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Langage et pensée ?

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« Descartes : le langage n'a chez l'homme que des organes d'emprunt Le larynx, la langue, le voile du palais, ou même les muscles appelés «cordes vocales» ne sont, primitivement, comme l'a souligné le docteur Ombredane, que des «organes de respiration et d'alimentation, et le demeurent dans le temps même où le langage se constitue et s'exerce» (L'Aphasie et l'élaboration de la pensée explicite, 1951). Aussi Descartes (1596-1650) remarquait-il que s'il n'y a point d'animaux qui puissent composer un discours, cela «n'arrive pas de ce qu'ils ont faute d'organes» (Discours de la méthode, partie V - 1637). Bergson : le langage trahit la pensée Bergson (1859-1941) soutient que, parce que le langage désigne chez tous les hommes des manières particulières d'aimer ou de haïr, «nous échouons à traduire entièrement ce que notre âme ressent» (Essai sur les données immédiates de la conscience, 1888). Le moi intime serait toujours déjà trahi par le moi de la communication.

Il y aurait «deux moi différents, dont l'un serait comme la projection extérieure de l'autre, sa représentation spatiale et pour ainsi dire sociale» (ibid) : le langage serait alors tout entier du côté du «fantôme décoloré» de notre moi réel et libre, c'est-à-dire du côté de ce qui travestit notre intimité ineffable. Hegel: l'ineffable, c'est la pensée obscure Prenant par avance le contre-pied de ce qu'on vient de lire, Hegel (17701831), à l'instar de tous les rationalistes, refuse catégoriquement l'idée qu'en deçà des mots demeure une intimité indicible, une sorte de pensée, voire d'affect, que le langage serait incapable de formuler. «C'est dans les mots que nous pensons, écrit Hegel.

[...] C'est le son articulé, le mot, qui seul nous offre une existence où l'externe et l'interne sont si intimement unis.

Par conséquent, vouloir penser sans les mots, c'est une tentative insensée».

On croit ordinairement, il est vrai, que ce qu'il y a de plus haut, c'est l'ineffable.

Mais c'est là une opinion «superficielle et sans fondement» ; car, en réalité, «l'ineffable, c'est la pensée obscure, la pensée à l'état de fermentation, et qui ne devient claire que lorsqu'elle trouve le mot. Ainsi le mot donne à la pensée son existence la plus haute et la plus vraie» (Philosophie de l'esprit, 1817). « C'est dans le mot que nous pensons.

Nous n'avons conscience de nos pensées, nous n'avons de pensées déterminées et réelles que lorsque nous leur donnons la forme objective, que nous les différencions de notre intériorité […].

C'est le son articulé, le mot, qui seul nous offre une existence où l'externe et l'interne sont intimement unis.

Par conséquent, vouloir penser sans les mots est une tentative insensée.

On croit ordinairement, il est vrai, que ce qu'il y a de plus haut, c'est l'ineffable.

Mais c'est là une opinion superficielle et sans fondement ; car en réalité, l'ineffable, c'est la pensée obscure, la pensée à l'état de fermentation, et qui ne devient claire que lorsqu'elle trouve le mot.

Ainsi le mot donne à la pensée son existence la plus haute et plus vraie.

» Hegel, in « Philosophie de l'esprit ». Hegel engage sa réflexion sur la possibilité de la synthèse entre l'aspect subjectif et l'aspect objectif de la conscience.

Le langage est un moyen terme entre ces deux aspects, ce par quoi la conscience obtient l'existence. Le langage permet à l'homme de concevoir la nature.

Et on ne peut la concevoir sans lui, quel que soit l'envie qu'on en a.

De même, il n'est pas possible d'exprimer la conscience autrement que par le recours au langage, quelle que soit la prétention de l'ineffable. Hegel lie le mot et la pensée :. »

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