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La raison exige-t-elle que nous nous défassions de toutes nos opinions ?

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« Sujet : La raison exige-t-elle que nous nous défassions de toutes nos opinions ? Analyse du sujet : On a tendance traditionnellement à opposer la raison et l'opinion.

L'opinion étant une connaissance qui ne porte pas sur la vérité mais sur ce qui semble être, alors que la raison cherche à pénétrer l'essence intime des objets sur lesquels elle se porte. C'est pourquoi on considère généralement que l'opinion est une connaissance trompeuse qui risque de nous induire en erreur, et qu'il faut s'en détacher pour avoir une réflexion rationnelle. - Penser que l'on puisse faire un usage efficace de la raison sans se défaire de nos opinions, cela reviendrait à penser qu'il y a des circonstances dans lesquelles la raison ne se suffit plus à elle-même et qu'elle ne peut plus travailler sans l'opinion. - L'opinion constituerait alors un indice pour la raison qui, livrée à elle-même, ne pourrait se baser sur rien. - On peut considérer que dans le domaine de la théorie pure, la raison procède sans l'opinion.

Par opposition, le domaine de la pratique pose problème : on sait que tout passage de la théorie à la pratique se heurte à des complications. - Ces complications ont lieu généralement parce que dans le domaine de la pratique, il y a des impondérables, aussi notre raison n'arrive-t-elle pas à circonscrire l'ensemble des phénomènes. - On peut donc faire l'hypothèse que dans le domaine de la pratique, la raison a besoin de trouver appui sur l'opinion pour pallier son incapacité à embrasser l'ensemble du réel. Problématisation : Il semble d'abord intuitif de considérer que la raison s'oppose à l'opinion, et que rendre raison de quelque chose, c'est parvenir à l'extraire de l'emprise de l'opinion.

Toutefois, l'on peut constater dans certaines circonstances que la raison livrée à elle-même est impuissante, et que dès lors, la raison est obligée de prendre appui sur des opinions pour parvenir à ses fins.

Cela remet en cause l'opposition classique entre raison et opinion, et nous invite à nous poser cette question : l'opposition entre raison et opinion estelle si franche ? L'une et l'autre ne seraient-elles pas en interaction plus souvent qu'on ne le pense ? Proposition de plan : 1.

Le doute hyperbolique : Dans ses Méditations métaphysiques, Descartes choisit de mettre en place ce qu'il appelle le « doute hyperbolique » pour parvenir à la vérité.

Cette forme de doute consiste à considérer provisoirement comme absolument fausses les opinions qui ne sont que vraisemblables et à mettre en question l'existence des choses dont l'esprit a une représentation. La fonction de ce doute est de délivrer l'esprit de « toutes sortes de préjugés », et de « l'accoutumer à se détacher des sens », pour reprendre les expressions qu'il utilise dans son abrégé des Méditations métaphysiques. Pour Descartes, notre raison est trompée par de nombreuses illusions.

Tout d'abord ce sont les faux jugements que nous portons sur les choses sensibles, ensuite, il y a les effets de l'imagination ainsi qu'ils se manifestent dans le rêve, et enfin, il y a le fait que nous ne savons pas si l'être qui nous a créé ne nous a pas fait tel que nous nous trompions sur toute chose. - Toutes ces illusions sont des opinions dont il faut se défaire.

Il faut s'en défaire car sinon, notre raison ne peut parvenir à aucun moment à la certitude, c'est-à-dire cette expérience que nous faisons du fait qu'il soit impossible que la chose considérée soit autrement qu'elle n'est. La certitude ne nous est en effet accessible que lorsque nous avons une idée « claire et distincte » ainsi qu'il l'écrit dans ses Méditations métaphysiques.

D'après ce qu'il écrit dans Les Principes de la philosophie, nous avons une perception claire de quelque chose lorsque cette perception est « présente et manifeste à un esprit attentif » et une perception distincte quand elle est « tellement précise et différente de toutes les autres qu'elle ne comprend absolument rien en soi que ce qui est clair.

» Cette exigence d'analyser les choses de manière claire et distincte prend modèle sur les artisans qui « ne dispersent jamais leurs pensées sur divers objets en même temps et la concentre toujours tout entière à considérer les choses les plus simples et les plus faciles », ainsi qu'il l'écrit dans les Règles pour la direction de l'esprit.

Dans le cas des opinions, de nombreuses pensées interfèrent en même temps dans l'esprit, et on est donc bien loin d'avoir les idées « claires et distinctes ». - D'après Descartes, l'exercice de la raison exige donc de nous que nous mettions de côté toutes nos opinions pour parvenir à la vérité. L'idéal visé par Descartes dans sa recherche de la vérité était de parvenir à abolir toutes les opinions afin de rendre raison de toute chose et de fonder une science universelle.

Cet objectif ne reposerait-il pas sur un pari. »

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