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La religion est-elle superstition?

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« Analyse du sujet : - - Le sujet pose un premier problème dans sa formulation : en posant la question « La religion n'est-elle que superstition ? » le sujet nous invite à penser que la religion a peut-être quelque chose de plus que la superstition, mais qu'elle l'est toujours un peu. Il ne faudra donc pas manquer de se demander si la religion est une forme particulière de superstition à laquelle on ajoute diverses autres qualités, ou si la religion est quelque chose de différent de la superstition. Si l'on considère que religion et superstition sont deux choses différentes, il reste à définir ce qui les distingue. On notera par exemple que la plupart des religions comportent des commandements généraux sur la manière de se comporter, alors que les superstitions peuvent n'avoir aucune portée morale. La religion semble donc plus souvent nous indiquer les actes à accomplir pour parvenir au bien en soi, alors que la superstition ne nous indique que des moyens d'éviter des souffrances ou d'obtenir des satisfactions. Problématisation : Poser que la religion serait avant toute chose superstition, c'est déjà partir d'un postulat problématique.

Si nous sommes ordinairement tentés de voir la religion comme une forme plus élaborée de superstition, il n'est pas assuré qu'il en soit ainsi.

La religion pourrait parfaitement être quelque chose de très différent de la superstition.

Le sujet pose problème : n'y a-t-il pas lieu d'opposer superstition et religion ? Qu'est-ce qui nous permet de distinguer l'une de l'autre ? Proposition de plan : 1.

La superstition est une fausse piété alors que la religion est une véritable piété. a) La superstition prend source dans la crainte des hommes à l'égard du monde.

Elle se manifeste alors dans une tentative de marchander avec des forces magiques pour s'éviter des malheurs ou pour obtenir des faveurs.

Elle se fonde sur la croyance selon laquelle il y aurait dans le monde des pouvoirs surnaturels qui assailliraient les hommes et d'autres que l'on pourrait s'approprier par des rites. b) La religion repose au contraire dans une confiance à l'égard du monde qui est une création des dieux.

Elle considère généralement que la superstition n'est pas conforme à l'esprit religieux, car elle procède d'un anthropomorphisme qui consiste à croire que les dieux ont les mêmes soucis que les hommes.

En effet, négocier avec les dieux, par exemple en leur consacrant des prières ou des sacrifices, c'est s'imaginer que les dieux ont besoin de ces offrandes.

Or si les dieux ont besoin des hommes, ce ne sont plus des dieux.

La superstition consiste alors en un irrespect à l'égard des dieux.

Tout d'abord elle les rabaisse au même état que les hommes, et qui plus est, elle les insulte en supposant qu'ils n'ont pas pu créer un monde parfait, qu'il y a des choses qui devraient ne pas être alors qu'elles sont, et d'autres qui devraient être alors qu'elles ne sont pas. c) On pourrait alors affirmer que la superstition reposerait sur une fausse piété, alors que la religion se fonderait sur une piété véritable.

La fausse piété serait ainsi une mauvaise interprétation des puissances surnaturelles, alors que la vraie piété serait une conformation aux exigences de celles-ci.

Religion et superstition auraient donc la piété en commun, et ce serait leur rapport à celle-ci qui les distinguerait.

Il ne s'agirait donc plus alors de soutenir la thèse selon laquelle la religion ne serait qu'une superstition à laquelle on ajouterait d'autres éléments, mais plus radicalement de défendre l'idée alléguant que superstition et religion sont incompatibles.

Nous avons alors une première réponse : la religion, bien au contraire de n'être que superstition, lui est opposée. Transition : Toutefois, creuser dans cette direction n'apporte pas de réponse réelle à la question posée, car elle se transforme pour devenir : qu'est-ce que la vraie piété ? 2.

La vraie piété est justice à l'égard des dieux. a) On trouve déjà ce problème chez Platon dans l'Euthyphron.

Dans ce dialogue, l'auteur s'interroge sur ce qu'est vraiment la piété.

Socrate est dans ce dialogue le porte-parole de Platon contre Euthyphron.

Euthyphron affirme que ce qui est pieux est « ce qui est agréable aux dieux, et que l'impie est ce qui leur est désagréable » (Euthyphron, 6e-7a).

Pour Socrate, cette affirmation est fausse car les dieux ont des différends, il y a des choses qui plaisent à l'un et non à l'autre, ainsi « ce qui plaît aux dieux peut aussi leur déplaire » (Euthyphron, 8b). b) Pour corriger son erreur, Euthyphron affirme alors que la piété consiste en ce qui est agréable à tous les dieux. Cette réponse ne satisfait cependant pas plus Socrate, car il semble ici qu'Euthyphron inverse la cause et l'effet. Socrate prend à cet égard l'exemple du saint, et affirme que « les dieux aiment le saint parce qu'il est saint, et qu'il n'est pas saint parce qu'ils l'aiment » (Euthyphron, 10e).

Ce n'est donc pas parce qu'une chose est aimée des dieux qu'elle est pieuse, mais c'est parce qu'elle est pieuse qu'elle est aimée des dieux.

L'amour que portent les dieux aux choses pieuses n'exprime donc qu'une caractéristique de ces choses, mais ne nous renseigne pas sur ce qu'est l'essence de la piété.. »

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