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La raison peut-elle avoir raison du mythe ?

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« Vocabulaire: RAISON: Du latin ratio, « calcul », « faculté de calculer, de raisonner » (en grec logos). * Au sens subjectif : mode de penser propre à l'homme (lui-même défini comme « animal raisonnable »). * Par opposition à l'intuition : faculté de raisonner, c'est-à-dire de combiner des concepts et des jugements, de déduire des conséquences. * Par opposition à la passion ou à la folie : pouvoir de bien juger, de distinguer le vrai du faux, le bien du mal. * Par opposition à la foi : la « lumière naturelle », naturellement présente en tout homme. * Par opposition à l'expérience : faculté de fournir des principes a priori (c'est-à-dire indépendants de l'expérience) * Au sens objectif : principe d'explication, cause (exemple : les raisons d'un phénomène). * Argument destiné à légitimer un jugement ou une décision (exemple : donner ses raisons). Mythe Du grec muthos, « récit, légende ».

Récit fictif relatant en particulier l'origine du monde, et permettant ainsi d'organiser, au sein d'une société, la compréhension du réel et de justifier l'ordre naturel et social du monde. Introduction Il fut un temps où célébrer le passage du mythe à la raison prenait une dimension proprement fabuleuse.

Selon cette manière de voir les Grecs auraient subitement remplacé leurs croyances bizarres par une explication pré-scientifique du monde dont ils auraient tiré profit pour vivre raisonnablement sur les bases d'une reconstruction rationnelle de leur société.

Bien sûr cette imagerie quelque peu naïve ne tient pas compte du fait que les mythes ont non seulement continué à prospéré à l'ombre de la pensée rationnelle, mais que l'avènement d'une société scientifique n'a pas eu la vertu de les faire disparaître, aussi pourrait-on se demander si la raison peut réellement avoir raison du mythe ? 1.

Faiblesse explicative du mythe a.

Si le mythe est une manière de s'expliquer symboliquement le monde, il est certain qu'il ne répond pas aux exigences de la raison qui distingue ce qu'il n'a de cesse de confondre.

Penser en effet, c'est identifier à travers des catégories précises, et à ce titre le principe de non-contradiction ne saurait tolérer les licences logiques qui malmènent la stabilité de la signification et de la référence. b.

En outre la fragilité explicative du mythe se signale en ce qu'il pervertit constamment le principe de causalité.

Au mieux, il prend le déterminisme qui parle de nécessité conditionnelle pour un fatalisme qui le transforme en nécessité aveugle et au pire il invoque des interventions miraculeuses qui violent le principe de régularité des lois naturelles. c.

C'est dire si l'anthropomorphisme dont il fait preuve le conduit à prêter des intentions à la nature là où l'explication rationnelle ne verrait qu'un système de lois étrangères à des fins.

En d'autres termes, le mythe ne rend pas compte du monde mais bien plutôt de l'impuissance de ceux qui y sont soumis. II.

Le triomphe de la raison a.

Et c'est pourquoi l'emprise des mythes sur les hommes n'a cessé de se relâcher à mesure que les sciences leur fournissaient les explications à mêmes de les libérer de la peur de l'inconnu et du souci de confier à des entités personnifiées le soin de satisfaire leurs aspirations. b.

Mais surtout la raison a eu raison du mythe en ce qu'elle a habitué l'esprit à rendre raison publiquement de ses croyances ou de ses certitudes c'est-à-dire à ne rien affirmer ou à ne rien laisser affirmer qui ne soit exposé aux tests d'une réfutation possible.

Affirmer, ce n'est pas suggérer ou laisser croire mais démontrer. c.

A cet égard le triomphe de la raison paraît définitivement assuré dès lors que les religions elles-mêmes concèdent que les récits fabuleux qu'elles véhiculent ont moins valeur de vérité que valeur métaphorique ou allégorique dont il convient de dégager les contenus rationnels pour les rendre non seulement compatibles avec les sciences mais aussi avec les valeurs dont nous nous réclamons. CITATIONS: 1- "Le mythe donne une réponse; provisoire, il est vrai, mais enfin une réponse aux questions de l'homme curieux de connaître la raison des choses.

Il s'agit donc d'un phénomène purement intellectuel.

La mythologie comme la science est donc un produit de l'intellect...

Ce qui la distingue de la science, c'est qu'elle dinne infiniment plus de poids à l'imagination et pas assez à l'observation." Krappe, La genèse des mythes, page 32. 2- "Mythe est le nom de tout ce qui n'existe et ne subsiste qu'ayant la parole pour cause." Valéry, Variété, pléiade, I, page 967. 3- "pendant des millénaires, le mythe a été un certain mode de construction intellectuelle...

Mais, dans notre civilisation, à une époque qui se situe vers le XVII è, avec le début de la pensée scientifique -Bacon, Descartes et quelques autres-, le mythe est mort ou, à tout le moins, il a passé à l'arrière-plan comme type de construction intellectuelle.

Alors ...

la musique a pris en charge certaines des fonctions que le mythe cessait d'assumer." C.

LéviStrauss, La voix compte plus que la parole, La quinzaine littéraire, 1er Août 1978.. »

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