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La violence peut-elle être légitime ?

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« Lorsqu'un criminel qui a séquestré un enfant est arrêté, on le jette en prison ; car priver un citoyen de liberté est illégitime, mais priver de liberté un citoyen qui a privé un citoyen de liberté est légitime.

Les lois interdisent toute forme de violence, mais y recourent parfois pour se faire obéir.

Cependant, seul l'État a le droit d'y recourir ; il possède, selon Weber, le « monopole de la violence légitime » puisqu'elle est permise par les lois, ce qui ne signifie pas pour autant qu'elle est légitime, c'est-à-dire juste), il peut devenir un instrument d'oppression au service de quelques-uns (élite politique ou financière, groupe ethnique ou religieux particulier).

Mais de quel droit ? 1. La violence au fondement de la loi. A ~ Nulle force, nulle loi. q La loi est elle-même une manifestation de la force.

S'introduisant dans une société, elle la contraint à se modifier : quel besoin en effet de recourir à une loi pour faire demeurer cette société en l'état ? On ne légifère que pour que ces lois soient obéies, et parce qu'elles ne l'étaient pas. q Plus encore, la loi n'est rien sans la force : à quoi servirait une loi que chacun braverait impunément ? Ne pas lui obéir, c'est encourir nécessairement une punition, sans quoi personne n'obéirait.

La violence qui s'exerce à l'égard de celui qui enfreint la loi est le véritable motif d'obéissance à la loi, et ceux qui y désobéissent espèrent toujours y échapper.

Le droit positif est fait pour être appliqué et ne serait qu'une illusion s'il ne s'accompagnait pas de l'obligation de le respecter.

Le droit positif étant, en effet, au sein d'une société, normatif, il s'accompagne de la contrainte.

Si un individu ne remplit pas le contrat – implicite ou explicite – qui le lie à l'ensemble de la société, celle-ci peut être amenée à prendre à son égard un certain nombre de sanctions.

Le droit positif repose donc sur le droit de punir, droit qui n'est lui-même efficace que s'il autorise à contraindre absolument.

Cette répression, lorsqu'elle n'est pas un simple acte subjectif et contingent de représailles, comme la vengeance, permet la réconciliation de la loi avec elle-même ; car, par la suppression du crime ou du délit, la loi se rétablit elle-même et retrouve sa validité.

D'un point de vue subjectif, elle est aussi, comme le note Hegel, la réconciliation du fautif avec la loi, qu'il connaît et dont il reconnaît la validité pour lui et pour sa protection.

En punissant le coupable, on le réintègre dans la société, on le « force à être libre », suivant la formule de Rousseau.

Aussi ce dernier admirait-il qu'à Gênes fût inscrit sur les chaînes des prisonniers le mot « Libertas ». Justice, force. Il est juste que ce qui est juste soit suivi ; il est nécessaire que ce qui est le plus fort soit suivi. La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique. La justice sans force est contredite, parce qu'il y a toujours des méchants.

La force sans la justice est accusée.

Il faut donc mettre ensemble la justice et la force, et pour cela faire que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste. La justice est sujette à dispute.

La force est très reconnaissable et sans dispute.

Aussi on n'a pu donner la force à la justice, parce que la force a contredit la justice et a dit qu'elle était injuste, et a dit que c'était elle qui était juste. Et ainsi ne pouvant faire que ce qui est juste fût fort, on a fait que ce qui est fort fut juste.

PASCAL La justice et la force sont-elles irrémédiablement séparées ou peuventelles s'accorder en se prêtant un appui mutuel? Voilà la question à laquelle répond ce texte, en montrant la confusion profonde que la force introduit délibérément et à son seul profit entre les deux notions. 1.

Les principes : justice et force sont radicalement dissemblables (lignes 1 à 6, jusqu'à « ...

ce qui est fort soit juste »). A.

Justice et force ne sont pas respectées de la même façon : dans les faits, il est possible de ne pas se conformer à la justice.

Mais cela est injuste, cela contrevient à des normes éthiques.

Au contraire, il est impossible de résister à la force, la soumission est « nécessaire » (ligne 1), car la force est précisément une capacité de contrainte.

Respecter la première résulte d'un choix, d'une décision libre.

Se soumettre à la seconde est inévitable. B.

Pas de justice sans force et pas de force sans justice : sans l'appui de la force, la justice est incapable de se réaliser.

Elle reste à l'état de principe, de « voeu pieu » et n'existe pas véritablement.

En effet, elle est toujours en butte à ses adversaires, les « méchants », qui usent, eux, de la force (ligne 3) et ont le dessus, étant donnée la faiblesse de la justice.

Réciproquement, la force sans justice est « tyrannique » (ligne 2).

On conteste alors sa légitimité.

La justice sans force est inexistante, et la force sans justice n'est plus qu'une insupportable. »

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