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L'art modifie-t-il les moeurs ?

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De même, Jean-Jacques Rousseau s'insurge contre le théâtre : la comédie étant bannie pour son immoralité, la tragédie pour sa complaisance au mal, il prône la fête, le spectacle dont on peut être à la fois acteur et spectateur. Repoussant la catharsis, dans laquelle Aristote voyait cette opération magique qui délivrait le spectateur du mal et de la souffrance par la représentation partagée qu'on en donne, Rousseau ne veut pas que l'homme soit « diverti » de ses préoccupations fondamentales, de sa morale, mais bien qu'il partage en une communauté la joie qui le libère de la solitude. Le théâtre était apparu déjà à Pascal comme le divertissement par excellence, au service de l'illusion malfaisante qui détourne l'homme de la préoccupation.

 

  • 1) l'art et la corruption des moeurs : un danger pour la cité ?  
  • 2) Une oeuvre peut être immorale et influencer les moeurs.
  • 3) Des oeuvres immorales ? 

 

« L'art modifie-t-il les moeurs ? C'est un problème délicat que de chercher ce qui le premier de l'art et des moeurs.

Est-ce les moeurs qui influencent l'art ou l'art qui influence les moeurs.

Dans le cas où l'art pourrait mal influencer les moeurs, il serait alors possible de le surveiller ou de le censurer.

Mais quelle est la meilleure théorie, faut-il prendre le risque de limiter l'art, de réduire sa liberté, d'avoir un art qui soit sans passion, ni provocation ? Dans le cas où l'art ne serait que le reflet de la société, sa restriction n'aurait aucun sens.

Aussi, faut-il se demander si l'art a ce réel pouvoir d'influencer les moeurs, si ce n'est pas surestimer finalement ses capacités à changer le monde, si ce vrai pouvoir n'est pas en vérité purement social ou politique. 1) l'art et la corruption des moeurs : un danger pour la cité ? Platon dans la République condamne la poésie dès le troisième livre, avant d'y revenir en 595a-621b.

Les poètes sont considérés le plus souvent comme des maîtres d'erreur.

Ils ne sont que de simples imitateurs.

L'imitateur ignore les qualités des objets qu'il imite et il ignore aussi leur usage.

L'imitation ne teint compte que des seules apparences, et relève de l'opinion vulgaire, l'imitateur flatte les basses passions de l'homme.

La poésie apitoie l'honnête homme sur les malheurs d'un héros qui ne garde nulle pudeur dans l'expression de son désespoir.

Ainsi la poésie et la tragédie exacerbent des passions qu'il aurait fallu cacher.

Aussi Platon préfère expulser les poètes de la cité, de sélectionner les artistes afin justement de diminuer ces nuisances.

Le but étant de diminuer les mauvaises passions. Platon, par là, accorde beaucoup de pouvoirs à l'art.

Mais n'est-ce pas une théorie anti- artistique de lui imputer tous les maux de la société ? Demander à l'art de respecter des codes de bonnes conduites, c'est lui donner des contraintes capables de lui enlever toute créativité. 2) Une oeuvre peut être immorale et influencer les moeurs. A l'inverse, la tragédie a bien pour but, selon Aristote, de procurer un plaisir, mais pas n'importe quel plaisir : il s'agit du plaisir « qui lui est propre », c'est-à-dire « le plaisir que donnent la crainte et la pitié suscitées à l'aide d'une imitation » (Poétique, 1453 b, 10 suiv.).

De quelle espèce est ce plaisir, telle est la question.

Sans doute faut-il mettre l'accent sur l'aspect tragique des émotions de crainte et de pitié : les sentiments de crainte et de pitié éprouvés devant le spectacle tragique, plus que de simples réactions affectives, apparaîtraient alors comme un bouleversement complet de l'âme.

La crainte devant les fureurs d'Ajax, la pitié face à la malheureuse destinée d'OEdipe ne seraient pas vraiment la crainte et la pitié que provoquent en nous dans la vie courante les transports furieux de tel homme ou le parricide et l'inceste ; la tragédie nous fait accéder à une crainte et une pitié tragiques, à des émotions qualitativement différentes des émotions habituelles.

Cette métamorphose est une épuration : loin d'être dionysiaque, elle est au contraire apollinienne, réconciliation de l'individu avec le cosmos ; c'est la métamorphose de l'individu devant la métamorphose d'une destinée individuelle en destinée exemplaire.

La poésie tragique offre donc à des émotions ordinairement considérées comme déraisonnables et dissolvantes l'occasion de « se racheter » par un changement de finalité, l'occasion de s'épurer pour rétablir l'harmonie intérieure de l'âme, en les orientant vers la saisie profonde du sens moral et religieux du spectacle.

Dès lors, ce n'est pas l'âme qui est « purgée » des émotions de crainte et de pitié, mais ce sont les émotions elles-mêmes de crainte et de pitié « et autres semblables » qui sont épurées à l'intérieur de l'âme par le moyen du spectacle tragique.

Il faudrait donc traduire le mot catharsis par purification.

Aussi, la représentation des scènes jugées immorales n'est pas à craindre mais elles sont plutôt une bonne manière que ces passions immorales représentées ne nuisent aux individus. 3) Des oeuvres immorales ? De même, Jean-Jacques Rousseau s'insurge contre le théâtre : la comédie étant bannie pour son immoralité, la tragédie pour sa complaisance au mal, il prône la fête, le spectacle dont on peut être à la fois acteur et spectateur. Repoussant la catharsis, dans laquelle Aristote voyait cette opération magique qui délivrait le spectateur du mal et de la souffrance par la représentation partagée qu'on en donne, Rousseau ne veut pas que l'homme soit « diverti » de ses préoccupations fondamentales, de sa morale, mais bien qu'il partage en une communauté la joie qui le libère de la solitude.

Le théâtre était apparu déjà à Pascal comme le divertissement par excellence, au service de l'illusion malfaisante qui détourne l'homme de la préoccupation.

De ce point de vue, toutes les oeuvres d'art mêmes les plus innocentes peuvent être qualifiées d'immorales pour la simple raison qu'elles éloignent l'homme de la vérité.

On. »

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