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Langage et Inconscient

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« Termes du sujet: LANGAGE : 1) Faculté de parler ou d'utiliser une langue.

2) Tout système de signes, tout système signifiant, toute communication par signes (verbaux ou non verbaux).

Le langage désigne aussi la totalité des langues humaines. INCONSCIENT Du préfixe privatif in- et de -conscient, d'où « qui n'est pas conscient ». a) A djectif : ce qui est dépourvu de conscience.

b) Ce qu'on ressent ou perçoit sans en prendre conscience (cf.

les « petites perceptions » de Leibniz).

Nom : chez Freud, l'inconscient est fait de tous les contenus psychiques (pulsions, désirs, souvenirs) qui sont refoulés hors de la conscience, et qui demeurent cependant actifs.

c) Inconscient collectif : désigne, chez Jung, l'ensemble des images et motifs qui symbolisent les instincts fondamentaux de l'homme. • La psychanalyse freudienne accorde une grande importance à l'étude des rêves, des lapsus et des actes manqués, qu'elle considère comme des manifestations travesties de l'inconscient.

• Certains philosophes nient l'existence de l'inconscient.

A lain, par exemple, y voit une dangereuse valorisation de nos pulsions et de nos instincts, tandis que Sartre lui substitue la notion de mauvaise foi. 1 L'inconscient est un langage Les symptômes névrotiques, le rêve, les actes manqués, sont des expressions déguisées, fictives de «représentations» de pulsions et de désirs refoulés. L'inconscient parle d'une manière chiffrée.

Mais y a-t-il en lui un signifié, un message à communiquer et à délivrer ? Le discours qu'il tient est-il «verbal» ? 1 Il y a des maladies qui parlent Dans les Études sur l'hystérie, Freud écrit qu'il lui était souvent arrivé, avec son ami Breuer, de comparer la symptomatologie hystérique à des hiéroglyphes que la découverte de certains écrits bilingues leur avait permis de déchiffrer.

C 'est que le symptôme hystérique n'est pas quelque chose qui traduit une maladie, comme la fièvre, par exemple.

C'est quelque chose qui a un sens.

Si cette femme a une main paralysée sans qu'aucune lésion organique puisse en rendre compte, c'est parce que cette main pouvait, par exemple, servir à certaines manoeuvres érotiques ou agressives.

La paralysie exprime tout à la fois le désir et son interdiction.

L'hystérique, sans le savoir, manifeste donc avec son corps ce qu'il ne réussit pas à dire.

Parfois même, il réalise en symptôme le sens littéral de certaines expressions du langage se rapportant au corps.

C ette femme éprouve une douleur «térébrante» au front, entre les yeux. Mais ne s'était-elle pas sentie regardée par sa grand-mère d'une façon si «perçante» que «ce regard avait pénétré profondément son cerveau» ? C ette autre femme qui éprouve une sensation de coup de poignard dans la région cardiaque n'a-t-elle pas ressenti comme «un coup au coeur» à l'occasion d'une offense? L'hystérique ne joue pas la comédie et ne cherche pas à attirer l'attention sur lui.

Ses symptômes sont un discours dont il n'a pas lui-même conscience et qui ne s'adresse à personne.

L'inconscient ne délivre pas un message. 2 Les actes manqués ont un sens Les lapsus sont des erreurs de langage qui échappent à ceux qui parlent et qui ont un caractère involontaire.

Par exemple, le locuteur dit le contraire de ce qu'il voudrait dire.

