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La religion est-elle intolérante ?

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« Problématique Parler d'intolérance, c'est donc poser le problème d'une pluralité de vérités hiérarchisées ou non.

En examinant la formule, on voit qu'il s'agit ici plutôt d'un questionnement sur la nature propre à la religion (la logique qui lui est inhérente) que d'une interrogation d'ordre juridique ou même moral (sur le devoir de tolérance ou d'intolérance). L'intolérance, fille de la croyance B.

Y a-t-il une relation de cause à effet entre religion et intolérance ? C'est la position antireligieuse, ou du moins rationaliste, notamment celle de Spinoza et des philosophes des Lumières en lutte contre l'obscurantisme (Voltaire, Rousseau). C'est après avoir exposé sa propre conception de Dieu que Spinoza s'attaque à la compréhension traditionnelle de Dieu comme roi ou seigneur , imposant ses volontés aux hommes.

« La volonté de Dieu, cet asile d'ignorance » écrit-il dans l'appendice au livre 1 de l' « Ethique », entendant montrer que la conception vulgaire de Dieu, non contente d'être anthropomorphique, dégénère en superstition et maintient les hommes dans une ignorance qui profite au pouvoir religieux. Pour Spinoza, Dieu n'est pas une personne, mais il se définit par la formule « Deus sive natura » : « Dieu ou la nature ».

Dieu est la force qui produit la totalité de la nature et des êtres : « il est la cause libre de toutes choses [...] tout est en Dieu et dépend de lui ». Après avoir justifié son concept de Dieu, Spinoza entreprend de réfuter les préjugés des hommes au sujet de la divinité. « Tous ceux que j'entreprends de signaler ici [les fausses opinions] dépendent d'ailleurs d'un seul, consistant en ce que les hommes supposent communément que toutes les choses de la nature agissent comme eux en vue d'une fin, et vont jusqu'à tenir pour certain que Dieu lui-même dirige tout vers une certaine fin.

» Tous les préjugés des hommes reposent donc sur une conception anthropomorphique de la nature (« Les hommes supposent communément que toutes les choses de la nature agissent comme eux en vue d'une fin »), qui culmine dans l'idée que Dieu agit comme un être humain : il est pourvu d'une volonté et dirige tout selon ses buts et ses fins.

Dès lors tout phénomène naturel sera compris comme s'expliquant par la volonté de Dieu. Il deviendra donc impossible d'expliquer la nature par elle-même : tout phénomène (une maladie par exemple) ne sera pas compris par ses causes naturelles, mais saisi comme manifestation, comme signe de la volonté divine (la colère de Dieu, qui pour punir les hommes leur envoie la maladie en question). Il vaut la peine de suivre la démonstration de Spinoza.

Celui-ci pose en principe un fait indéniable, celui qui veut que : « Tous les hommes naissent sans aucune connaissance des causes des choses, et que tous ont un appétit de rechercher ce qui leur est utile, et qu'ils en ont conscience.

» Nous avons conscience de nos désirs, mais non de leurs causes.

Par suite les hommes croient désirer librement, croient que leurs désirs naissent d'eux-mêmes (comme un ivrogne sous l'emprise de l'alcool croit désirer librement sa bouteille). Or une autre caractéristique des êtres humains est qu'ils agissent toujours dans un but, en poursuivant une fin, une utilité.

Pour les hommes, comprendre la nature, c'est donc rechercher dans quel but telle ou telle chose existe, quelle est son utilité.

Quand nous regardons un objet, notre première impulsion est de nous demander à quoi il sert, comme si son utilité rendait raison de son existence.

Autrement dit, les hommes ne cherchent pas à comprendre la cause des phénomènes, ce qui les produit, mais leur fin supposée. C'est la combinaison de ces deux principes, de ces deux attitudes : l'ignorance des causes et la recherche de l'utile, qui va être à l'origine d'une conception fausse et aliénante de la nature et de la divinité. Or, « Comme en outre ils trouvent en eux-mêmes et hors d'eux un grand nombre de moyens contribuant grandement à l'atteinte de l'utile [...] ils en viennent à considérer toutes les choses existant dans la nature comme des moyens à leur usage.

» L'homme considère donc la totalité de la nature comme un ensemble de moyens à son usage.

Puisque les hommes expliquent toutes choses selon leur propre façon d'agir, ils jugent que ces moyens ont dû leur être fournis par un ou plusieurs directeurs de la nature, cad par Dieu.

Continuant dans la même logique, les hommes en viennent à penser que les Dieux leur ont fourni ces moyens en échange d'une contrepartie; cultes, sacrifices, bonheur, amour. « Par là, il advint que tous [...] inventèrent divers moyens de rendre un culte à Dieu afin d'être aimés par lui par-dessus les autres et d'obtenir qu'il dirigeât la nature entière au profit de leur désir aveugle et de leur insatiable. »

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