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La raison peut-elle être au service du mal ?

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« PROBLEMATIQUE ENVOYEE PAR L'ELEVE: La raison semble a priori être à la fois cette faculté qui nous permet de calculer et de penser correctement, mais aussi ce qui nous permet d'agir de manière juste et morale.

En effet, comme le dit Malebranche (" De la recherche de la vérité ") : " Je vois que deux et deux font quatre et qu'il vaut mieux préférer son ami à son chien " et ceci, je le sais parce que la raison me l'indique de façon formelle.

On a donc tendance à associer le comportement rationnel au bien.

Le mal au contraire serait le produit d'une faiblesse de la raison qui s'efface devant les passions ou les pulsions destructrices.

Maintenant en ce qui spécifiquement votre sujet, la raison peut effectivement être mise au service du mal, par une sorte de perversion qui la fait se retourner contre elle-même, de manière " dialectique " dirait Hegel, c'est à dire, par un processus interne d'opposition à soimême.

Pensez par exemple à la seconde guerre mondiale et à la barbarie nazie qui s'appuie sur une administration rigoureuse et implacable pour réaliser la folie de " la solution finale ".

La destruction aurait pu être complètement aveugle, en réalité, elle est menée de manière organisée, froide, industrielle et systématique ce qui suppose une rationalisation intégrale à l'intérieur même d'un projet pourtant délirant.

Pensez aux enjeux de ce sujet : il suppose que la raison ne se suffit pas à elle-même pour se prémunir de la folie ou de la sauvagerie.

Vous pouvez également vous reporter aux analyses de Rousseau sur la pitié.

Dans le Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes, Rousseau montre que si l'humanité n'est pas encore détruite c'est grâce à une vertu universelle qu'est la pitié et qui relève d'un sentiment.

Lisez attentivement la fin de l'extrait : il montre que si nous avions dû suivre la raison, il y a bien longtemps que le monde serait détruit.

Demandez-vous si c'est exact et à quelles conditions la raison est susceptible de verser dans le mal.

Votre distinction entre rationnel et raisonnable peut être pertinente à condition de bien la démontrer et la justifier par rapport au sujet parce que les deux termes ont a priori un sens très proche. On peut être intelligent et méchant «C'est un génie du mal», dit-on de certains personnages qui se sont montrés particulièrement habiles dans le crime, le complot et la malfaisance.

Néron, César Borgia, Hitler, Al Capone étaient des êtres intelligents mais qui ont mis leur habileté au service de la cruauté et du vice.

L'on peut donc tout à fait se servir de la raison pour commettre des actions immorales et inacceptables.

D'ailleurs, Kant rappelle qu'un meurtrier intelligent est plus dangereux qu'un meurtrier stupide. La raison vise l'efficacité et non à la morale: le réalisme de Machiavel En 1513, Machiavel, diplomate originaire de Florence, achève la rédaction du « Prince ».

Suite à un bouleversement politique à Florence, il avait été contraint d'abandonner ses fonctions et de se retirer.

Il profita de cet exil pour rédiger une sorte de traité expliquant à un chef politique la façon de sauvegarder son pouvoir et même d'accéder à la gloire. L'idée d'un tel ouvrage, constitué par des conseils adressés à un prince, n'était pas neuve en elle-même.

Il existait déjà de nombreux « miroirs des princes » et Machiavel s'insère donc dans une tradition.

Mais il rompit avec l'usage et provoqua le scandale par la manière dont il aborda le problème.

On vit en lui une nouvelle incarnation de Satan et, aujourd'hui encore, quelques commentateurs continuent de le considérer comme un « apôtre du mal ». Le discours humaniste du temps, que récuse Machiavel, s'inspirait des moralistes latins et notamment de Cicéron.

Pour ce dernier et ceux qui se rattachaient à sa pensée au XV ième, la gloire du chef reposait sur une bonne gestion allant de pair avec une conduite vertueuse, cad conforme aux exigences de la morale. Machiavel s'inscrit en faux contre cette thèse.

Le souci premier du Prince doit être de conserver son pouvoir et même de l'accroître à l'occasion.

Si les hommes étaient bons, il pourrait le faire sans jamais s'écarter des grands principes moraux universellement admis.

Mais les hommes sont pour la plupart méchants quand on ne les force pas à être bons.

En conséquence, le Prince sera vertueux, au sens courant du terme, si le contexte le permet, et il ne le sera pas si la situation le lui impose.

En cas de nécessité, il pourra faire des entorses aux grands principes.

Il lui sera loisible d'agir contre la parole donnée, contre la charité, contre l'humanité (le respect de l'homme) et même contre la religion.

La fin justifie les moyens. Cette idée est exprimée en plusieurs endroits du « Prince » et de « Discours sur la première décade de. »

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