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l'art a-t-il une fin morale?

Extrait du document

« Question fort débattue.

Les moralistes inclinent vers l'affirmative; beaucoup d'artistes penchent vers la négative; quelques-uns même sont nettement hostiles à toute ingérence de la morale dans l'art.

Ce sont, naturellement, les défenseurs de la fameuse formule : l'art pour l'art. Dans la doctrine de l'art pour l'art, on trouve un dédain pour la vie pratique.

Cf.

Wilde : « L'art n'exprime jamais autre chose que lui-même, il a une vie indépendante, tout comme la pensée.

». D'une part il est certain qu'une oeuvre d'art qui vise à un but moral, qui symbolise une idée morale, qui fait de la prédication, cesse à peu près nécessairement par le fait même d'être de l'art.

Le moindre inconvénient qui puisse en résulter pour elle est d'être froide, ennuyeuse (peinture édifiante, romans moralisateurs, pièces à thèse, etc.).Les débats que provoque aujourd'hui le problème de la censure n'ont peut-être guère changé depuis l'époque de Platon.

Mais condamner la tragédie comme Platon ou tenter de sauver les arts au nom de leur fonction cathartique*, comme Aristote, ce n'est pas encore s'interroger sur la valeur artistique des oeuvres et sur leur rapport avec la morale ; c'est ce que, par exemple, fait Gide : « on ne fait pas forcément de la bonne littérature avec de bons sentiments ».

Cette affirmation jette un soupçon sur la valeur esthétique des oeuvres moralisatrices.

Toute considération éthique serait-elle étrangère à la création artistique ? a) L'aphorisme provocateur de l'auteur de L'Immoraliste énonce ce qui est devenu une évidence : l'art n'a plus, comme dans le Banquet, de valeur initiatique, il a conquis son autonomie, la question du beau et celle du bien, aujourd'hui, font deux.

L'idéal Grec de la kalakagathia, de l'homme « beau » et (nécessairement) « bon » a vécu. b) La séparation de pulchrum (beau) et de bonum (bon) a accouché de l'idée moderne d'esthétique (Panofsky). La CFJ est l'expression exemplaire de cette conception moderne de l'art pour l'art pour laquelle l'art est étranger à toute préoccupation morale (exemple : la musique pure). c) Esthétiquement insipide, l'art édifiant est aussi moralement impur, une insulte à l'art et à la morale.

Si la morale consiste à obéir à la loi que nous nous donnons à nous-mêmes en tant qu'êtres raisonnables, a-t-elle besoin de se recommander à nous en faisant appel à la sensiblerie ? La loi morale est « sublime » et nous émeut par delà les sens.

Que serait d'ailleurs un art au service de la morale sinon une lâche et hypocrite entreprise d'aseptisation et de castration du réel semblable à celle des papes qui firent mettre des « braguettes » aux statues de Michel-Ange ? L'art aurait-il alors partie liée avec l'immoralité ? D'autre part une oeuvre immorale peut-elle avoir le caractère de la beauté ? On objectera les comédies d'Aristophane.

Que perdraient-elles à la suppression de quelques grossièretés ? Ce n'est assurément pas par là qu'elles nous charment, ni même qu'elles nous semblent spirituelles.

Y a-t-il un art immoral ? C'est douteux; en tout cas on en trouve difficilement des échantillons. La vérité est que l'art ne doit pas se donner comme fin la diffusion, la représentation même d'idées morales; mais qu'en restant dans les limites de sa nature, qui est de réaliser la beauté, il est indirectement moralisateur, en ce qu'il élève l'âme et surtout l'habitue à la contemplation désintéressée.. »

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