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La religion comme réalisation illusoire des désirs infantiles de l’homme ?

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« VOCABULAIRE: RELIGION Étymologie discutée.

Cicéron fait dériver le mot du latin relegere qui s'oppose à neglegere comme le soin et le respect s'opposent à la négligence et à l'indifférence.

D'autres font dériver le mot de religare: La religion est avant tout le lien qui rattache l'homme à la divinité : «La religion consiste dans un sentiment absolu de notre dépendance.» (Schleiermacher).

La religion c'est le sentiment que l'homme ne s'est pas donné lui-même l'existence, qu'il dépend d'un Être qui le dépasse infiniment.

Sociologiquement, les religions sont les divers cultes organisés (avec leurs dogmes et leurs rites) pour rendre hommage à Dieu. Pour Freud, la religion ‘est pas la compensation illusoire de la misère économique et sociale, mais de la misère psychologique.

Dans « L'avenir d'une illusion », Freud montre que les exigences répressives de la « civilisation » entrent en conflit avec les instincts, les désirs sexuels et agressifs qui caractérisent la « constitution animale » de l'homme.

Le « secret » de la force des « illusions religieuses » tient précisément à la force de ces désirs frustrés.

La religion a une fonction consolante parce qu'elle offre la perspective d'un au-delà dans lequel le désir trouvera sa satisfaction.

Mais elle répond aussi au besoin de protection et d'amour de l'homme par l'image d'une Providence bienveillante sous la forme de Dieu le Père : « Nous le savons déjà : l'impression terrifiante de la détresse infantile avait éveillé le besoin d'être protégé –protégé en étant aimé- besoin auquel le père a satisfait : la reconnaissance du fait que l'homme s'est cramponné à un père, à un père cette fois plus puissant.

L'angoisse humaine en face des dangers de la vie s'apaise à la pensée du règne bienveillant de la Providence divine.

» Ainsi, donc, pour Freud, la religion est une illusion engendrée par le désir et c'est de l'image paternelle que provient l'idée de Dieu. « Ainsi je suis en contradiction avec vous lorsque, poursuivant vos déductions, vous dites que l'homme ne saurait absolument pas se passer de la consolation que lui apporte l'illusion religieuse, que, sans elle, il ne supporterait pas le poids de la vie, la réalité cruelle.

Oui, cela est vrai de l'homme à qui vous avez instillé dès l'enfance le doux -ou le doux et amerpoison.

Mais de l'autre, qui a été élevé dans la sobriété? Peut-être celui qui ne souffre d'aucune névrose n'a-t-il pas besoin d'ivresse pour étourdir celleci.

Sans aucun doute l'homme alors se trouvera dans une situation difficile; il sera contraint de s'avouer toute sa détresse, sa petitesse dans l'ensemble de l'univers; il ne sera plus le centre de la création, l'objet des tendres soins d'une providence bénévole.

Il se trouvera dans la même situation qu'un enfant qui a quitté la maison paternelle, où il se sentait si bien et où il avait chaud. Mais le stade de l'infantilisme n'est-il pas destiné à être dépassé? L'homme ne peut pas éternellement demeurer un enfant, il lui faut enfin s'aventurer dans l'univers hostile.

On peut appeler cela « l'éducation en vue de la réalité »; aije besoin de vous dire que mon unique dessein, en écrivant cette étude, est d'attirer l'attention sur la nécessité qui s'impose de réaliser ce progrès? » FREUD. D'origine juive, mais formé à l'école de la philosophie des Lumières, du darwinisme et de l'hellénisme, Freud s'est très vite démarqué de la religiosité de sa famille.

C'est, de son propre aveu, ses réflexions sur l'origine de la culture qui l'ont amené à rencontrer le phénomène religieux .

« Totem & Tabou » (1913), « Malaise dans la civilisation » (1930), « Moise & le Monothéisme » (1934), « L'avenir d'une illusion » (1927)., autant d'oeuvres qui témoignent de l'intérêt de Freud pour la religion. Dans cet ouvrage, Freud affirme que ce serait l'angoisse de l'homme devant la nature toute-puissante, angoisse analogue à celle de l'enfant, qui aurait engendré, en quelque sorte, le comportement religieux.

En personnifiant les forces naturelles sous formes d'êtres supérieurs, parfois terrifiants, mais pourvus d'une volonté semblable à celle des hommes, en attribuant aux Dieux les caractères que l'enfant attribue au père, les hommes auraient cherché à exorciser l'angoisse due à la cruauté de la nature. La première fonction de la religion serait donc d'humaniser la nature, de protéger l'homme contre celle-ci.

Mais, humaniser la nature, c'est aussi la tâche de la civilisation.

Or, si celle-ci rend la nature plus supportable, elle impose néanmoins à l'homme des privations et des souffrances qui, à leur tour, suscitent l'anxiété et le besoin d'un dédommagement ou d'une consolation.

La religion aurait donc aussi pour objectif de protéger l'homme contre « les dommages causés par la société humaine ».

Ainsi la religion serait une satisfaction de notre désir archaïque d'être protégé et aimé. Mais la religion apporte-t-elle vraiment une réponse à l'angoisse de l'humanité ? D'où les idées religieuses, qui ne reposent ni sur l'expérience ni sur la raison, tirent-elles leur force, sinon de nos désirs d'un univers ordonné dans lequel l'angoisse peut être rendue supportable ? La religion n'est-elle donc pas une croyance conforme à nos désirs, cad une illusion ? Ne nous enferme-t-elle pas dans l'infantilisme ? Ne serait-il pas préférable que les hommes. »

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