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La vengeance peut-elle être juste ?

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« ÉLÉMENTS DE RÉFLEXION • Le problème n'est pas de savoir si la vengeance peut être injuste (parfois). • Le problème est-il de savoir s'il peut y avoir coïncidence objective (?) entre une sanction exercée par vengeance et une sanction estimée juste ou bien si le principe même de la sanction par vengeance a quelque chose à voir avec la « justice » ? • Sur quels fondements peut reposer « la vengeance »? Et la « justice »? La vengeance est-elle de l'ordre de « la moralité », du « raisonnable »? La difficulté tient ici du sens à donner à "être juste".

Le mot français vient du latin j u s, qui veut dire le droit, dans son acceptation générale, le respect du droit.

C ependant la définition actuelle, même si elle conserve se sens en tant que respect à l'institution judiciaire, lui en rajoute un autre, à savoir être moral.

C 'est deux sens sont repris par Platon dans La république où il affirme qu'être juste est en même temps une vertu et le respect d'une organisation de la vie sociale.

M ais cela ne nous indique pas le contenu de la justice.

En fait, pour A ristote et pour toute une tradition après lui, ce qui prévaut dans la justice, c'est le principe d'égalité, c'est-à-dire que chacun doit être traité de la même manière.

Mais dans ce cas, la vengeance dans son principe d'acte de l'infligé pour réparer une faute commise, n'est-elle pas juste comme le laisse entendre la bible "oeil pour oeil, dent pour dent"? Mais cette vengeance s'oppose en même temps à la loi et à la morale telle que l'a définit Kant.

N'y a-t-il pas alors une distinction à faire entre le contenu et la forme de la vengeance tel que le fait Hegel? 1.

Selon son contenu, la vengeance est juste "Selon son contenu, la vengeance est juste, dans la mesure où elle est la loi du talion." Hegel, Principes de la philosophie du droit A ristote, s'appuyant sur le principe d'équité, indique qu'il doit revenir à chacun ce qu'il mérite.

Or selon ce principe, la vengeance ne serait pas injuste, puisqu'elle punit le "criminel", celui qui a commis une injustce.

La vengeance n'est pas injuste, dans la mesure où le rappelle Hegel, elle respecte la loi du Talion, c'est-à-dire qu'elle punit le criminel à proportion de son crime.

C 'est ce que veut dire "oeil pour oeil, dent pour dent".

Si on a volé 100 euros, le voleur doit rendre 100 euros et pas plus. « A ristote dit que la vengeance est une chose juste, fondée sur ce principe qu'il faut rendre à chacun ce qui lui appartient." Montesquieu - Mes pensées 2.

Mais la vengeance dans sa forme s'oppose au droit "M ais, selon sa forme, elle est l'action d'une volonté subjective,[...]la vengeance devient une nouvelle violation du droit: par cette contradiction, elle s'engage dans un processus qui se poursuit indéfiniment et se transmet de génération en génération, et cela, sans limite..." Hegel La vengeance est en effet un acte d'un individu et l'individu s'il est en société ne peut faire justice lui-même.

La justice ne peut jamais se baser sur un sentiment personnel, puisque dans sa nature même, elle est une puissance extérieure qui juge selon la raison et non le sentiment ou l'émotion. "un coeur offensé, un homme dans la passion, n'est guère en état de voir au juste la peine que mérite celui qui offense" M ontesquieu "C 'est pourquoi celui qui a été ainsi lésé peut être sans mesure quand il use de représailles, ce qui peut conduire à une nouvelle violation du droit.

" Il faut donc comprendre que la justice dans une société ne peut jamais être personnelle.

C 'est toujours au nom de la communauté que la justice doit être rendue, parce que le tort fait à toute victime signale une atteinte à la totalité de l'organisation sociale, puisque c'est la loi qui est bafouée. On pourrait donc dire, à l'instar de Hegel, que la vengeance serait juste dans un monde hors-société, sans droit mais elle ne peut l'être dès que les individus font partis d'un groupe social régi par des règles. Mais l'acte juste est-il toujours défini par l'institution judiciaire? La vengeance serait-elle juste sans la loi? 3.

La vengeance n'est pas conforme à l'impératif catégorique de Kant La justice définie par les lois a quelque chose d'impur et l'on peut se demander, avec Kant, si celui qui agit conformément à la légalité, par peur du châtiment est vraiment juste.

De même, Hegel considère que le comportement "juridiquement correct" doit être lié au comportement moral. Kant pose alors une autre exigence, à savoir l'impératif morale :" agis de telle sorte que ton action puisse être universalisable." Il apparaît dès lors dans la C ritique de la Raison Pratique, que la vengeance ne peut être morale.

En fait, si on applique le principe de vengeance à tout le monde, la vengeance devient sans fin, tout le monde voulant venger ce qu'il vient de subir.

A lors, le droit et les lois tomberaient mais de plus, à l'infini, c'est la violence qui régnerait sur terre. A insi, si dans son contenu, la vengeance peut paraître juste, en ce qu'elle consiste à renvoyer l'acte à celui qui l'a commis le premier, elle devient très vite injuste vis-à-vis des lois, puisque un seul individu se porte juge au dépend de la société entière.

Le vengeur devient alors aussi injuste et coupable par rapport aux normes d'une société.

De plus, la logique de la vengeance est une logique qui n'admet pas de fin, si tout le monde l'applique.

Elle n'est donc pas morale dans le sens kantien du terme. A nnexe : texte de Hegel « Dans cette sphère de l'immédiateté du droit, la suppression du crime est sous sa forme primitive vengeance.

Selon son contenu, la vengeance est juste, dans la mesure où elle est la loi du talion.

Mais, selon sa forme, elle est l'action d'une volonté subjective, qui peut placer son infinité dans toute violation de son droit et qui, par suite, n'est juste que d'une manière contingente, de même que, pour autrui, elle n'est qu'une volonté particulière, la vengeance devient une nouvelle violation du droit: par cette contradiction, elle s'engage dans un processus qui se poursuit indéfiniment et se transmet de génération en génération, et cela, sans limite...[...] A ddition: Le châtiment prend toujours la forme de la vengeance dans un état de la société, où n'existent encore ni juges ni lois.

La vengeance reste insuffisante, car elle est l'action d'une volonté subjective et, de ce fait, n'est pas conforme ? son contenu.

Les personnes qui composent un tribunal sont certes encore des personnes, mais leur volonté est la volonté universelle de la loi, et elles ne veulent rien introduire dans la peine, qui ne soit pas dans la nature de la chose.

Pour celui qui a été victime d'un crime ou d'un délit, par contre, la violation du droit n'apparaît pas dans ses limites quantitatives et qualitatives, mais elle apparaît comme une violation du droit en général.

C 'est pourquoi celui qui a été ainsi lésé peut être sans mesure quand il use de représailles, ce qui peut conduire à une nouvelle violation du droit.

La vengeance est perpétuelle et sans fin chez les peuples non civilisés.

» Hegel, Principes de la philosophie du droit. »

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