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La société peut-elle entraver l'épanouissement d'un individu ?

Extrait du document

« Les lois et les normes d'une société sont générales et non adaptées à chacun, aussi l'individu doit mouler son comportement sur des règles qui le transcendent, qu'il ne maîtrise pas.

Mais l'adaptation exigée de l'individu à son environnement social est-elle toujours négative ? N'est-il question pour lui que de se restreindre, de se contraindre selon les lois ? Mais si les normes sont intégrées au point qu'elle ne fassent plus obstacle et au contraire deviennent naturelles pour l'individu même, cela ne suspend pas pour autant la question de savoir si elles entravent ou non l'épanouissement de l'individu.

Toutefois il faudra aussi s'interroger sur le statu même de l'individu : en tant qu'animaux politiques, suivant le mot d'Aristote, notre épanouissement n'est-il pas essentiellement lié à notre existence sociale ? I-Certains types de sociétés entravent l'épanouissement individuel. Le problème de l'épanouissement de l'individu dans la société est d'autant plus ouvert qu'il existe une pluralité de types de société.

Enfin la question se complique encore puisque la notion même d'épanouissement devient relative, on retrouve le problème classique du relativisme culturel.

Néanmoins nous pouvons affirmer qu'indépendamment de la structure culturelle il y a des sociétés dont le fonctionnement empêche un épanouissement de l'individu dans le sens de son individualité. C'est le cas des sociétés égalitaristes, dans lesquelles la volonté individuelle est immédiatement perçue comme individualiste et stigmatisée comme injustifiable.

Dans la pièce de Giraudoux Electre le personnage d'Egiste incarne cette politique : une tête qui dépasse est une menace à l'équilibre moral de la société.

Ce qui est avancé c'est l'idée d'une collectivité (fictive ?) dont le bien ne peut qu'être visé dans l'établissement d'une sorte d'entropie sociale où l'individu est sommé de se réduire à la fonction sociale et familiale qu'on lui a d'avance attribué. Mais le problème n'est pas seulement d'ordre politique, grossièrement le communisme contre le libéralisme, ce peut-être aussi un problème sociétal.

Par exemple les travaux de Freud dénoncent l'économie psychique, c'est-à-dire les mœurs notamment de la société viennoise en ce qu'elle favorise et engendre des comportements pathologiques, hystériques ou névrotiques.

Cela parce que le sexuel y est vécu et traité sur un certain mode. II- L'épanouissement de l'individu : une rupture avec l'ordre social ? L'épanouissement de l'individu ne s'obtiendrait-il que si celui-ci parvient à s'autoriser de lui-même ? La réalisation de l'individu passe-t-elle nécessairement par un individualisme ? N'est-ce pas là la figure de l'artiste : à la fois paradigme de l'épanouissement et en même temps qu'on situe à la marge de la société parce qu'il ne participe pas aux mêmes cycles économiques et répétitifs qui scandent la vie d'une majorité. Mais individualisme sonne faux, sa connotation politique, libérale le rend impropre, mieux vaut demander si l'épanouissement exige l'arrachement, la rupture d'avec l'ordre social imposé.

Mais s'il semble clair que l'épanouissement peut passer par une rupture, néanmoins si l'individu parvient à s'affirmer en s'autorisant de lui-même, n'obtient-il pas en retour une certaine reconnaissance de la société ? L'artiste ou bien celui qui s'est affranchi d'une tradition familiale n'est-il pas tout autant reconnu qu'un autre ? Autrement dit, la rupture d'un ordre n'aboutirait qu'à l'abouchement d'un autre, sauf à sombrer dans la marge ? Pourquoi s'épanouir exigerait nécessairement une sortie du social ? Une libération ? N'est-ce pas la société ellemême, au travers par exemple de modifications légales qui va d'elle-même permettre telle libération ? L'autorisation de la pilule contraceptive ou de l'avortement n'ont pas été sans débats ni heurts alimentés par le conservatisme mais c'est au final l'institution qui a tranché.

Comment se libérer autrement qu'en s'autorisant d'une loi ? S'épanouir contre semble impossible, à moins d'en payer le prix, d'être mis à l'index. III-Epanouissement et reconnaissance. Certains ont défendus cette idée que l'individu n'est qu'une abstraction, dans son Système de politique positive Auguste Comte écrit que la famille constitue l'unité sociale, l'individu isolé ne compte pour rien.

Dans une certaine mesure une telle position semble justifiée (contre par exemple l'existentialisme sartrien), nous naissons dans une famille, sommes à la fois déterminés socialement (niveau de langage, éducation, culture, étude) et dans notre personnalité (histoire familiale, rapports aux parents…).

Non que l'avenir soit d'avance écrit mais la marge qui nous est impartie est déjà considérablement déterminée. Si nous sommes bien des individus, avant tout sociaux, politiques pour Aristote, alors l'épanouissement ne s'accomplit-il pas plutôt par le biais d'une reconnaissance obtenue de la société ? Ainsi c'est parcequ'elle serait seule garante de l'épanouissement qu'elle pourrait aussi l'entraver.

Par exemple nous nous épanouissons simplement en trouvant notre place dans telle fonction sociale parce qu'elle nous apporte la reconnaissance qui s'accorde avec notre économie psychique personnelle ; par exemple on peut caricaturer : un poste à responsabilité satisfait une propension à n'être à l'aise qu'en détenant le pouvoir, untel autre se verras comblé d'avoir été reconnu comme autodidacte,… Toutefois la question n'est encore que déplacée et non pas résolue : il ne faut pas confondre satisfaction et épanouissement, contresens que la société contemporaine commet de façon criante.

Il faudrait prendre épanouissement dans une acception purement psychologique, psychanalytique même et nous verrions que la satisfaction et la reconnaissance sociale n'excluent nullement des structures mentales névrotiques ou perverses, notamment chez des individus exerçant des fonctions de commandement et de décision. Conclusion : Nous devons autant nous garder de croire que l'épanouissement ne s'obtient que contre et en marge de la société, que de postuler l'inverse en disant qu'il ne s'obtiendrait que dans un investissement et par une reconnaissance sociale.

La manière la plus rigoureuse, parce que fondée, d'entendre l'épanouissement c'est de le rapporter à l'observation de normes psychologiques, et cela nous conduit à remarquer que ce n'est pas cet épanouissement qui est revendiqué ; c'est davantage une satisfaction, un confort personnel et qui peuvent être liés à des comportements névrotiques. L'épanouissement c'est bien une libération, mais davantage un équilibre qu'une licence, une façon d'être autonome mais non pas affranchi de toutes règles.. »

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