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La science découvre-t-elle ou construit-elle son objet ?

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« Le terme "objet" est un terme très riche.

Par étymologie, l'objet est ce qui est jeté là devant.

Le terme peut aussi bien avoir le sens très large de chose, qu'un sens plus spécifique : l'objet, c'est ce qui est objectivé, c'est la chose considérée objectivement, c'est-à-dire universellement et nécessairement.

L'objet de la science, c'est donc tout simplement ce qu'elle considère, ce dont elle traite : l'astronomie a pour objet les corps célestes et leurs mouvements, la biologie, les êtres vivants.

Pour Aristote, chaque science est spécifiée par la particularité de son objet.

Peut-on alors répondre de manière unilatérale à la question, alors même que chaque science a un objet spécifique ? Pour les verbes "découvre" et "construit" : ne peut-on pas opposer le caractère passif de la découverte au caractère actif de la construction ? Si découvrir dénote la rencontre fortuite et immédiate avec les choses de la nature, alors l'explication que la science prétend en donner peut-elle être universelle et nécessaire ? Si construire signifie fabriquer, alors comment la science peut-elle expliquer la nature, dans la mesure où celle-ci est déjà présente ? Dans quelle mesure la science ne construit-elle pas son objet en le découvrant ? Idée directrice : La conscience est toujours conscience de quelque chose. Selon une conception courante, que l'on trouve dans le Précis de psychologie de William James, la psychologie est « la description et l'explication des états de conscience en tant qu'états de conscience ».

La conscience est ainsi conçue comme une sorte d'organe indépendant, qui, par introspection, se saisit des états internes, tendances, phénomènes affectifs, processus d'activité mentale, constituant la vie intérieure, et qui, par la perception, appréhende les phénomènes extérieurs. Il semble que cette doctrine soit issue d'une certaine interprétation de la pensée cartésienne, selon laquelle la conscience serait l'acte purement intellectuel par lequel je pense ce que je pense et qui en ferait une réalité indépendante.

Mais Descartes ne dit rien de pareil.

Qu'y a-t-il sous le Cogito ? « une chose qui pense », «c'est-àdire une chose qui doute, qui conçoit, qui affirme, qui nie, qui veut, qui ne veut pas, qui imagine aussi, et qui sent ».

Le Cogito s'institue, non à partir d'une réflexion sur la pensée pure, mais du doute universel, qui fait abstraction des contenus eux-mêmes pour ne laisser subsister que le fait de penser. C'est la pensée cartésienne authentique qu'a explicitée Husserl dans la formule célèbre, reprise par tous les phénoménologues et les existentialistes, que «tout état de conscience en général est, en lui-même, conscience de quelque chose, quoi qu'il en soit de l'existence réelle de cet objet».

Cette « particularité foncière et générale » de la conscience que Franz Brentano, qui fut le maître de Husserl, a appelé intentionnalité, d'après un terme emprunté à la philosophie médiévale, exprime que l'activité psychique est toujours dirigée vers quelque chose d'autre que le sujet considéré comme tel, et qu'elle se dépasse, tout en restant distincte, vers le monde et vers autrui. Cette intentionnalité ou transcendance de la conscience vers autre chose qu'elle-même recouvre tous ses modes d'activité, qu'elle soit perceptive ou imageante, qu'elle vise autrui par le désir, l'amour ou la haine, etc. Le propre de Husserl, c'est d'élargir la notion d'intentionnalité dans deux directions.

D'un côté, l'acte de la conscience ne s'épuise pas dans les données actuelles.

Ainsi, dans la perception d'un cube individuel, j'aperçois qu'il pourrait se présenter sous une multiplicité variable et multiforme d'aspects, mais tous liés par des rapports déterminés que commande son unité objective, c'est-à-dire son essence géométrique.

De l'autre, la synthèse de ces rapports, présente à la conscience dans la perception de ce cube individuel, n'anticipe pas seulement sur un avenir potentiel, elle peut être remplie de tout un halo de souvenirs.

En d'autres termes, la conscience est temporalité, c'est-à-dire continuité du passé et de l'avenir dans le présent. C'est sans doute Merleau-Ponty qui a le plus approfondi la portée de cette double idée de la conscience comme présence au monde et comme temporalité.

Par les actes du «Je», je déploie «un pouvoir de connaître qui est coextensif au monde ».

L'être pour soi est l'être-au-monde.

Entre la conscience et le monde, il s'agit d'une véritable communication.

«C'est en communiquant avec le monde que nous communiquons indubitablement avec nous-mêmes.

» Mais la conscience, c'est aussi la continuité temporelle et « il faut comprendre le temps comme sujet et le sujet comme temps ».

Et le temps est avec le monde sens de tous les sens.

« Il y a un style temporel du monde, et le temps demeure le même parce que le passé est un ancien avenir et un présent récent, le présent un passé prochain et un avenir récent, l'avenir enfin un présent et même un passé à venir, c'est-à-dire que chaque dimension du temps est traitée ou visée comme autre chose qu'elle-même.

» Outre la valeur propre de cette conception où la conscience se reconnaît telle qu'elle se vit dans le temps, elle semble permettre d'échapper au dilemme du réalisme et de l'idéalisme.

Donner raison au réalisme, c'est nier l'activité autonome du sujet.

Donner raison à l'idéalisme, c'est admettre que le moi construit en lui-même la totalité de l'être et perdre la richesse inépuisable du monde.

« L'intérieur et l'extérieur sont inséparables.

Le monde est tout en dedans et je suis tout hors de moi.

». »

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