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La vérité rend-elle heureux ?

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« Sujet : La vérité rend-elle heureux ? Discussion : Atteindre à la vérité est toujours pensé comme la suprême vertu, voire la suprême valeur.

Il apparaît donc singulier que la vérité soit associée à l'idée de malheur, qu'avec elle puisse surgir la souffrance.

Il semble donc que les hommes soient souvent désireux que les choses les plus éprouvantes leur soient cachées, non qu'elles leur soient révélées, comme on aurait pu le croire en première approximation. Suggestion de plan : Première partie : La vérité valeur morale Dans son opposition au mensonge, la vérité est posée comme une vertu cardinale.

Parler vrai, dire vrai, c'est manifester sa rectitude morale et les associations canoniques sont celles de vérité et de vertu, de vérité et de droiture.

« Il n'y a dans ce monde que la vertu et la vérité qui soient dignes de m'occuper.

» DIDEROT. Cette dernière citation invite à considérer la vérité comme étant placée au sommet de la hiérarchie des principes et sa revendication apparaît comme l'indice de l'exigence morale de son auteur. Deuxième partie : La vérité inaccessible Cependant, la vérité n'est pas un donné que l'on réclamerait à bon escient, et qu'il suffirait de revendiquer pour qu'il existe : « La vérité est si obscurcie en ce temps et le mensonge si établi, qu'à moins d'aimer la vérité, on ne saurait la reconnaître.

» Pascal.

La vérité est donc retorse, elle n'est pas une honnête aspiration à laquelle tendrait simplement l'homme vertueux.

« Imagination - C'est cette partie décevante dans l'homme, cette maîtresse d'erreur et de fausseté, et d'autant plus fourbe qu'elle ne l'est pas toujours; car elle serait règle infaillible de vérité, si elle l'était infaillible du mensonge.

» Pensées, Pascal. La psychanalyse montre comment atteindre la vérité est aussi une illusion de la raison, comment la philosophie classique a jugé présomptueusement de notre capacité à ne pas nous leurrer, à ne pas nous tromper ou nous duper sur le fond des choses.

« L'inconscient est ce chapitre de mon histoire qui est marqué par un blanc ou occupé par un mensonge : c'est le chapitre censuré.

Mais la vérité peut être retrouvée.

» Lacan, Écrits I, 1966. Le départ à effectuer entre vérité et mensonge est donc plus complexe qu'il y paraît, ce qui sous-entend que le bonheur et le malheur se trouvent eux-mêmes dans une constante intrication, qui ne peut définitivement associer un sentiment à l'autre : "Là où l'on ne peut rien savoir de vrai, le mensonge est permis...

L'énonciation de la vérité à tout prix est socratique." Nietzsche, Le Livre du philosophe. « Les certitudes inébranlables sont des ennemis de la vérité, plus graves que le mensonge.

» Nietzsche.

Il ressort de ces analyses qu'en fait il est question simultanément de deux types de vérité : l'une éternelle, intemporelle et qui touche les grandes choses.

Il faut que l'homme sache dans le domaine de la physique afin d'interpréter justement le fonctionnement du monde.

L'autre, accidentelle, liée aux petites circonstances de la vie.

Il ne faut pas que l'homme sache dans le domaine des sentiments car il doit aussi croire. Troisième partie : Bonheur et compromis « La vérité est une femme : ses voiles, ses pudeurs et ses mensonges lui appartiennent essentiellement.

» Nietzsche.

L'image misogyne de la vérité comme une femme présente néanmoins l'intérêt d'associer l'idée de la séduction et de la volupté ; la tromperie n'est pas que source de douleur, elle est aussi un étrange compromis avec la vérité qui nous sauve et nous épargne dans bien des cas : « On avale à pleine gorgée le mensonge qui nous flatte, et l'on boit goutte à goutte une vérité qui nous est amère.

» Le Neveu de Rameau (1821) Diderot.

Ne pas savoir est souvent bien plus confortable que savoir : telle question est débattue notamment dans le domaine de la médecine où le problème de la révélation au patient d'une maladie incurable dépend étroitement de la manière dont ce même patient sera capable de recevoir la nouvelle dans sa brutalité.

« Fais ce que tu veux, du moment que je ne le sais pas » est une proposition que l'on entend souvent de façon directe ou larvée, dans les relations affectives (l'infidélité peut être mieux vécue si elle est renvoyée à une abstraction), dans les relations éducatives (les écarts sont tolérés par les parents dès l'instant qu'ils ne sont pas invités à les réprimer du fait d'une connaissance avérée : tu fumes dans la rue, passons, tu fumes devant moi, je dois exercer mon rôle répressif). Toute relation familiale, sociale repose sur une hypocrisie minimale.

« Le mensonge sera souvent le péché du questionneur lequel rend la vérité dangereuse.

» Tel Quel (1941) Valéry.

Il faut donc se garder de vouloir trop en savoir car un peu d'ignorance maintient l'équilibre. Conclusion : « Le dicton d'après lequel la vérité triomphe toujours de la persécution, est un des plaisants mensonges que les hommes répètent l'un après l'autre jusqu'à ce qu'ils passent en lieux communs [...].

L'histoire est remplie de faits montrant la vérité réduite au silence par la persécution.

» John Stuart Mill, De la liberté, 1859.

La vérité est donc à la fois une quête, une aspiration haute et flatteuse, en même temps qu'elle est la version crue et froide de l'expérience du monde.

Il revient donc aux hommes de se situer par rapport à cette exigence, d'en donner les contours, d'adapter ce besoin selon leurs attentes.. »

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