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Quel sens accorder à l'expression commune« manquer de volonté » ?

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« 1.

L'expérience du manque de volonté A.

La faiblesse de la volonté L'expérience de la faiblesse de la volonté est chose courante.

Il n'y a rien, dit-on, de si facile que de résister à une tentation quand on ne lui a pas cédé, et rien de plus difficile que de lui résister une fois que l'on a été vaincu par elle.

De même, un tempérament velléitaire ne sait pas s'en tenir à ce qu'il avait voulu, hésite, fait volte-face, choisit le parti opposé avant de revenir une nouvelle fois sur ce qu'il veut.

La lâcheté ou la paresse peuvent également se comprendre ainsi comme faiblesse d'une volonté incapable de réaliser les fins qu'elle se propose. B.

L'absence de volonté Plus radicale est l'absence de volonté.

L'indécision, l'incapacité à se décider, sont le propre de qui ne veut prendre position, de qui se refuse à juger.

Cette impuissance de la volonté peut prendre la forme du blocage psychologique, de la dépression, ou plus simplement être le propre d'un état d'esprit servile, dépourvu de toute force de caractère, ayant pour tout principe celui de l'imitation : être prêt à suivre toute mode passagère, tout mot d'ordre, toute injonction, c'est ne rien vouloir pour soi-même, se comporter en éternel mineur, voire en esclave. C.

Le nihilisme L'absence de volonté peut devenir négation de la volonté.

Le nihilisme, tel qu'en parlent Schopenhauer et Nietzsche, est un néant de volonté qui devient volonté de néant.

La volonté ne manque plus seulement, mais devient étrangère à celui qui ne veut plus rien.

Lié à un dégoût que l'on s'inspire à soi-même et qu'inspire toute l'existence, le nihilisme consiste en l'attitude suicidaire d'une volonté qui se retourne contre elle-même." Le nihilisme est en ce sens la volonté de ne pas vouloir, la volonté qui prend pour objet sa propre négation. Nietzsche, enfin, a sonné le glas de la raison, dont il faisait remonter l'acte de naissance à Socrate et l'apparition de la dialectique.

Philosophe "à coups de marteaux", la valeur de la raison sonne creux.

C'est aussi dans son berceau que le nihilisme voit le jour.

Le culte de la raison exprime un affaiblissement de la vie qui, opposée à elle-même, finit par se détester et se nier.

Les valeurs proposées par la raison sont de fausses valeurs, qu'elle achève d'ailleurs de détruire par son penchant à la critique aveugle.

Elle porte en elle le négatif et conduit au néant.

La raison scientifique se définit par la méfiance à l'égard de l'apparence et de l'immédiat ; elle manifeste une aigreur à l'endroit de la vie telle qu'elle est donnée ; en s'instrumentant par la technique, elle fabrique un monde programmé et prévisible, caractérisé par la petitesse et la mesquinerie. L'essentiel de la vie est la volonté de puissance, soit l'affirmation de sa surabondance créatrice, violente et imprévisible.

Il n'y a pas d'outre-monde où la Raison gouvernerait dans l'ombre le destin des individus et l'Histoire.

Il y a la vie et son devenir comme puissance destructrice et créatrice, dont le symbole est Dionysos, sensualité, jouissance et souffrance de la force, qui engendre et détruit. 2.

Comment ma volonté pourrait-elle m'être étrangère? A.

Je prétends me délivrer de ma responsabilité Si la volonté me manque, je ne peux pas pour autant mettre en cause cette dernière : je manque de volonté, je manque à ma volonté davantage que ma volonté ne me manque.

Ma volonté, c'est d'une certaine façon moi-même: prétendre que ma volonté m'a manqué est avant tout une une manière contradictoire de tenter d'échapper à ma responsabilité; je ne suis pas libre de renoncer à ma liberté, ma volonté me suit malgré moi.

Le manque de volonté n'est qu'un prétexte que j'allègue afin de me décharger de ma propre responsabilité.

On pourra rapprocher cette idée de l'exemple de l'évanouissement que donne Sartre dans L'Être et le Néant: l'évanouissement n'est pour celui qui fuit ses responsabilités qu'un moyen d'exprimer cette fuite, celui qui s'évanouit veut toujours d'une certaine façon cet évanouissement. B.

Je ne suis pas ce que je crois être Plus précisément, si ma volonté peut me manquer, c'est parce qu'elle ne dépend pas de moi comme d'une cause transparente à elle-même.

Lorsque je dis «je veux», c'est tout mon être qui veut, et je ne suis pas toujours conscient de ce que je suis.

Le sujet de la volonté n'est pas un monarque absolu qui pourrait prendre les décrets de son choix, ni un Dieu dont la volonté s'accomplit dès lors qu'il la formule.

Je suis aussi ce que mes goûts, mes connaissances, mon passé, mon caractère font de moi, je ne peux jamais vouloir purement et simplement, quasi abstraitement.

Ma volonté et mon existence sont insérées dans une situation réelle, un monde de faits. C.

Je ne peux pas connaître la liberté de ma volonté Antérieurement même à cette question se pose celle de la liberté de ma volonté : je ne sals comment je puis vouloir, parce que je ne peux en aucune façon connaître le libre arbitre qui rend possible ma volonté libre.

Je ne peux déterminer l'origine de ma volonté, je ne l'aperçois que comme puissance agissante dont le principe me demeure nécessairement caché.

La liberté, cause immédiate de ma volonté, en est posée comme une condition qui. »

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