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La séduction fausse-t-elle la compréhension entre les personnes ?

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« Définition des termes du sujet La séduction est l'ensemble des comportements mis en oeuvre pour plaire à une personne.

On l'envisage souvent dans un cadre amoureux, mais il est aussi possible de l'élargir au cadre des relations humaines en général – amicales ou professionnelles par exemple. Fausser, c'est dévier, altérer, rendre différent, voire rendre illusoire. La « compréhension entre les personnes » désigne un mode de rapport humain particulier.

L'emploi du mot « personne » suppose d'ailleurs que l'on envisage autrui dans sa singularité, qu'on lui porte un intérêt pour lui-même. Cet intérêt est une condition de la compréhension : comprendre autrui, c'est en effet saisir son mode de fonctionnement, les fondements de son identité et de son caractère, ce qui suppose une grande attention à lui et un grand souci de lui. C'est l'influence de la séduction sur la compréhension entre les personnes qui est interrogée ici.

La séduction est souvent comprise comme un jeu d'illusion, ou même comme une puissance de détournement de la personne qu'elle vise, à notre propre profit (le verbe latin « seducere » signifie attirer hors du chemin, détourner quelqu'un : il y a presque là une notion de violence exercée sur l'autre dans le but de lui faire faire ce que nous voulons).

Mais la séduction est aussi, peut-être, la première étape d'un processus de découverte et de compréhension de l'autre. La séduction apparaît donc d'emblée comme une notion ambiguë, et cette ambiguïté pose problème notamment lorsque l'on pose la question de l'efficace de la séduction sur les relations entre les personnes : la séduction est-elle un jeu de masques sur lequel se greffe une relation basée sur la fausseté et une compréhension illusoire ? ou laisset-elle place à une compréhension réelle entre les personnes ? Il faudra trancher entre les deux branches de cette alternative, ou bien définir des conditions auxquelles la séduction fausse – ou ne fausse pas – la compréhension entre les personnes. Eléments pour le développement * La séduction comme jeu de masques trompeur Alain « (...) Tout amour est de quelque chose que l'on n'a pas en soi.

Aimer, c'est trouver sa richesse hors de soi, je dis sa richesse intime, non sa parure ; et comme c'est de soi qu'on aime, ce n'est pas soi qu'on peut aimer.

On aime l'image de soi que se font les autres, en ce sens que cette image, si elle est aimable, rend la société agréable et sûre.

Mais cette image n'est point moi ; aucun objet, aucune chose n'est moi.

(...) Là-dessus aucune parure ne tient.

Ce que je fais, cela seul est de moi ; mais en moi il n'en reste rien ; compter sur l'habitude et sur le talent c'est compter sur les autres ; il ne reste en moi que le courage ; mais encore faut-il le faire et le porter ; dès qu'il est objet, dès qu'on voudrait l'aimer, il n'est plus.

Si le souvenir console un peu, il est une charge aussi, s'il est beau.

J'ai pensé souvent à ce musicien qui, après quelques oeuvres de grande beauté, ne trouva plus rien de bon ; sans doute mit-il tout son génie à se condamner ; il mourut fou.

Peut-être est-il sage de prendre un peu de vanité, mais sans s'y donner, comme on prend le soleil à sa porte.

» Il importe de distinguer le moi séducteur du moi réel : le moi séducteur porte les masques qu'il estime les plus attirants, il se met en scène, alors que, sur le moi réel, « aucune parure ne tient » : or la compréhension suppose que les personnes impliquées se révèlent dans leur vérité, non sous leurs masques – la séduction fausse donc les données qu'une personne offre à l'autre dans un but de compréhension. * La séduction comme mode raffiné d'ouverture de communication, visant ouverture à l'autre et à sa compréhension « Le premier mouvement qui révèle un être humain dans la petite enfance est un mouvement vers autrui : l'enfant de six à douze mois, sortant de la vie végétative, se découvre en autrui, s'apprend dans des attitudes commandées par le regard d'autrui.

Ce n'est que plus tard, vers la troisième année, que viendra la première vague d'égocentrisme réfléchi.

Nous sommes influencés, quand nous pensons la personne, par l'image d'une silhouette.

Nous nous plaçons alors devant la personne comme devant un objet.

Mais mon corps, c'est aussi ce trou de l'oeil béant sur le monde, et moi-même oublié.

Par expérience intérieure, la personne nous apparaît aussi comme une présence dirigée vers le monde et les autres personnes, sans bornes, mêlée à eux, en perspective d'universalité.

Les autres personnes ne la limitent pas, elles la font être et croître. Elle n'existe que vers autrui, elle ne se connaît que par autrui, elle ne se trouve qu'en autrui.

L'expérience primitive de la personne est l'expérience de la seconde personne.

Le tu, et en lui le nous, précède le je, ou au moins l'accompagne.

C'est dans la nature matérielle (et nous y sommes partiellement soumis) que règne l'exclusion, parce qu'un espace ne peut être deux fois occupé.

Mais la personne, par le mouvement qui la fait être, s'ex-pose.

Ainsi est-elle par nature communicable, elle est même seule à l'être.

Il faut partir de ce fait primitif. De même que le philosophe qui s'enferme d'abord dans la pensée ne trouvera jamais une porte vers l'être, de même celui qui s'enferme d'abord dans le moi ne trouve jamais le chemin vers autrui.

Lorsque la communication se relâche ou se corrompt, je me perds profondément moi-même : toutes les folies sont un échec du rapport avec autrui, alter. »

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