Freud cite le cas d'un président qui, dans son discours d'ouverture, dit : «Je déclare la séance close.» Les lapsus ne sont pas dus à l'inattention ou à la fatigue, ils ont un sens : «...il est clair que tout acte manqué est un discours réussi, voire assez joliment tourné'.» Les lapsus, comme les actes manqués en général, témoignent d'un désir profond et inconscient et résultent de l'interférence de l'expression de ce désir avec ce qu'on voudrait ou devrait consciemment dire : «dans le langage verbal lui-même il y a des figures qui font échec à la communication, et qui sont des rejetons de l'inconscient.» Ce qu'on découvre, avec le lapsus, c'est qu'au fond, tout discours a un double sens, est équivoque, veut dire autre chose que ce qu'il dit, tout simplement parce que le désir fait échouer la parole et échoue lui-même à parler clairement. 3 Le rêve comme «rébus» et comme exercice «rhétorique» Il y a en tout rêve un sens manifeste absurde, incohérent, le rêve tel qu'il apparaît à celui qui en fait le récit, et un contenu latent, c'est-à-dire une organisation de pensées, un discours, exprimant un ou plusieurs désirs, le rêve tel qu'il apparaît une fois déchiffré : «les pensées du rêve et le contenu du rêve nous apparaissent comme deux exposés des mêmes faits en deux langues différentes (...) Le rêve est un rébus, nos prédécesseurs ont commis la faute de vouloir l'interpréter en tant que dessin.» Il y a donc un travail de déguisement, de chiffrage, dit travail d'élaboration du rêve, qui est le passage du désir au rébus.

Dans ce passage, il y a la suppression presque totale des articulations et des liaisons logiques du discours qui ne sont pas visualisables, il y a aussi la transformation des pensées en images et le recours à un «vocabulaire» symbolique.

Ainsi, dit Freud, pour représenter symboliquement la castration, le rêve utilise la coupe des cheveux, la perte d'une dent, la décapitation.

Ajoutons que le contenu manifeste, comparé au contenu latent, est laconique, condensé, et que les signifiants essentiels du récit du rêve sont à la fois contigus et décalés par rapport à ceux de cet autre texte qu'est le contenu latent. Freud a repéré dans ces deux derniers mécanismes de la condensation et du déplacement une ressemblance avec certains procédés stylistiques.

Ainsi, la condensation est, au fond, une métaphore.

Par exemple, dans un rêve de Freud, le mot «botanique» figure «Flora», l'une de ses patientes, «la florissante jeune femme d'un de ses collègues».

Il y a donc ici la substitution à un mot prévisible d'un autre mot qui en est la métaphore.

Quant au déplacement, il s'apparente à une métonymie.

Par exemple, dans un rêve, le mot «Zimmer» (chambre) vient remplacer le mot «Frauenzimmer» (femme).

En sorte que le récit sur la chambre masque un récit sur la femme.

Autrement dit, l'accent mis sur les éléments glisse dans le rêve du signifiant central à des signifiants connexes.

Mais n'en va-t-il pas de même lorsqu'au lieu de dire, «cent bateaux à voiles voguent sur la mer», je dis «cent voiles voguent sur la mer»? Il y a bien ici un glissement du tout vers la partie.

C ette figure de rhétorique n'est autre que la métonymie.

Ainsi, non seulement le rêve est un discours énigmatique qui a la structure d'une phrase, un rébus, mais il est aussi un véritable exercice de style qui fait de tout dormeur un poète.

A ce travail de chiffrage du rêve, répond le travail de déchiffrage du psychanalyste qui permet de retrouver le texte original, la parole primitive du désir.

L'inconscient semble donc bien, comme le dit Lacan, «structuré comme un langage». 4 Le symbolisme de l'inconscient est différent du symbolisme linguistique Le symbolisme de l'inconscient, découvert par Freud, offre des caractères absolument spécifiques et différents du symbolisme linguistique.

C'est ce que souligne Benveniste dans Problèmes de linguistique générale.

D'abord, le «vocabulaire» symbolique de l'inconscient semble commun à tous les peuples et donc indépendant des langues qu'ils parlent.

On retrouve d'ailleurs cette symbolique dans les mythes, les légendes, les dictons, dans toutes les représentations collectives.

Ensuite, le lien entre les signifiants multiples et le signifié unique n'est pas arbitraire mais «motivé».

Enfin, la «syntaxe» où s'enchaînent les symboles inconscients n'obéit pas, comme la syntaxe de la langue, à des exigences logiques.

Elle ne connaît que la dimension de la succession, fondement de la causalité.. »

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