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La raison peut elle être mise au service du mal ?

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« INTRODUCTION Définition des termes et problématisation : Le mal prend sens dans la sphère pratique, il est synonyme de transgression du bien.

Il se définit par rapport au bien et contre lui.

Mais il n'est pas que cela, il est aussi l'expression de l'irrationnel, de ce qui en l'homme contredit sa raison.

Les deux faces de la raison sont le rationnel et le raisonnable.

La première face concerne la connaissance et la science, la seconde l'action pratique.

Agir raisonnablement c'est agir pour le bien et donc contre le mal.

De prime abord il semble donc impossible que la raison puisse se mettre au service du mal, ces deux notions semblant diamétralement opposées.

Cependant une autre acception de la raison la rapproche du calcul, de la stratégie, et en ce sens son caractère bienveillant n'est plus aussi impératif.

En effet le tyran pourra être considéré comme un bon stratège ou fin calculateur sans pour autant que ses actions tendent au bien.

Dans cette acception de la raison le mal n'est pas exclu, au contraire il peut même trouver auprès de la raison un allié.

Pour répondre à cette difficile question qu'est la possibilité ou l'impossibilité d'une raison aux ordres du mal il faudra envisager trois hypothèses.

La première envisage la raison et le mal dans un contexte d'opposition, leur conciliation semble être alors impossible.

La deuxième relativise le premier point de vue à l'aide de la politique qui bien souvent montre une raison plus calculatrice qu'à la recherche du bien.

Enfin nous tenterons de nuancer l'hypothèse suivant laquelle la raison pourrait indifféremment se mettre au service de bien ou du mal. PLAN DETAILLE Première partie : Une contradiction évidente. 1.1 Agir en écoutant sa raison c'est agir droitement. Mal agir signifie avoir à la source de ses actions des règles pratiques immorales.

La raison est considérée comme étant la voie de la moralité, voie par laquelle nous accédons à la loi morale.

C'est ainsi que Kant conçoit les rapports entre la raison et la loi morale.

Le mal tend à combattre la raison.

« Le mal proprement dit consiste à ne pas vouloir résister à ces inclinations, lorsqu'elles invitent à la transgression, et cette intention est bien le véritable ennemi.

» La religion dans les limites de la simple raison. 1.2 La raison ou l'ordre, le mal ou la transgression. Le mal se définit par rapport au bien ou plutôt contre lui.

Le mal s'exprime par le biais de la corruption, de la transgression.

Il est avant tout un détournement, le contraire de l'ordre ou de la raison.

C'est ainsi que le définit Saint Augustin dans la Cité de Dieu XII.

« Cet être si inférieur qu'il soit, fût-ce de l'argile, est indubitablement bon, en tant que nature, en tant qu'essence, et, dans son genre, dans son ordre, il a sa mesure et sa convenance. Comment donc un objet bon peut-il produire une volonté mauvaise ? Comment, dis-je, un bien est-il cause d'un mal ? C'est quand elle descend d'un objet supérieur à un objet inférieur que la volonté devient mauvaise : non que l'objet vers lequel elle se détourne soit un mal, mais le mal est ce détournement même.

» 1.3 L'injustice : un défaut de jugement. Platon dans le Gorgias utilise l'exemple du tyran afin de montrer que commettre l'injustice c'est agir contre soi-même.

Le tyran recherche son bien comme tout homme, et pense qu'il peut accéder au bonheur malgré l'injustice de ses actes.

Son jugement est trompeur dans la mesure où il pense par l'injustice être heureux alors qu'elle est bien plutôt le début du malheur.

Si tous les hommes recherchent le bien alors les égarements vers le mal sont dus au défaut d'intelligence. C'est dans le « Gorgias » de Platon que l'on trouve exposé le paradoxe socratique : « Nul n'est méchant volontairement ».

Cette thèse surprenante de prime abord doit être reliée aux deux autres : « Commettre l'injustice est pire que la subir » ; « Quand on est coupable il est pire de n'être pas puni que de l'être ».

L'injustice est un vice, une maladie de l'âme, c'est pourquoi, nul ne peut vraiment la vouloir (on ne peut vouloir être malade), et la punition, qui est comparable à la médecine, est bénéfique à celui qui la subit. L'attitude commune face à la justice est résumée par Polos dans « Gorgias » et Glaucon au livre 2 de la « République ».

Les hommes souhaiteraient être tout-puissants et pouvoir commettre n'importe quelle injustice pour satisfaire leurs désirs.

Il vaut donc mieux, selon eux, commettre l'injustice que la subir.

Cependant, comme subir l'injustice cause plus de dommage que la commettre de bien, les hommes se sont mis d'accord pour faire des lois en vue de leur commune conservation.

Nous ne sommes donc justes, en vérité, que par peur du châtiment.

Si nous pouvions être injustes en toute impunité, comme Gygès qui possède un anneau le rendant invisible, nous agirions comme lui : nous ne reculerions devant aucune infamie pour nous emparer du pouvoir, devenir tyran.

Bref, nous serions injustes pour satisfaire nos désirs. Platon réfute inlassablement cette thèse, cette hypocrisie qui consiste à ne vouloir que l'apparence de la justice, l'impunité, pour pouvoir accomplir n'importe quelle injustice. Le nerf de l'argument consiste à montrer que, en réalité, « Commettre l'injustice est pire que la subir ».

C'est par une ignorance du bien réel que les hommes souhaitent pouvoir être injustes.

Parce que nous confondons le bien. »

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