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La réduction du vivant à de l'inerte ?

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« APPROCHE: Curieusement, on pourrait dire que la théorie qui permet le plus aisément d'investir le vivant est aussi celle qui nous éloigne le plus de la connaissance de celui-ci.

Réduire l'organisme vivant à une organisation mécanique consiste en effet à lui enlever ce qu'aucune machine, en elle-même, ne possède : l'impulsion interne qui la fait se mouvoir.

La machine suppose le mécanicien et l'approche mécanique du vivant nourrit l'image du Dieu horloger ou Grand Architecte.

C'est oublier la spécificité du vivant que de tenter de le comprendre à partir des lois universelles de la nature et le réduire à des mouvements qui sont ceux de la matière inerte.

Sensible à cette difficulté, Kant note qu'une montre ne pouvant donner naissance à une autre montre, à l'inverse d'un organisme vivant, il convient d'opérer une distinction : « Ainsi un être organisé n'est pas simplement machine, car la machine possède uniquement une force formatrice ; mais l'être organisé possède en soi une force formatrice, qu'il communique aux matériaux, qui ne la possède pas (il les organise).

» Le vivant, en effet, fait preuve d'autoorganisation : les organes vivant ne sont pas simplement juxtaposés les uns à côté les autres comme le sont les pièces d'une organisation mécanique ; ils ont le pouvoir de se former les uns les autres.

D'où la distinction, dans l'extrait cité, entre « force motrice » et « force formatrice » : la première, propre à une machine quelconque, signifie transmission de force tandis que la seconde, présente dans tout être vivant, relève de la transmission d'une forme, telle que le modèle de la reproduction, par exemple, peut en attester.

Avec ce terme de forme, il ne s'agit pas, pour Kant, de se référer à une âme des êtres vivants mais de comprendre le système d'auto-formation logé en chacun d'eux. Introduction. Le vivant s'oppose à la fois à l'inerte et au mort.

toutes les cultures n'ont pas élevé les mêmes barrières entre ce que nous appelons le vivant et ce que nous appelons l'inerte.

Mais à partir du moment où le vivant a été déterminé comme tel, cad distingué du non vivant, s'est posé la question de sa compréhension et de son explication.

Un modèle est un schéma destiné à rendre intelligible une réalité trop complexe pour être saisie directement.

Mécanique renvoie à machine.

Le problème est donc de savoir s'il est possible et utile (ou fécond) de concevoir le vivant comme une machine. 1ière partie. Si l'on jette un regard sur l'histoire de la biologie on constate la présence forte d'une conception mécaniciste assimilant le vivant à une machine.

Tel était le point vue de Descartes.

L'animal n'est qu'une machine, il est dépourvu d'âme.

Sans l'âme, le corps humain n'est qu'une machine.

La machine tombe en panne comme le corps tombe malade.

La machine a besoin d'énergie comme le corps a besoin de nourriture.

La machine est réparée comme le corps guéri, etc... La critique du modèle mécanique. Les différences entre le vivant et la machine sont importantes.

Un corps peut guérir seul (une blessure cicatrise) tandis qu'une montre cassée ne se répare pas toute seule.

Aucune machine n'a l'autonomie du vivant.

Autre différence capitale: les parties d'une machines sont solidaires les unes des autres.

si l'une cesse, c'est la machine entière qui tombe en panne.

Avec le vivant, il en va autrement: une branche arrachée ne fait pas mourir un arbre, un crabe qui perd une pince ne meurt pas pour autant.

De plus, une machine n'est rien de plus que la somme des pièces qui la composent, un vivant est plus que la somme de ces éléments.

C'est la différence entre une totalité mécanique et une totalité organique.

Une machine a été construit analytiquement.

Le vivant s'est construit synthétiquement (cf.

la genèse de l'embryon). Conclusion. Le modèle mécanique est applicable localement mais non globalement Il existe des écarts ontologiques entre le vivant et la machine On pourra toujours fabriquer des machines qui tendront toujours davantage à ressembler au vivant, on pourra concevoir le vivant comme une machine complexe.

Mais l'écart qui les sépare ne sera jamais supprimé. « La vie est l'ensemble des fonctions qui résistent à la mort.

» Bichat, Recherches physiologiques sur la vie et la mort, 1800. « La vie est l'ensemble des fonctions capables d'utiliser la mort.

» Henri Atlan, Entre le cristal et la fumée,. »

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