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L'art délivre-t-il de la peur de la mort ?

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« « Le soleil ni la mort ne se peuvent regarder en face » : cette maxime de La Rochefoucauld nous invite à considérer la mort comme un évènement que l'homme ne peut envisager sans effroi ni un sentiment d'incompréhension qui confine à celui de l'absurde.

En ce sens, nous pouvons nous demander si l'homme n'est pas incapable d'être délivré de la peur qu'elle suscite chez lui.

En effet, la mort inspire effroi, crainte et inquiétude chez l'être qui peut s'en former une idée (l'homme) alors que tous les autres cherchent instinctivement à se conserver, se perpétuer dans l'être (c'est ce que Spinoza nomme le « conatus », soit la volonté de préservation et de perpétuation de la vie chez tous les êtres organisés). La mort peut être définie de deux manières : comme l'évènement qui met un terme à l'existence d'un être vivant, et l'état qui s'en suit pour lui.

Mais également come l'ensemble des forces qui conspirent à l'anéantissement de la vie chez l'individu : ainsi entendue, la mort est moins l'évènement qui achève la vie, que l'effort du temps, de la dégradation, de la maladie et des circonstances extérieures contre lesquels la vie doit lutter pour se perpétuer. Jusqu'au dix-huitième siècle, le terme « art » désignait l'ensemble des techniques de production d'artefacts : tel était encore le cas dans le Discours sur les sciences et les arts (1750) de Jean-Jacques Rousseau.

Aujourd'hui, par art nous entendons plutôt une activité créatrice gratuite, mais sérieuse, qui représente dans des œuvres un état de la sensibilité et de la pensée d'une époque, en s'opposant à la fois à la disgrâce qui frappe les activités techniques utilitaires, jugées serviles, et à la futilité des activités ludiques vouées au divertissement.

Ni labeur, ni distraction, l'œuvre d'art incarne et suggère un sentiment de la vie. La peur de la mort paraît à ce point puissante que nulle activité chez l'homme ne semble à même de la faire disparaître.

Cependant, nous avons coutume de penser l'art comme une forme d'immortalité offerte aux artistes, comme une préservation du souvenir de leur existence en dépit de la mort.

Nous nous demanderons si le pouvoir d'immortalisation par l'art existe, et s'il délivre aussi bien les artistes que ceux qui ne le sont pas de la peur de la mort. I. La mort, maître absolu dont l'effroi qu'il provoque n'est pas annulé par l'art, mais la philosophie a. D'où vient la peur de la mort ? Avant de nous interroger sur la capacité de l'art à nous délivrer de la peur de la mort, nous commencerons par nous interroger sur la nature et l'origine de celle-ci.

La peur de la mort vient de la crainte de notre propre disparition, c'est-à-dire de l'idée du néant dans lequel nous allons nous plonger à la fin de cette vie.

Mais la crainte de la mort n'est pas que la peur de ma disparition, mais également de ceux qui nous sont proches.

Ainsi, postuler que l'art peut nous délivrer de la crainte de la mort, signifie que l'art est capable de lutter contre le sentiment que provoque l'idée de ma disparition et celle de mes proches, en tant qu'il permet de lutter contre elle. b. La philosophie, comme moyen de délivrance de la peur de la mort Il semble que l'art n'est pas capable de réaliser une telle entreprise.

En effet, c'est plutôt la philosophie, et non l'art, qui s'avère capable de nous délivrer de la crainte de la mort.

Epicure, dans la « Lettre à Ménécée » celui-ci déclare : « Familiarise toi avec l'idée que la mort n'est rien pour nous, car tout bien et tout mal résident dans la sensation ; or, la mort est la privation de cette dernière ».

Nous avons donc la faculté de lutter contre la mort en acceptant l'idée qu'elle n'est rien, puisque nous ne pouvons avoir d'expérience de la mort, qui est privation de toute sensation.

En ce sens, la mort n'existe pas pour nous. Dans la Lettre à Ménécée, Épicure conduit une réflexion opposée à celle du platonisme : elle s'en tient à un strict matérialisme.

La mort n'est pas une évasion de l'âme, elle est un pur non-être qui ne nous concerne en rien, puisque vivants, nous appartenons à l'être.

"Tout bien et tout mal résident dans la sensation ; or, la mort est la privation complète de cette dernière." Ensuite, sachant que notre durée de vie est limitée, nous serons heureusement pressés de jouir raisonnablement des biens de la vie.

La pensée de la mort dissipe l'angoisse d'une vie illimitée, en laquelle nous aurions à choisir et agir en vue de l'éternité.

Pour l'existence humaine, l'éternel n'est jamais en jeu : il n'y a rien de si grave qui mérite un souci sans limites.

De plus, les dieux immortels, qui jouissent d'une béatitude infinie, ne se soucient pas des affaires humaines.

Si la mort n'est rien pour nous, nous ne sommes, mortels, rien pour les dieux : leur jugement n'est pas à craindre.

Il ne faut donc se soucier ni de la mort elle-même, ni de l'attente de son heure.

Une chose absente ne peut nous troubler, et quand la mort advient, c'est que déjà nous ne sommes plus là pour en souffrir.

L'homme ne rencontre jamais sa propre mort, et le "passage" est aussi irréel et inconsistant que l'instant présent qui sépare le passé du futur.

La. »

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