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La superstition est-elle l'affaire des sots ?

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« La superstition consiste bien souvent en une croyance irrationnelle qui peut sembler parfois bien naïve.

C'est sans doute en ce sens qu'on peut facilement être conduit à l'assimiler à la bêtise.

L'homme bête est alors celui qui ne réfléchit pas, qui croit naïvement ce qu'on lui dit et qui a un esprit rapidement borné.

Or, le superstitieux semble avoir aisément tendance à rester accrocher fermement à ses croyances.

Ainsi, si la superstition relève d'une absence de réflexion, d'une absence d'esprit critique, elle semble bien pouvoir être assimilée à la bêtise. Vous pouvez saisir alors que cette assimilation se fait au nom d'une certaine définition de la bêtise.

Etre bête consisterait alors à ne pas se servir de sa raison et à substituer à cet usage une croyance naïve.

Toutefois, nous pouvons remarquer que la superstition n'est pas n'importe quelle croyance puisqu'elle repose aussi essentiellement sur la crainte qui consiste à penser que les éléments extérieurs agissent en vue de nous.

Sur ce point, vous pouvez lire attentivement les analyses de Spinoza dans l'appendice du livre 1 de l'Ethique.

La superstition est ainsi la manifestation d'une ignorance.

Il faudrait alors se demander si cette ignorance peut être nécessairement qualifiée de bête.

En effet, la bêtise ne résulte-t- elle pas avant tout d'une forme de certitude de soi ? C'est donc en faisant évoluer la notion de bêtise que vous pourrez faire avancer votre réflexion. [La raison ne peut que mépriser les croyances superstitieuses.

Les prodigieux développements de la pensée rationnelle ont vaincu les ancestrales superstitions et les peurs irrationnelles.

Il n'y a que les esprits faibles et ignorants qui peuvent encore se montrer superstitieux.] La philosophie a toujours dénoncé les superstitions Les premiers philosophes grecs, Epicure en tête, ont dénoncé le caractère irrationnel des rites religieux.

Chez lui, la raison doit triompher de l'obscurantisme de la superstition. Pour notre philosophe, une des premières cause d'angoisse chez les humains est, selon Épicure, l'inquiétude religieuse et la superstition. Bien des hommes vivent dans la crainte des dieux.

Ils ont peur que leur conduite, leurs désirs ne plaisent pas aux dieux, que ceux-ci jugent leurs actes immoraux ou offensants envers leurs lois et ne se décident à punir sévèrement les pauvres fauteurs, en les écrasant de malheur dès cette vie ou en les châtiant après cette vie.

Ils pensent aussi qu'il faut rendre un culte scrupuleux à ces divinités, leur adresser des prières, des suppliques, leur faire des offrandes afin de se concilier leurs bonnes grâces.

Car les dieux sont susceptibles, se vexent pour un rien, et sont parfois même jaloux du bonheur des simples mortels, qu'ils se plaisent alors à ruiner.

Toutes ces croyances qui empoisonnent la vie des hommes ne sont que des superstitions et des fariboles pour Épicure. Pour s'en convaincre, il faut rechercher quels sont les fondements réels des choses, il faut une connaissance métaphysique, cad une science de la totalité du monde.

Celle-ci nous révélera que le principe de toutes choses est la matière, que tout ce qui existe est matériel.

Ainsi, la science peut expliquer tous les événements du monde, tous les phénomènes de la Nature, même ceux qui étonnent et terrorisent le plus les hommes, comme procédant de mécanismes matériels dépourvus de toute intention de nuire, et nullement d'esprits divins aux volontés variables.

Par exemple, les intempéries qui dévastent vos biens et vous ruinent ne sont nullement l'expression d'une vengeance divine pour punir vos fautes passées, mais seulement la résultante de forces naturelles aveugles et indifférentes à votre devenir. C'est ce qu'établira de façon complète Lucrèce, en donnant même le luxe de plusieurs explications possibles des mêmes phénomènes, arguant du fait que l'essentiel n'est pas de connaître la vraie cause du phénomène, mais de savoir qu'il possède une cause matérielle non intentionnelle.

C'est en effet cela seul qui importe à notre bonheur, puisque ce savoir nous délivre des angoisses religieuses. les superstitions sont absurdes et ne sont le fait que d'esprits ignorants et animistes 1) Elles constituent en effet un invraisemblable bric-à-brac, un bazar de toutes les folies humaines, où le grotesque le dispute au dérisoire.

Elles sont le signe caricatural de l'ignorance et de l'impuissance où l'humanité se trouva placée durant des centaines de milliers d'années.

On croyait que la fiente de souris était un remède souverain contre la calvitie, et l'on traçait une croix sur le ventre de la parturiente en cas d'accouchement difficile.

La science a démenti de telles croyances. 2) La contingence y règne en maîtresse.

La fiente de souris contre la calvitie — et pourquoi pas la crotte du. »

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