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Le travail de l'artiste peut-il constituer le modèle de tout travail ?

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« Analyse et problème : • Le travail est une activité humaine exigeant un effort, qui a pour but la modification des éléments naturels, la création ou la production de nouvelles choses ou de nouvelles idées.

Ainsi, le travail n'est pas immédiatement lié à la notion d'argent. L'activité de l'artiste peut donc être considéré comme travail.

Toute action sur la réalité est un travail. • Cependant, on voit bien que le travail salarié et le travail de l'artiste ne peuvent être mis sur le même plan, que des différences existent entre ces deux activités.

Est-ce uniquement l'aspect monétaire qui cause ces différences ? Car l'artiste peut aussi chercher à gagner de l'argent par son oeuvre.

Est-ce lié à des notions de contrainte, de liberté, de production et de création ? à En somme, un problème qui se pose est celui-ci : si on voit bien que le travail de l'artiste est un travail particulier, qu'il est différent d'autres types de travail, est-ce par une différence de degré (plus grande création, plus grande liberté et autonomie...) ou bien par une différence de nature ? Et si le travail de l'artiste est bien différent de nature, peut-il constituer le modèle de tout travail ? • Mais il faut entendre « modèle » en deux sens, en amont et en aval. - le modèle peut être le moule à partir duquel on crée et reproduit : le travail de l'artiste serait alors le modèle sur lequel on se base pour appréhender toute forme de travail. - le modèle est aussi ce qui apparaît comme un idéal, qui est digne d'imitation : le travail de l'artiste serait alors le schéma de travail idéal, que toutes autres formes de travail auraient profit à imiter. I – Le travail de l'artiste est-il un travail ? • La question se pose bien, puisque l'on conçoit généralement le travail comme le labeur : un effort contraint, parfois subis, qui implique une idée de fatigue, de lassitude.

Ainsi, pour Aristote, le travail est une activité asservissante par nature.

C'est qu'elle n'a pas sa fin en elle-même, mais qu'elle est un moyen de subsistance.

Or, même si l'artiste peut chercher à vivre de son travail, ce travail représente une fin en elle-même.

Ce n'est pas d'abord et uniquement pour vivre que l'artiste travaille, mais avant tout pour créer. • Le travail est, comme en témoigne son étymologie (du bas latin tripalium, « instrument de torture formé de trois pieux), le travail est associé à l'idée de souffrance.

Cette idée se retrouve dans la tradition judéo-chrétienne : Adam et Eve sont condamnés à travailler parce qu'ils ont péchés : le travail est bien une punition, voire une malédiction. Dans l'histoire de la langue française, le sens dominant est « fatigue, peine », jusqu'au XVIè siècle, et le sens de « activité professionnelle » est très rare. • Le travail de l'artiste au contraire est imaginé comme une création libre, qui n'obéit à aucune nécessité.

C'est par désir ou besoin de créer que l'artiste travail, et non pour survivre.

La création peut-elle être considérée comme un travail ? N'est-ce pas une activité libre de l'esprit ? On représente le poète inspiré par les muses, écrivant sous la dictée de son génie : image bien opposée à celle de l'ouvrier peinant à la tâche.

Si, comme l'ouvrier, l'artiste produit bien quelque chose, peut-on, dans son cas, parler de labeur ? • Nietzsche répond positivement à cette question : le travail de l'artiste est bien un travail, et même un labeur.

Il implique également l'effort, la souffrance et la contrainte, et il n'est pas le produit du génie. L'activité du génie ne paraît pas le moins du monde quelque chose de foncièrement différent de l'activité de l'inventeur en mécanique, du savant astronome ou historien, du maître en tactique.

Toutes ces activités s'expliquent si l'on se représente des hommes dont la pensée est active dans une direction unique, qui utilisent tout comme matière première, qui ne cessent d'observer diligemment leur vie intérieure et celle d'autrui, qui ne se lassent pas de combiner leurs moyens.

Le génie ne fait rien que d'apprendre d'abord à poser des pierres, ensuite à bâtir, que de chercher toujours des matériaux et de travailler toujours à y mettre la forme.

Toute activité de l'homme est compliquée à miracles, non pas seulement celle du génie, mais aucune n'est un "miracle".

D'où vient donc cette croyance qu'il n'y a de génie de chez l'artiste, l'orateur et le philosophe ? qu'eux seuls ont une « intuition » ? Les hommes ne parlent intentionnellement de génie que là où les effets de la grande intelligence leur sont le plus agréables et où ils ne veulent pas d'autre part éprouver d'envie.

Nommer quelqu'un « divin », c'est dire "ici nous n'avons pas à rivaliser".

En outre, tout ce qui est fini, parfait, excite l'étonnement, tout ce qui est en train de se faire est. »

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