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La soumission à l'autorité, jusqu'où ?

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« [ 1.

Présentation de l'expérience de MILGRAM Stanley Milgram est un sociologue américain, grand ponte de la psychologie sociale qui essaya d'expliquer comment des gens ordinaires avaient pu rendre possible le troisième Reich et l'extermination de masse. Ses recherches sont relatées au moyen d'archives et d'interviews actuelles de personnes qui avaient participé à ces expériences.

Et dans son livre Soumission à l'autorité (1974) C'est le récit détaillé de ses expériences réalisées entre 1960 et 1963 à l'Université de Yale, dans le but de mesurer les conflits qui naissent entre les impératifs de l'autorité et la voix de conscience. a) but fictif (prétexte) : But de l'expérience tel qu'il est présenté aux candidats : expérience sur « l'apprentissage de la mémoire par la douleur », la douleur fait-elle mieux apprendre ? Deux cobayes tirent leur rôle au sort : un moniteur et un élève. Celui qui joue l'élève est placé sur une sorte de chaise électrique et attaché, celui qui joue le maître se place derrière un pupitre ou console de commande avec 24 curseurs tous baissés, gradués de 25 à 450 volts.

Le maître doit lire une liste de noms communs associés à un adjectif, exemples : ciel - bleu, mer - agitée, canard - sauvage ...Ensuite l'élève doit les mémoriser les associations.

.A chaque nom commun que donne le maître, l'élève doit lui répondre l'adjectif correspondant. Chaque fois qu'il se trompe il reçoit une décharge, de plus en plus forte. b) but réel : il s'agit de mesurer le taux d'asservissement à une hiérarchie. Le Professeur :"...63% des sujets sont obéissants, c'est à dire qu'ils acceptent TOTALEMENT le principe de l'expérience et vont jusqu'à 450 volts ..." Le Procureur :"...ce qui signifie que dans un pays civilisé, démocratique et libéral, les 2/3 de la population sont capables d'exécuter n'importe quel ordre provenant d'une autorité supérieure ..." Ceci tend à prouver les méfaits de la manipulation dont chacun peut être simultanément la victime et le bourreau, sans même en être conscient. Ces critères sont hélas très utilisés aujourd'hui par le management en entreprise, générateur de stress, au nom de l'efficacité et de la performance. 2.

Comment cette soumission est-elle possible ? a) par respect de l'autorité. Ici, il s'agit de l'autorité scientifique, l'ordre est donné par des professeurs sensés savoir ce qu'ils font, qui portent des blouses blanches, dans un cadre universitaire. Interrogé trois mois après, le cobaye dit « je n'ai pas à juger si mon acte était cruel, j'avais une autorité supérieure qui était là pour ça ». b) en morcelant les responsabilités : - séparation des moyens et de la fin, de l'exécutant et du décideur : le cobaye est tenté d'abandonné et reprend l'expérience quand le professeur lui dit « je prends sur moi toute la responsabilité » Tout se passe comme si on n'était pas responsable de nos actes quand ils s'inscrivent dans une hiérarchie. - morceler les responsabilités, c'est « rendre l'obéissance confortable », dans un génocide chacun a une technique banale à exécuter (ouvrir la porte du camp, remplir les trains,etc.) 3.

Comment cette soumission cesse-t-elle ? a) par contact physique avec la victime : l'introduction de la sensibilité nous fait redevenir humain. b) quand il y a désaccord au sein de l'autorité : quand les profs ne sont plus d'accord entre eux, la cohérence disparaît et le cobaye est obligé de prendre une décision en son nom propre. c) par la culture. Un résultat intéressant de cette expérience est que l'obéissance (la soumission en fait) à des ordres stupides impliquant de faire souffrir quelqu'un d'autre est variable d'un individu à l'autre, mais diminue avec l'élévation du niveau de culture. 4.

La banalité du mal. Cette expérience est inspirée de l'analyse que fait Hannah Arendt du procès d'Eichmann. L'exécutant zélé, celui qui se vit comme moyen ou comme technicien est toujours dangereux (voir le procès Eichmann, Un spécialiste). Hannah Arendt, dans Eichmann à Jérusalem, Rapport sur la banalité du mal relate le procès (1961) . Tzetan Todorov : « Eichmann est porteur d'une pensée oublieuse des fins.

Il se focalise exclusivement sur les moyens en perdant de vue à quoi ils servent.

» Le bourreau nazi Eichmann se défend lors de son procès en arguant qu'il n'a fait qu'accomplir son devoir de citoyen, en obéissant aveuglément aux lois de son pays.

Le scandale d'une telle défense consiste à réduire le devoir à une obéissance servile, comme si le citoyen devait abandonner tout jugement et n'avait pas le devoir de mesurer la valeur de la loi et de s'y opposer si celle-ci s'avère injuste ou barbare. Eichmann affirma qu'il « ne pouvait pas faire autrement, qu'il fallait obéir » : l'immoralité commence par une telle renonciation à la liberté, qui transforme le citoyen en une bête de troupeau zélée et prompte à accomplir toutes les tâches qu'on lui commande.

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