet qui, lui, occupe un espace à trois dimensions.

Plus l'image produite par le peintre semble vraie, plus elle est en fait infidèle à son modèle tel qu'il est.

L'exactitude de l'art repose sur la déformation du réel sensible (cf.

les règles de 1a perspective). 2) Parce que l'art n'est qu'imitation. L'imitation de quoi ? Des apparences sensibles, de la réalité telle qu'elle se manifeste à nous par l'intermédiaire de nos sens.

C'est dans la juste mesure où le poète ne s'élève pas au dessus des apparences sensibles qu'il représente les Dieux à l'image des hommes.

L'art conforte les hommes dans leur erreur première : ce qui est, est ce qui apparaît.

L'art n'est qu'illustration de l'opinion, représentation de la représentation subjective. 3) Parce que l'art n'est qu'imitation d'une imitation, un simulacre. Dans La « République » (X 597b-598c - cf.

texte), Platon montre que le peintre est « l'auteur d'une production éloignée de la nature de trois degrés ».

En effet, il y a trois degrés de réalité.. »

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