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La sagesse est-elle l'absence de passions?

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« Termes du sujet: SAGE - SAGESSE: 1) Attitude traditionnelle du philosophe ancien qui, dans l'ordre du savoir se met à distance des préjugés et dans l'ordre de l'action à distance ses passions.

2) Synonyme de prudence d'où, par extension, aptitude à bien mener sa vie. PASSION: * Ce que l'âme subit, ce qu'elle reçoit passivement.

Chez Descartes, le mot désigne tout état affectif, tout ce que le corps fait subir à l'âme.

Son origine n'est pas rationnelle ni volontaire. * Inclination irrésistible et exclusive qui finit par dominer la volonté et la raison du sujet (la passion amoureuse). [Introduction] Le sage, maître de soi, menant une existence entièrement tournée vers l'intellect, est souvent opposé au fou, à celui qui ne vit que pour ses passions et ne peut résister à celles-ci.

Sagesse et passion ne font pas, semble-t-il, bon ménage.

Cependant, il ne suffit pas de faire appel à l'opinion commune, ni même à l' «expérience » pour assurer cette incompatibilité.

Si certaines passions semblent ne pas être le fait du sage, rien ne prouve qu'il soit exempt de toutes les passions, s'il sait en user conformément au bien et, dès lors, la sagesse, qui doit permettre le développement complet de toutes les potentialités de la personne, doit faire aussi une place à la passion.

Le sage n'est pas un être froid et inhumain : sa sagesse ne peut exclure la passion et doit donc être, en quelque façon, passionnée.

Dès lors, si le sage ne peut être l'esclave de sa passion, il doit pouvoir en faire bon usage et ainsi en être l'auteur. [I.

Le sage ne peut être asservi à la passion.] [1.

Le sage.] La figure du sage, telle que toute la philosophie antique se l'est représentée, trouve une de ses expressions chez Cicéron : «Seule la sagesse est tournée tout entière vers elle-même (...).

La sagesse comprend la grandeur d'âme, la justice et ce qui permet à l'homme de juger comme au-dessous de lui les accidents qui lui arrivent, ce dont les autres arts sont incapables.

» Le sage est en ce sens un idéal de l'humanité : il est entièrement maître de lui-même, sans être soumis aux aléas de la fortune.

Sa vie est tranquillité, sérénité, rien de ce qui lui arrive ne peut le troubler. Possédant toutes les vertus, le sage n'est attaché à rien d'extérieur à lui, il cultive sa propre sagesse pour ellemême. [2.

Le passionné.] Le tyran est, pour l'Antiquité, le modèle de l'homme passionné.

Le livre IX de La République de Platon dresse ainsi son portrait «Celui qui est effectivement un tyran est effectivement un esclave, allant jusqu'au bout des adulations et des servitudes, flatteur des hommes les plus dépravés ; ne réussissant d'aucune manière au monde à assouvir ses désirs, il se révèle bien plutôt le plus indigent des hommes à l'égard du plus grand nombre de choses (...); chargé de peur dans tout le cours de sa vie, plein d'agitations convulsives et d'angoisses.» Le tyran est à l'image du passionné : il n'est plus maître de lui-même malgré sa force apparente ; au fond de son être, il est esclave, il ne peut plus résister aux passions qui l'assaillent et est davantage esclave que ceux qu'il asservit. [3.

Le sage est exempt de passions.] Diogène Laërce, dans son exposé de la philosophie des stoïciens, écrit: «Le sage, disent-ils, est sans passion parce qu'il ne se laisse pas entraîner.

» Le sage est en effet maître de soi et la passion aliène, le sage vit en ce sens en état d'ataraxie, d'absence de trouble.

Toute passion lui serait nuisible et contradictoire avec sa sagesse.

Cicéron, dans les Tusculanes, précise, après avoir dressé le portrait de l'homme en proie au chagrin : «Et ce sont là les passions qui minent l'âme, je veux dire le chagrin et la peine; mais celles qui sont moins sombres, le désir qui recherche avidement son objet, la gaieté absurde avec ses mouvements désordonnés, diffèrent peu de la folie.

» Autrement dit, il n'y a pas de bonnes passions et de mauvaises passions.

Les effets de la joie ou du désir sont aussi dangereux pour l'équilibre spirituel et la maîtrise de soi-même du sage que le sont la haine et la tristesse.

Le sentiment intérieur de plaisir ou de peine qui accompagne la passion ne suffit pas à rendre celle-ci bonne ou mauvaise : tout ce qui peut troubler mon âme, m'arracher à moi-même est mauvais. [II.

La sagesse comme bon usage des passions.] Cependant, si le sage ne peut être esclave des passions, il leur reste néanmoins exposé.

Certes le sage ne succombe pas à la passion comme le débauché ou le tyran, mais il peut lui-même être sujet à la passion : la sagesse ne peut en ce sens être radicalement séparée de la passion.

La question qui se pose devient alors la suivante comment le sage use-t-il de ses passions? [1.

L'objet de la passion peut s'accorder avec celui de la sagesse.] Dans une lettre du ler février 1647 à Chanut, Descartes répond à une question que lui avait posée son correspondant : «Lequel des deux dérèglements est le pire, celui de l'amour, ou celui de la haine?» La question. »

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