Aide en Philo

l'art a-t-il une fonction sociale?

Extrait du document

« Conjointement à l'organisation de l'humanité en sociétés, est apparu l'art, activité créatrice spécifiquement humaine.

On peut alors se demander s'il s'agit d'une coïncidence, ou si l'art a une fonction sociale.

Mais d'abord, qu'est-ce que l'art ? Le terme latin "ars" est l'équivalent du grec "techné", il signifiait "technique" ou "artisanat" avant la période de la Renaissance qui a eu lieu au quattrocento en Italie, c'est-à-dire au XIe siècle en France.

A cette époque, art et artisanat ont été différenciés.

Par conséquent, originellement, l'art est une mise en pratique de connaissances, de savoirs faires.

En ce sens, l'homme d'art est l'"artisan", celui qui accomplit une tâche nécessitant un tel savoir-faire et une habileté à le faire.

Mais le substantif "art" a perdu ce sens, mis-à-part dans certains termes tels que : "arts libéraux", "hommes de l'art" (pour parler des médecins) ou encore "avoir l'art de".

Dans un sens moderne, l'art peut avoir, entre autres pour objectif d'exprimer un idéal, mais il qualifie, en règle générale, une production ayant pour but d'offrir un vécu intense à celui qui la reçoit (le terme réception étant à prendre au sens large, celui-là même que l'on utilise quand on parle, justement, de réception d'une oeuvre).

L'art a-t-il une fonction sociale ? Ce sujet présuppose que l'art a une fonction, comme s'il s'agissait d'une évidence.

Mais le propre de l'oeuvre d'art n'est-il pas l'inutilité, l'absence de fonction propre? L'oeuvre d'art, produit de l'activité artistique qui se veut inutile selon l'école de « l'art classique » et qui se définit en opposition avec l'objet technique, dont l'intérêt est évident, est difficile à appréhender.

Les oeuvres d'art, qui se veulent inutiles, sont plus estimées par la plupart des gens que les objets techniques et sont admirées par nombre d'individus.

L'unicité des oeuvres d'art est appréciée et tout objet en constituant une simple reproduction est systématiquement dévalué dans la mesure où il s'agit alors d'un objet de consommation, ce qui est en contradiction avec l'idée d'inutilité.

Pourtant, l'art contemporain revendique la qualité d'oeuvres d'art pour des objets qui semblent incongrus et qui sont le fruit de la reproductibilité, pensons à « l'Urinoir » de Duchamp, exposé dans un salon puis dans un musée.

On peut alors se demander comment définir une oeuvre d'art et quelle est sa nature.

L'oeuvre d'art peut être définie à partir de « l'activité créatrice » qui le manifeste, comme le fait Kant [1].

Pour ce dernier l'oeuvre d'art est spécifiquement humaine, elle ne peut pas être un produit de la nature.

L'oeuvre d'art n'apparaît qu'en surplus par rapport aux nécessités naturelles, elle serait le fruit de l'usage du libre arbitre de l'homme : « on se plaît à nommer une oeuvre d'art le produit des abeilles (les gâteaux de cire régulièrement construits) mais ce n'est qu'en raison d'une analogie avec l'art, en effet dès que l'on songe que les abeilles ne fondent leur travail sur aucune réflexion proprement rationnelle, on déclare aussitôt qu'il s'agit d'un produit de leur nature (de l'instinct), et c'est seulement à leur créateur qu'on l'attribue en tant qu'art ». L'oeuvre d'art est donc issue d'une volonté consciente ayant une finalité particulière, mais n'importe quelle production humaine n'est pas une oeuvre d'art.

N'est nommé « oeuvre d'art » que ce qui n'a pas d'utilité technique. Enfin, selon Kant, l'art est la manifestation d'une liberté de faire de l'inutile, ce qui apparente l'activité créatrice à un jeu.

Au sens classique du terme, l'oeuvre d'art est donc idéalisée, placée hors et au dessus des objets utilitaires courants, l'oeuvre d'art, en ce sens, est une « manifestation de l'esprit », comme le pense Hegel[2] : « le côté sensible de l'oeuvre d'art n'existe et ne doit exister que pour l'esprit.

» C'est dans l'art que l'esprit se manifesterait, dans ce qui est « en-soi » et « pour-soi », tandis que dans la nature, il n'existerait que des objets de consommation, c'est pourquoi, pour faire de l'art, l'homme devrait mettre de côté tout désir : « Envers l'art, l'homme ne se comporte pas selon son désir...Les oeuvres d'art occupent un tout autre plan, puisqu'elles sont au service de l'esprit et ne sont là que pour le satisfaire.

» L'artiste, en ce sens, recherche le « spirituel dans l'art », c'est d'ailleurs le titre d'un livre du peintre Vassly Kandinsky (inventeur de l'abstraction).

Finalement, l'art contemporain s'est émancipé de cette définition classique et a érigé au rang d'oeuvres d'art des objets de consommations courante.

Si l'art n'est pas la manifestation du pouvoir de faire de l'inutile comme le pensait Kant, on peut se demander si l'art a une fonction au sein de la société, mais d'abord, demandons-nous : qu'est-ce que la société ? Le substantif société est issu du latin « societas » qui signifie association.

« Societas » vient de « socius », qui signifie associé, allié, compagnon.

Au sens large du terme, il qualifie un ensemble d'individus unis par un soutient mutuel et par des rapports déterminés.

La « société civile » Hegelienne[3] qualifie la société économique, représentant l'ensemble des intérêts privés, par opposition à la « société politique », l'Etat, qui représente l'intérêt général.

L'art a-t-il une fonction sociale? Comment penser la place de l'art au sein des sociétés humaines ? I.

La plupart des gens envisage l'art comme une pratique qui s'inscrit dans des normes sociales préétablies et qui sont des expressions de ces normes, expressions qui les renforcent dans l'imaginaire populaire ; c'est en ce sens que Marx écrit que "L'art grec suppose la mythologie grecque, c'est à dire la nature et les formes sociales, déjà élaborées au travers de l'imagination populaire d'une manière inconsciemment artistique."[4]. II.

Mais l'art ne se limite pas à l'expression de normes sociales.

Au contraire, il constitue souvent une forme de transgression de ces normes qui met l'accent sur le vrai en faisant abstraction, autant que faire se peut, de ces normes.

C'est pourquoi Bergson écrit : « Qu'il soit peinture, sculpture, poésie ou musique, l'art n'a d'autre objet que d'écarter les symboles pratiquement utiles, les généralités conventionnellement et socialement acceptées, enfin tout ce qui nous masque la réalité, pour nous mettre face à face avec la réalité même.

»[5]. III.

l'art est une expression de ce que l'homme a d'associal, il empêche cette part de nuire au bon fonctionnement de la ociété en la canalysant, en la disciplinant, en l'inscrivant dans des schémas formels délimités.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles