L’art a-t-il pour fonction d’embellir ce qui est laid ?

« Analyse du sujet : Art : en latin, le terme ars traduit le mot grec technê.

L'art est avant tout une aptitude à faire quelque chose. Il désigne aussi bien la technique, le savoir-faire que la création artistique.

Ainsi, il désigne autant l'œuvre de l'artisan qui maîtrise un art, que l'œuvre de l'artiste dont le talent lui permet de créer.

Dans son sens esthétique, l'art est l'expression créatrice et désintéressée du beau.

La création artistique s'affranchit de l'utile et n'a pas de finalité déterminée à l'avance. Fonction : le rôle, ce pour quoi l'art existe, le but que se donne l'artiste et qu'il poursuit tout au long de son œuvre. Embellir : rendre beau ou plus beau, plus agréable, meilleur que l'initial.

L'acte d'embellir représente quelque chose sous un jour meilleur, sous un plus bel aspect. Ce terme rejoint donc les notions de beauté et de beau. Le beau est ce qui provoque un sentiment esthétique, ce qui correspond à la perfection en son genre.

Est beau ce qui incarne un type idéal.

Dans l'antiquité, on a cherché à donner des règles pour déterminer le beau dans le domaine des beaux-arts.

La modernité quant à elle aborde le problème à travers la dimension de l'expérience subjective du beau.

Kant insiste sur la l'importance du jugement esthétique : est beau « ce qui plait universellement sans concept » Le beau naturel et le beau artistique sont donc équivalents.

Cependant, pour Hegel, le beau est « la manifestation sensible du vrai », l'art exprime divers moments de la conscience universelle.

De ce fait, il faut distinguer le beau naturel du beau artistique, qui seul vient de l'esprit humain. Laid : Le laid se détermine par rapport et en opposition au beau.

Est laid ce dont l'aspect heurte le sens esthétique, l'idée du beau. Problématique : Cette question interroge sur le rôle de l'art et sur le but que se donne l'artiste lorsqu'il crée une œuvre d'art.

Elle met en avant deux aspects différents concernant l'art.

D'une part et avant tout, cette question interroge la fonction et la finalité artistique.

En effet, on peut se demander si l'art et le beau sont deux notions inséparables l'une de l'autre, si l'art n'existe que pour créer du beau. D'autre part, elle questionne le rapport de l'art avec la réalité à travers le terme « embellir ».

Il s'agit ici de déterminer si l'art se doit de transformer la réalité afin de la rendre conforme à un idéal esthétique de beauté ou si au contraire il doit reproduire la réalité telle qu'elle apparaît, même laide.

La pratique artistique est-elle ce qui permet de rendre le monde plus beau, a t-elle pour mission de rendre la réalité meilleure que ce qu'elle est, sans hésiter pour cela à modifier les choses dans les oeuvres, à les rendre plus belles que ce qu'elles sont au départ, lorsqu'on les rencontre dans la vie quotidienne ? Enfin, on peut se demander si l'artiste ne peut que vouloir le beau à travers son œuvre ou s'il peut aussi viser le laid dans ses projets. Proposition de plan : 1-l'art a pour fonction d'embellir ce qui est laid : Conception traditionnelle de l'art : la recherche d'un idéal de beauté.

L'art doit être avant tout beau et agréable. Idée grecque de la beauté : harmonie et ordre, le laid est considéré comme du désordre à éliminer.

Platon : le beau équivaut au bien, le laid à l'injuste. Thèse soutenue par Nietzsche : l'art doit servir à masquer ou à embellir tout ce qui laid dans la nature humaine.

L'art doit dissimuler ou réinterpréter le réel. Kant distingue la beauté naturelle de la beauté artistique.

Pour lui, la beauté artistique peut représenter quelque chose de laid ou de commun dans la réalité : « la beauté artistique est la belle représentation d'une chose et non la représentation d'une belle chose ». Le laid doit être transcendé par l'art, il doit être corrigé : Cf.

reproche de Baudelaire à Ingres : « Il croit que la nature doit être corrigée, amendée ; que la tricherie heureuse, agréable, faite en vue du plaisir des yeux, est non seulement un droit mais aussi un devoir ». Esthétique classique : imitation qui embellit.

Boileau : « Il n'est point de serpent, ni de monstre odieux / Qui par l'art imité ne puissent plaire aux yeux : / D'un pinceau délicat l'artifice agréable / Du plus affreux objet fait un objet aimable.

» 2- la laideur artistique : La laideur peut être assumée par l'art, la laideur peut devenir esthétique.

Ex : l'art moderne, photo, cinéma : mettent en évidence la réalité quotidienne sans chercher à l'enjoliver. Flaubert : « L'ignoble me plaît, c'est le sublime d'en bas ». La tragédie dénonce la laideur de la réalité en mettant en scène des passions extrêmes. L'art contemporain se passe de la référence au beau.

George Braque : « L'art est fait pour troubler ». · Au-delà du beau, l'art moderne recherche le significatif.

Les œuvres d'art contemporain ne visent pas forcément la beauté, ne cherchent pas à être agréable aux sens, ne souhaitent pas plaire : Ces œuvres. »