Aide en Philo

La vérité est-elle ce qui désarme les conflits ?

Extrait du document

« VOCABULAIRE: CONFLIT (n.

m.) Violente opposition matérielle (conflit social), morale (conflit des devoirs) ou rationnelle (KANT : conflit de la raison avec elle-même) ; contrairement à la concurrence, le conflit suppose divergence de but entre les protagonistes. VÉRITÉ La vérité concerne l'ordre du discours, et il faut en cela la distinguer de la réalité.

Elle se définit traditionnellement comme l'adéquation entre le réel et le discours. Qualité d'une proposition en accord avec son objet.

La vérité formelle, en logique, en mathématiques c'est l'accord de l'esprit avec ses propres conventions.

La vérité expérimentale c'est la non-contradiction de mes jugements, l'accord et l'identification de mes énoncés à propos d'un donné matériel.

On distinguera soigneusement la réalité qui concerne un objet (ce cahier, cette lampe sont réels) et la vérité qui est une valeur qui concerne un jugement.

Ainsi le jugement : « ce cahier est vert » est un jugement vrai ou bien un jugement faux.

La vérité ou la fausseté qualifient donc non l'objet luimême mais la valeur de mon assertion. La philosophie, parce qu'elle recherche la vérité, pose le problème de ses conditions d'accès et des critères du jugement vrai. Introduction • Le jugement ou la parole en accord avec le réel, le discours adéquat représentent-ils ce qui adoucit ou supprime les antagonismes violents, les discordes et les luttes, mais aussi, au sens politique, les contestations entre puissances se disputant un droit? Ainsi parle-t-on, par exemple, de « conflits internationaux » ou de « conflits armés ».

Faut-il voir dans le jugement adéquat, éclairé par l'évidence rationnelle, le moyen et la médiation de la pacification? Tel est le sens de l'intitulé. • La vérité est-elle simple représentation, théorie pure et simple ou bien dynamisme spirituel? Ce à quoi l'esprit peut et doit donner son assentiment, par opposition à l'erreur ou à l'illusion, est-il du domaine de l'action efficace? Déjà certaines métaphores nous engagent dans ce champ de recherche : ne voit-on pas fréquemment dans la vérité une « lumière » ? « Je suis la vérité et la vie», proclame le Christ dans les Évangiles.

D'autre part, on parle du « triomphe de la vérité », triomphe sur le mensonge et l'erreur.

« La vérité est en marche », dit-on.

Tout nous incite donc à poser la question : la vérité est-elle une exigence axiologique et une valeur? Tel est le problème soulevé par le sujet, problème dont l'enjeu est évident, puisqu'il enveloppe l'idée d'une puissance quasi sociale ou métaphysique de la vérité. Par ailleurs, comment ne pas noter, à propos de la vérité censée désarmer (ou non) le conflit, que ce dernier est de l'ordre de l'irrationnel, alors que la vérité appartient au champ de la rationalité? Un problème important soulevé par le sujet est évidemment celui de savoir si l'irrationnel peut être modelé et maîtrisé par le rationnel.

On le voit, le sujet est riche de questions et de problèmes divers. A.

La vérité est ce qui désarme les conflits (thèse) La vérité semble se présenter, d'emblée, comme un dynamisme spirituel efficace.

Dès lors, elle paraît être ce qui adoucit et désarme les antagonismes.

La vérité est-elle, en effet, simple représentation? Point du tout.

Il y a, dans l'idée de vrai ou dans celle de vérité, une puissance qui nous soutient et nous porte.

La vérité ne serait-elle pas la vie? Lagneau le disait, sous une forme voisine : « Une pensée me soutient toujours, c'est que ce qui ne me donnerait pas la force de supporter ce que je supporte et de faire ce que je fais ne serait pas la vérité.

» La vérité, cette force et cette disposition de la pensée, semble être ce par quoi l'homme apprend à se conduire, à faire ce qu'il doit faire, à être ce qui doit être; dès lors, la vérité n'est-elle pas ce qui adoucit le négatif et la lutte violente? Quand un jugement relatif à la légitimité d'une norme, au droit en tant que tel, s'énonce et se fait jour, alors on peut penser que la vérité désarme l'irrationnel de l'antagonisme. En effet, le vrai, c'est le rationnel mettant alors à distance l'irrationnel des luttes armées.

La guerre, la violence, le conflit, c'est l'irrationalité émergeant du réel.

Dans ce contexte, l'idée vraie n'est pas une peinture morte, elle est maîtresse du monde.

Dire que la vérité ne peut désarmer les conflits, ce serait supposer que l'idée ne joue aucun rôle dans l'existence. Alors qu'au contraire, l'idée - cette forme d'action - a le pouvoir de faire surgir sa lumière et de désamorcer les conflits.

On peut prendre l'exemple de l'Affaire Dreyfus.

À la fin du XIX siècle, Dreyfus est arrêté (1894) et jugé de façon sommaire par un conseil de guerre.

Les antagonismes et conflits violents vont se développer et croître.

Toutefois, après la publication de la lettre de Zola dans l'Aurore et surtout la découverte de faux (dont l'auteur, Henry, se suicide), la révision du procès s'impose : la vérité semble être ce qui désarme les conflits, les antagonismes violents (la société française tout entière avait été secouée par les conflits des dreyfusards et des antidreyfusards).

Ainsi, la vérité paraît être cette lumière pacifiant la société et mettant à distance les antagonismes. Transition Toutefois, l'exemple donné nous incite à poursuivre la réflexion.

La vérité n'est pas vraiment ce qui désarme les conflits, comme le montrent bien les développements ultérieurs historiques.

Le clan de l'extrême droite nationaliste n'oubliera pas le conflit et ne reconnaîtra jamais vraiment l'innocence de Dreyfus, réhabilité en 1906.

Tout ce qui se passe historiquement, en France, entre les deux grandes guerres mondiales et même au-delà, avec l'action d'un courant politique de droite incapable de reconnaître l'innocence de Dreyfus, nous montre que la vérité ne désarme pas les conflits. Dès lors, il faut poser la question : l'irrationnel du conflit (qui dépasse la raison) peut-il vraiment être pacifié par la vérité et la raison? Cette dernière est-elle bien une lumière pacificatrice? Le mal ne constitue-t-il pas un irréductible?. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles