Aide en Philo

La science doit-elle être indifférente à la morale ?

Extrait du document

« La science doit-elle être indifférente à la morale ? Il est manifeste que la science porte sur des objets naturels dont la connaissance ne semble pas requérir l'assentiment d'une quelconque morale ni la référence à une doctrine éthique quelconque.

Une indifférence de la science vis-à-vis de la morale est donc envisageable du simple fait de l'absence de signification morale des phénomènes naturels.

Quel est en effet la signification morale d'un processus chimique ou d'une bactérie ? Cependant, la connaissance scientifique demeure un comportement humain dont les effets et les conséquences sur les hommes et les sociétés sont loin d'être nuls.

Aussi, en tant que comportement humain modifiant la condition humaine, la connaissance scientifique a nécessairement une référence à l'humanité, donc un contenu moral ou au moins éthique, si ce dernier terme désigne l'étude philosophique de l'action humaine en vue éventuellement de formuler des règles dès lors ‘morales', c'est-à-dire susceptibles de soumettre les ‘moeurs' à des normes. Aussi peut-on admettre une indifférence à la morale en tant que morale sociale ou particulière, c'est-à-dire ensemble local et contingent de règles de moeurs propres à une société et à un groupe donné.

Et d'autre part, on peut reconnaître la nécessité d'une référence à une morale générale ou universelle, signifiée dans la notion de ‘bien de l'humanité'.

Que ce ‘bien' soit précisément déterminé par le droit fondamental – la philosophie des droits de l'homme – ou par une morale philosophique, il reste que l'activité scientifique, dans la mesure où elle a des conséquences pour l'être humain, ne peut être sans limite ni contrôle.

Mais, d'autre part, la recherche scientifique requiert une certaine liberté, donc éventuellement l'affranchissement de certaines règles qui pourrait en limiter le développement et qui ne sont pas nécessaires. Ainsi, concernant le rapport de la connaissance scientifique à la morale comprise tantôt comme règles des moeurs tantôt comme règles universelles, il est clair qu'il ne peut être question ni d'une soumission totale à celles-là ni d'un affranchissement complet vis-à-vis de celle-ci.

L'indifférence ne peut être que mesurée, relative, circonscrite. Comment et selon quels critères ? C'est la question qui se pose.

En effet, la limite n'est pas si aisée à tracer entre ce qui relève du préjugé social (morale des moeurs) et ce qui relève de l'impératif moral catégorique au sens kantien d'inconditionné, sans égard aux circonstances (éthique philosophiquement fondée, c'est-à-dire rationnelle, qui fixe ensuite le raisonnable – c'est-à-dire le rationnel moral).

D'où la nécessité d'une interrogation sur ces critères de jugement et de choix. C'est bien là la difficulté qu'il faut résoudre.

La question posée ne demande pas si, de fait, la morale et la science sont séparées, mais si elles doivent l'être.

Cependant, le recours à une analyse factuelle n'est peut-être pas inutile avant de poser la question de principe.

Techniquement, dans le déroulement de la démarche expérimentale, ne peut-on pas parler d'une certaine amoralité de la science, c'est-à-dire d'une indifférence de fait de la méthode et de la démarche scientifique vis-à-vis des règles éthiques ? Mais, s'il s'avère que, à un certain niveau, une réflexion éthique est nécessaire, ne faut-il pas alors définir précisément ce que l'on entend par morale, et, de là, déterminer les motifs fondamentaux pour lesquels la connaissance scientifique devrait recevoir des injonctions, des permissions et des interdictions, de la part de la morale (et peut-être aussi du droit) ?. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles