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La vérité est-elle soumise au temps ?

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« Qu'est-ce que la vérité ? Elle est unique, universelle, objective, en adéquation avec la réalité.

La vérité est l'accord des esprits ; elle a l'adhésion de tous et renvoie à un jugement reconnu ou désigné par tous pour vrai.

En ce sens, on peut se demander comment elle pourrait être soumise au temps, c'est-à-dire changer de nature suivant un temps différent.

Le discours sur la réalité change-t-il avec le temps ? Par exemple, si nous nous référons encore aujourd'hui aux philosophies grecques pour parler de la nature humaine, cela ne démontre-t-il pas que la vérité ne change pas avec le temps, mais qu'au contraire elle reste vraie, elle garde son caractère véridique avec le temps ? En tant que valeur idéale, peut-on admettre que la vérité soit liée au temps ? Est-ce le temps qui fait la vérité comme pourrait le suggérer ce verbe "soumettre" ? On peut considérer cette soumission de deux manières : l'idée d'une vérité qui se dévoilerait avec le temps (exemple : les faits historiques).

Le temps s'oppose alors à l'instant qui ne permet pas d'avoir un discours ou un jugement adéquat : les faits sont trop immédiats pour qu'ils soient objectivement perçus.

Le temps peut être également considéré comme instant présent : en effet, un jugement sur la vérité est donné par rapport à une réalité considérée dans une temporalité donnée : ainsi les progrès scientifiques font évoluer cette vérité sur l'univers, la physique, le corps humain.

En ce sens, elle est soumise au temps qui est une de ses conditions d'existence.

La vérité n'est pas un fait, elle les suit, c'est une construction du discours, de la raison.

Elle appartient donc à l'esprit d'un homme à un temps précis.

Comme propriété du langage, de plus, la vérité est soumise au temps, puisque le langage évolue, ne sert plus à qualifier les mêmes choses, devient plus précis, inventif. Dans la philosophie classique (Métaphysique) le Vrai est profondément anhistorique (il ignore toute historicité) en tant qu'il est éternel et opposé au faux A.

Le relativisme de Protagoras et le devenir d'Héraclite Platon résume ainsi la thèse de Protagoras : « L'homme est la mesure de toutes choses », c'est-à-dire : telles m'apparaissent les choses, telles elles sont pour moi ; telles les mêmes choses t'apparaissent, telles elles sont pour toi.

Il n'y a pas d'opinion fausse, chacun a toujours raison de son point de vue. Le sophiste Protagoras, écrit Diogène Laerce « fut le premier qui déclara que sur toute chose on pouvait faire deux discours exactement contraires, et il usa de cette méthode ». Selon Protagoras, « l'homme est la mesure de toute chose : de celles qui sont en tant qu'elles sont, de celles qui ne sont pas en tant qu'elles ne sont pas » Comment doit-on comprendre cette affirmation ? Non pas, semble-t-il, par référence à un sujet humain universel, semblable en un sens au sujet cartésien ou kantien, mais dans le sens individuel du mot homme, « ce qui revient à dire que ce qui paraît à chacun est la réalité même » (Aristote, « Métaphysique », k,6) ou encore que « telles m'apparaissent à moi les choses en chaque cas, telles elles existent pour moi ; telles elles t'apparaissent à toi, telles pour toi elles existent » (Platon, « Théétète », 152,a). Peut-on soutenir une telle thèse, qui revient à dire que tout est vrai ? Affirmer l'égale vérité des opinions individuelles portant sur un même objet et ce malgré leur diversité, revient à poser que « la même chose peut, à la fois, être et n'être pas » (Aristote).

C'est donc contredire le fondement même de toute pensée logique : le principe de non-contradiction., selon lequel « il est impossible que le même attribut appartienne et n'appartienne pas en même temps, au même sujet et sous le même rapport ».

Or, un tel principe en ce qu'il est premier est inconditionné et donc non démontrable.

En effet, d'une part, s'il était démontrable, il dépendrait d'un autre principe, mais un tel principe supposerait implicitement le rejet du principe contraire et se fonderait alors sur la conséquence qu'il était sensé démontrer ; on se livrerait donc à une pétition de principe ; et d'autre part, réclamer la démonstration de toute chose, et donc de ce principe aussi, c'est faire preuve d'une « grossière ignorance », puisqu'alors « on irait à l'infini, de telle sorte que, même ainsi, il n'y aurait pas démonstration ».

C'est dire qu' « il est absolument impossible de tout démontrer », et c ‘est dire aussi qu'on ne peut opposer, à ceux qui nient le principe de contradiction, une démonstration qui le fonderait, au sens fort du terme. Mais si une telle démonstration est exclue, on peut cependant « établir par réfutation l'impossibilité que la même chose soit et ne soit pas, pourvu que l'adversaire dise seulement quelque chose ».

Le point de départ, c'est donc le langage, en tant qu'il est porteur d'une signification déterminée pour celui qui parle et pour son interlocuteur.

Or, précisément, affirmer l'identique vérité de propositions contradictoires, c'est renoncer au langage.

Si dire « ceci est blanc », alors « blanc » ne signifie plus rien de déterminé.

Le négateur du principe de contradiction semble parler, mais e fait il « ne dit pas ce qu'il dit » et de ce fait ruine « tout échange de pensée entre les hommes, et, en vérité, avec soi-même ».

En niant ce principe, il nie corrélativement sa propre négation ; il rend identiques non pas seulement les opposés, mais toutes choses, et les sons qu'il émet, n'ayant plus de sens définis, ne sont que des bruits.

« Un tel homme, en tant que tel, est dès lors semblable à un végétal." Si la négation du principe de contradiction ruine la possibilité de toute communication par le langage, elle détruit aussi corrélativement la stabilité des choses, des êtres singuliers.

Si le blanc est aussi non-blanc, l'homme non-. »

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