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La raison et la passion s'opposent-elles indubitablement ?

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« Analyse du sujet : - - - - - - En philosophie morale, on considère traditionnellement qu'il y a en l'homme un affrontement de la raison et des passions.

Une majeure partie de cette branche de la philosophie cherche à résoudre ce problème en décrivant les normes éthiques qu'il faudrait adopter pour parvenir à la vie bonne en dépit de cette contradiction interne. La tradition philosophique considère d'habitude que la raison est cette faculté supérieure qui en l'homme doit commander car elle est ce qui permet de bien juger.

Elle serait la faculté qui permet de se hisser à la connaissance du vrai bien, le seul bien universel et immuable qui puisse servir de guide sûr à nos actions. A l'inverse, les passions nous feraient courir après des faux biens, et elles nous empêcheraient ainsi de parvenir au bonheur.

Notons l'étymologie de passion, qui vient du latin patior qui signifie « pâtir » : cela nous indique qu'une passion serait quelque chose qu'on subirait, et non qu'on choisirait.

Les passions résulteraient des pulsions sensibles, des velléités changeantes de notre corps qui nous inclineraient selon le hasard vers une direction ou une autre, dans un renoncement à l'ordre. Cette approche de la raison et de la passion s'est transmise à nous à partir des stoïciens et en passant par le christianisme, si bien qu'elle est généralement celle qu'on reçoit intuitivement.

Ce faisant, on ne la questionne pas toujours. Pourtant, il ne s'agit pas forcément d'une évidence, et il est possible que cet héritage soit trompeur.

La passion ne vient-elle pas parfois exalter ce à quoi la raison nous déterminait, permettant ainsi d'accéder à ces sphères qui sont celles du génie ? Par ailleurs, il est courant que de grands savants semblent incapables de faire un usage raisonnable de leur savoir et, alors que leur raison devrait restreindre leur folle passion, ils s'adonnent à des activités ineptes, comme si leur forte raison restait incapable de s'opposer à leur passion. Problématisation : L'opposition de la raison et de la passion constitue un poncif de la morale qui semble aller de soi.

Pourtant, ainsi que l'affirme Chesterton, le fou n'est-il pas « celui qui a tout perdu, excepté la raison » ? Témoin le personnage mythique du savant fou qui, assurément, ne manque pas de raison, mais chez qui pourtant une passion déraisonnable s'affirme immodérément.

Ainsi constatons-nous que notre culture, pourtant friande d'opposer la raison à la passion, ne manque cependant pas d'exemples où cette opposition ne fonctionne pas bien.

Comment devons-nous en rendre raison ? Proposition de plan : – Remarque : Toutes les références des Pensées de Pascal sont données dans l'édition Lafuma. 1.

L'opposition traditionnelle de la raison et de la passion. a) D'après Aristote, la vertu éthique la plus haute, celle qu'on appelle la « prudence », constitue « une disposition pratique, accompagnée d'une règle vraie, concernant ce qui est bon et mauvais pour l'homme » (Ethique à Nicomaque, livre VI, 1140b5).

Cela signifie que l'homme vertueux est celui qui agit en délibérant, puisqu'il suit une « règle vraie ».

C'est l'homme de l'appréciation juste de situations singulières.

Or, il se trouve que la délibération est la tâche qui incombe à la partie « calculatrice » de l'âme rationnelle (la faculté d'opiner comme on l'appelle encore), celle « par laquelle nous connaissons les choses contingentes » (Ethique à Nicomaque, livre VI, 1139a7).

Aussi, nous pouvons en inférer que la prudence est une vertu relevant de la raison. b) Au contraire, le vice, fruit de ce qu'Aristote nomme l' « intempérance », semble relever de la passion.

L'intempérant est celui dont le corps est troublé par la passion et qui tombe ainsi dans un état comparable au sommeil, à l'ivresse ou encore à la folie.

Il peut énoncer des formules éthiques raisonnables et cependant agir mal lorsqu'il est confronté à la situation parce qu'il est incapable de maîtrise de soi.

Il n'est pas capable d'user de la partie calculatrice de l'âme rationnelle, et il en reste ainsi à l'âme sensitive, celle que les animaux ont en commun avec les hommes. c) Il semblerait ainsi que cette argumentation aristotélicienne nous conduise à penser qu'il n'y a pas lieu de douter de l'existence d'une opposition entre raison et passion.

La raison serait le chemin qui mène à la vertu, alors que la passion nous conduirait au vice.

Aussi la raison s'opposerait-elle à la passion comme la vertu s'oppose au vice. Problème : Cette perspective aristotélicienne pose problème, car il n'est pas dit que nous ayons une âme rationnelle et une âme sensitive.

Aristote fait déjà le pari préalable que nous avons deux parties dans l'âme, dont l'une correspond à la raison et l'autre aux passions. Transition : Cette conception traditionnelle de l'opposition de la raison et des passions semble cependant ne faire. »

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