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La volonté peut-elle nous manquer ?

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« 1.

L'expérience du manque de volonté A .

La faiblesse de la volonté. L'expérience de la faiblesse de la volonté est chose courante.

Il n'y a rien, dit-on, de si facile que de résister à une tentation quand on ne lui a pas cédé, et rien de plus difficile que de lui résister une fois que l'on a été vaincu par elle.

De même, un tempérament velléitaire ne sait pas s'en tenir à ce qu'il avait voulu, hésite, fait volte-face, choisit le parti opposé avant de revenir une nouvelle fois sur ce qu'il veut.

La lâcheté ou la paresse peuvent également se comprendre ainsi comme faiblesse d'une volonté incapable de réaliser les fins qu'elle se propose. B.

L'absence de volonté. Plus radicale est l'absence de volonté.

L'indécision, l'incapacité à se décider, sont le propre de qui ne veut prendre position, de qui se refuse à juger.

Cette impuissance de la volonté peut prendre la forme du blocage psychologique, de la dépression, ou plus simplement être le propre d'un état d'esprit servile, dépourvu de toute force de caractère, ayant pour tout principe celui de l'imitation : être prêt à suivre toute mode passagère, tout mot d'ordre, toute injonction, c'est ne rien vouloir pour soi-même, se comporter en éternel mineur, voire en esclave. C .

Le nihilisme. LA MONTÉE DU NIHILISME ET LE DERNIER HOMME A .

La mort de Dieu C 'est sous le signe de la mort de Dieu que s'ouvre le prologue et que s'amorce la « descente » de Zarathoustra parmi les hommes.

C 'est l'événement de la mort de Dieu qui rend possible l'enseignement de Zarathoustra.

Il signifie que, pour la première fois dans l'histoire humaine, le « monde suprasensible » est considéré comme n'existant pas, et ce, aux yeux de Nietzsche, de manière irréversible.

C et événement produit une mutation dans l'histoire de l'humanité et place celle-ci devant un double avenir : elle rend possible l'existence du dernier homme, mais elle pourrait également, et c'est tout le sens de l'enseignement de Zarathoustra, rendre possible l'existence du surhomme. C ette annonce de la mort de Dieu peut être entendue de diverses manières.

C 'est en fonction de leur manière d'accueillir cet événement porteur de plusieurs sens que se dessinent les diverses figures rencontrées dans le Zarathoustra.

Le saint ne sait pas ou ne veut pas savoir que Dieu est mort.

L'homme supérieur veut faire comme si les anciennes valeurs avaient toujours cours, quoiqu'il sache que ce qui permettait de les fonder et de les légitimer appartient désormais au passé.

Le dernier homme est celui qui tient l'événement de la mort de Dieu pour une évidence et une bonne nouvelle : il croit qu'elle veut dire simplement que désormais « tout est permis », que l'existence est devenue plus simple et plus légère, et il est incapable de concevoir que cette mort de Dieu place l'humanité devant la tâche la plus lourde et la plus décisive. B.

Le dernier homme Le dernier homme est dernier au sens où il vient en dernier, mais aussi au sens où il est le plus petit et le plus méprisable : il est le dernier des hommes.

Il est l'homme moderne, imbu de lui-même, qui se voit comme le digne aboutissement de toute l'histoire humaine.

Toute grandeur et tout héroïsme lui sont étrangers ; c'est pourquoi sa propre histoire lui est devenue inintelligible (« Jadis, tout le monde était fou »).

Il s'imagine avoir inventé raison et bonheur, qu'il identifie au confort, à la tranquillité, au bien-être.

Tout mode de vie plus intrépide qui vise au-delà de ces « valeurs » lui paraît insensé et symptôme de folie. Le dernier homme est incapable d'envisager l'avenir autrement que comme l'amélioration et la généralisation de son propre mode de vie : égalité entre les hommes, chaleur du troupeau, sécurité, confort – il ne conçoit rien de supérieur à cela.

Toute aventure humaine qui vise au-delà de ces valeurs lui semble risible et digne de l'asile (Zarathoustra leur dit : « Tous êtres jusqu'ici par-dessus eux créèrent quelque chose ; et de ce grand flux vous voudriez être, n'est-ce pas, le reflux, et plutôt que de surmonter l' homme vous préférez encore revenir à la bête ! »). 2.

Comment ma volonté pourrait-elle m'être étrangère? A .

Je prétends me délivrer de ma responsabilité. Si la volonté me manque, je ne peux pas pour autant mettre en cause cette dernière: je manque de volonté, je manque à ma volonté davantage que ma volonté ne me manque.

Ma volonté, c'est d'une certaine façon moi-même: prétendre que ma volonté m'a manqué est avant tout une manière contradictoire de tenter d'échapper à ma responsabilité; je ne suis pas libre de renoncer à ma liberté, ma volonté me suit malgré moi.

Le manque de volonté n'est qu'un prétexte que j'allègue afin de me décharger de ma propre responsabilité.

On pourra rapprocher cette idée de l'exemple de l'évanouissement que donne Sartre dans L Être et le Néant: l'évanouissement n'est pour celui qui fuit ses responsabilités qu'un moyen d'exprimer cette fuite, celui qui s'évanouit veut toujours d'une certaine façon cet évanouissement. Or, cette conscience de notre liberté ou de notre totale responsabilité peut provoquer soit l'angoisse qui s'empare de nous face à cette responsabilité, soit toutes les conduites de « mauvaise foi » qui visent à nous dissimuler cette liberté, à nous démettre de nos responsabilités en accusant le destin, les circonstances, ou la pression d'autrui.

C'est pourquoi « nous sommes condamnés à être libres.

» B.

Je ne suis pas ce que je crois être. Plus précisément, si ma volonté peut me manquer, c'est parce qu'elle ne dépend pas de moi comme d'une cause transparente à elle-même.

Lorsque je dis «je veux», c'est tout mon être qui veut, et je ne suis pas toujours conscient de ce que je suis.

Le sujet de la volonté n'est pas un monarque absolu qui pourrait prendre les décrets de son choix, ni un Dieu dont la volonté s'accomplit dès lors qu'il la formule.

Je suis aussi ce que mes goûts, mes connaissances, mon passé, mon caractère font de moi, je ne peux jamais vouloir purement et simplement, quasi abstraitement.

Ma volonté et mon existence sont insérées dans une situation réelle, un monde de faits. C .

Je ne peux pas connaître la liberté de ma volonté. A ntérieurement même à cette question se pose celle de la liberté de ma volonté: je ne sais comment je puis vouloir, parce que je ne peux en aucune façon connaître le libre arbitre qui rend possible ma volonté libre.

Je ne peux déterminer l'origine de ma volonté, je ne l'aperçois que comme puissance agissante dont le principe me demeure nécessairement caché.

La liberté, cause immédiate de ma volonté, en est posée comme une condition qui reste inatteignable.. »

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