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La reproductibilité de l'oeuvre d'art la transforme-t-elle en objet de consommation ?

Extrait du document

« Vocabulaire: OBJET (n.

m., étym.

: latin ob-jectum : ce qui est placé devant ; chose).

1.

— Tout ce qui est présenté par la perception, avec un caractère stable et indépendant du sujet (objet externe) ; pour la phénoménologie, l'objet est déterminé par la visée de la conscience (cf.

sens 3).

2.

— Tout ce qui se présente à un sujet, s'offre à la pensée, et qui est distinct de l'acte de représentation ou du sentiment (donc du sujet), c.-à-d.

aussi bien le percept, l'image, l'idée, que l'objet externe ou la personne aimée.

3.

— Le but qu'on se propose d'atteindre (cf.

un objectif). Transformer: faire passer d'un forme à une autre, donner un autre aspect, d'autres caractères formels, changer, modifier, renouveler; devenir différent, évoluer. La technique de l'imprimerie a depuis longtemps supprimé le rapport direct entre le produit original de l'auteur - son manuscrit -, et son public.

Désormais, il en va de même pour la musique transmise aux amateurs par la radio, les disques, la télévision, et les ordinateurs.

Les arts plastiques témoignent de la même évolution, avec la reproduction imprimée à grande échelle.

En 1936, réfléchissant aux conséquences de la photographie, du cinéma et des procédés de reproduction en série sur l'art, le philosophe Walter Benjamin estime que cette reproductibilité fait perdre à l'oeuvre d'art son « aura », ce rayonnement presque sacré dont bénéficie une oeuvre d'art authentique, faite de la main de l'artiste, unique, fragile et intouchable.

À sa place se développent des formes de consommation culturelle de masse.

L'art est alors affecté jusque dans sa conception par les moyens de sa diffusion.

Il perd son caractère religieux, qui avait été maintenu sous une forme sécularisée par la théorie de l'art pour l'art, au profit d'une appropriation par le peuple.

Effectivement, la diffusion de masse, qui est associée aux médias comme la télévision ou le cinéma, oblige l'auteur de films, de musiques ou de spectacles télévisés à tenir compte de la demande de divertissement du grand public et d'impératifs commerciaux, ce qui détourne l'art de sa vocation antérieure.

Or, dit Kant, il convient d'opposer de façon tranchée le divertissement à l'art proprement dit.

De fait, à côté de cette consommation culturelle, la création d'oeuvres exigeantes, destinées à un public éclairé, continue de s'inscrire dans l'histoire de l'art au sens traditionnel du terme. 1) Introduction La reproduction des oeuvres d'art nuit-elle à l'art ? D'emblée, il faut remarquer le balancement rhétorique (oeuvre d'art/art), annonciateur d'une thématique philosophique.

L'imitation, sur une grande échelle, afin de les mettre à la disposition du grand nombre, des ensembles organisés de signes et de matériaux dont la beauté nous procure une satisfaction désintéressée constitue-t-elle un danger pour l'art, cette création de choses belles et uniques, lequel perdrait ainsi un de ses caractères essentiels ? Tel est le sens de l'intitulé du sujet. À quoi conduit la reproduction des oeuvres d'art ? N'évacue-t-elle pas, à travers son substrat empirique mille fois répété, mille fois vendu, la transcendance de l'art, qui dépasse le champ expérimental par sa visée ? Ne faut-il pas, par ailleurs, une certaine préparation, une certaine culture, pour accueillir une oeuvre d'art, sous peine d'en perdre la compréhension, voire d'en détruire le sens ? Ne débouchons-nous pas sur un « utilitarisme », l'art rentrant dans le cadre des choses utiles ? D'ailleurs, l'art ne s'intègre-t-il pas alors dans le loisir de masse ? Le problème est de savoir si l'utilité est le seul critère de l'existence, si la conception d'un « art utile » est recevable. L enjeu est d'importance; selon la réponse apportée, nous saurons comment vivre en notre temps : faut-il ou non que chaque chose soit fonctionnelle et livrée à une vision divertissante ? Un gain existentiel est inscrit dans la problématique. 2) Discussion A.

La reproduction des oeuvres d'art ne nuit pas à l'art. Reproduire, qu'est-ce exactement? C'est rendre fidèlement, donner l'équivalent de quelque chose, c'est faire exister des choses identiques à un modèle, c'est, finalement, constituer une réplique.

La reproduction implique la multiplication des exemplaires par un procédé technique approprié. Ainsi, des reproductions - de n'importe quel peintre, qu'il s'agisse des symbolistes, des impressionnistes ou autres sont-elles jetées sur le marché à bas prix et vendues en nombre considérable.

Le Baiser, de Klimt, la Judith, du même peintre, sont entrés dans le champ des reproductions indéfinies.

De telle marque de lessive à telle pochette de disque, le symbolisme du peintre autrichien prolifère indéfiniment. A priori, en quoi cette re-production nuirait-elle à l'art ? Ce dernier, création de choses belles, n'a-t-il pas besoin d'investir partout le champ de la culture ? En quoi le symbolisme ou le surréalisme perdraient-ils leur supériorité et leur privilège ontologique s'ils se répandent dans des milieux ou des classes populaires qui normalement devraient les ignorer? La beauté d'un tableau impressionniste transcende infiniment le champ culturel qui l'accueille et cette transcendance résiste à la re-production à des millions d'exemplaires.

La généralisation de la reproduction sur une grande échelle peut gêner, mais, après tout, quand Casta Diva s'empare de toutes les publicités, l'art y perd-il sa dignité ? Il demeure, intangible et inatteignable.

La Beauté survit, même associée à une marque de cigarettes : elle est ailleurs, signe d'autre chose, de cette Beauté qui jamais ne se ramène à de l'utile. Allons plus loin : la reproduction des oeuvres d'art permet, grâce au grossissement photographique et au rapprochement de formes picturales spécifiques et étrangères les unes aux autres, de modifier l'esthétique et la question de l'art.

Comment les formes s'organisent-elles ? Comment le Beau se déploie-t-il ? Comment la. »

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