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La volonté est-elle complice ou maîtresse du désir?

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« Problématique: Le sens commun ne fait pas de différence entre ce que nous désirons et ce que nous voulons.

En s'appuyant sur des analyses aussi concrètes que possibles, on établira une distinction nette entre désir et volonté. Les deux termes de l'alternative proposée par le sujet représentent deux points de vue opposés absolument, mais dont on trouve des illustrations dans les plus hautes réflexions de l'histoire de la pensée philosophique.

Descartes et Spinoza représentent dans leur plus grande pureté ces deux points de vue respectifs. On pourra lire: Descartes, "Traité des passions de l'âme" et Spinoza, "Ethique" III et IV. Introduction : Nous avons tendance à considérer la volonté comme étant l'équivalent du désir ; je veux ce que je désire et je désire ce que je veux.

L'objet de la volonté et du désir étant le même.

Mais est-ce réellement le cas ? Doit-on séparer les deux ? Si c'est le cas, y a-t-il une hiérarchie entre volonté et désir ? Dans quel rapport doivent-ils être considérés ? I) Volonté et désir ont-ils toujours le même objet ? A) La volonté est l'équivalent du désir puisque je veux que se réalise ce que je désire.

Volonté et désire ont donc le même objet.

Quand je désire boire une boisson fraîche je veux une boisson fraîche. B) Il semble qu'on ne puisse pas affirmer l'équivalence absolue entre vouloir et désirer, puisqu'il m'arrive parfois de ne pas vouloir ce que je désire ou de ne pas désirer ce que je veux.

Exemples : je désire manger mais je ne veux pas le faire puisque je veux maigrir ou je ne désire pas avaler ce médicament, mais je veux le faire pour me soigner plus rapidement. La volonté et le désir sont donc séparés.

Mais comment s'agencent-t-ils en l'homme ? II) Quelle hiérarchie entre le désir et la volonté ? A) Quand je veux, je suis actif, alors que le désir s'impose à nous.

La volonté est donc synonyme d'activité et le désir de passivité.

Il semble alors normal de concevoir une hiérarchie entre les deux, et de penser la volonté comme supérieure au désir puisqu'elle nous permet de le contrôler, de le maîtriser.

La volonté émane de la raison, tandis que le désir est le produit du corps.

Or la philosophie, depuis Platon, a tendance à considérer la raison comme plus noble que le corps.

Pour Kant, la raison doit guider toute action de l'homme et donc être maître de tout désir.

[Kant, Métaphysique des Mœurs.] B) Pour Hume, la volonté n'est qu'une complice du désir dans le sens où je désire d'abord, puis je veux les moyens pour parvenir à répondre au désir.

La raison ne permet donc que de calculer de manière la plus efficace les moyens nécessaires à une fin posée par le désir.

[Hume, Traité de la nature humaine.] Dans le Traité de la nature humaine (1737), Hume (1711-1776) écrit cette phrase apparemment scandaleuse : «Il n'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt.

» Hume, contemporain de Rousseau, veut montrer par cette formule que l'opposition traditionnelle entre raison et passion est un préjugé.

La raison est totalement extérieure aux motifs de l'action, qui ne peut être engendrée que par les passions.

Hume, qu'on peut considérer comme le père de l'empirisme, s'inscrit ainsi dans un mouvement parallèle à celui des Lumières, contestant la tradition et réévaluant les passions. « Il n 'est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt » est une phrase volontairement provocante, par laquelle Hume entend signifier que nos motifs d'action, de préférence, les buts que nous poursuivons n'ont rien à voir avec la sphère de la raison. «Rien n'est plus habituel en philosophie, et même dans la vie courante, que de parler de combat de la passion et de la raison, de donner la préférence à la raison et d'affirmer que les hommes ne sont vertueux que dans la mesure où ils se conforment à ses décrets.

» Ainsi Hume décrit-il le préjugé qu'il entend réfuter.

Et il est exact que l'expérience commune de «je vois le bien, je l'approuve et je fais le mal» est souvent interprétée comme un combat entre la raison qui nous dicterait le bien, et la passion qui nous inclinerait à faire le mal. Platon distinguait entre trois « parties » de l'âme, l'âme concupiscible (sujet des passions) supposant à l'âme rationnelle.

Et toute notre tradition morale réfléchit cette opposition et prône la victoire de la raison. Le nerf de la preuve humienne que passion et raison ne peuvent s'opposer et que donc il n'est ni raisonnable ni déraisonnable de : «préférer la destruction du monde à une égratignure de mon doigt » consiste à montrer. »

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