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Foi religieuse et raison s'opposent-elles ?

Extrait du document

« Interrogez-vous sur les exigences de la foi et celles de la raison.

Sont-elles les mêmes ? si elles sont différentes, sont-elles conciliables ou y a-t-il une sorte d'opposition irréductible ? La foi réclame de l'homme une adhésion sans questionnement et sans limite (ce qui ne signifie pas que la foi soit nécessairement l'aube du fanatisme, il vous appartient en tous les cas de le montrer).

Avoir la foi, c'est croire sans retenue.

Pascal est sur ce point très éloquent puisqu'il dit qu'avant de croire...

il faut s'agenouiller.

La raison au contraire implique une pensée qui ne peut se satisfaire de la croyance.

La raison veut des arguments, elle se nourrit de logique et de calcul, elle n'hésite pas à juger, quitte à briser quelques certitudes rassurantes.

Mais est-ce à dire que la raison ne peut accepter la foi ? La raison doit-elle livrer bataille contre la foi comme s'il s'agissait d'une sorte d'ennemie naturelle ? Peut-on faire sa place à la raison et faire sa place à la foi, ce qui transformerait l'opposition en une sorte de délimitation (d'ailleurs plus rationnelle que l'opposition gratuite) donnant à chacune sa propre légitimité ? Dans une perspective fidéiste, au contraire, on ne peut accéder à une vérité religieuse que par la seule foi sans aucun recours à la raison : celle-ci éloigne de Dieu.

Aussi , le croyant doit totalement s'abandonner aux seules principes de la Révélation[1].

« La foi est différente de la preuve : l'un est humaine, l'autre est un don de Dieu » (Pascal). Je crois parce que c'est absurde.

Saint Augustin Cette phrase définit la foi.

Nous n'avons nulle preuve de l'existence de Dieu.

Croire en Dieu (ou n'y pas croire) relève d'un choix d'existence mais qui reste infondable en raison. « C'est donc sur la foi objective qu'on spécule.

Qu'est-ce que cela veut dire la foi objective ? Cela veut dire une somme de propositions [...] La foi objective, c'est comme si le christianisme était annoncé comme un petit système, pas si bon naturellement que celui de Hegel, c'est comme si le Christ [...] avait été professeur et que les Apôtres aient constitué une petite société savante.

» C'est sur le terrain de la raison que la raison a raison et, s'il n'y a rien en dehors d'elle, elle est réponse à tout (« Tout le réel est rationnel et tout le rationnel est réel »).

A tel point qu'elle ne pourrait tenter de se nier qu'en s'affirmant.

Mais peut-elle rendre raison d'elle-même ? Le croire serait s'engager dans un processus de régression à l'infini, dont on ne peut sortir que par un saut hors de la raison...

un acte de foi dans la raison...

tout à fait irrationnel.

Il n'y a pas de raison de la raison.

Et si la raison trouve sa limite dans une réflexion sur son fondement, elle en rencontre une autre en se heurtant à l'existence.

Kant avait bien montré que l'existence, absolue position d'une chose, échappe à toute démonstration, mais il persistait à aligner l'existence du sujet éthique sous l'universalité de la raison pratique (le devoir).

Le sujet, de Descartes à Hegel, n'est qu'une abstraction qui ôte à l'existence son existence : tel est le point de départ de la révolte de Kierkegaard contre le rationalisme.

La conversion à l'existence est l'acte par lequel le peseur subjectif se détourne de l'universalité des règles de la raison uniformisant les règles de vie, pour se penser comme individu, « être particulier existant, qui prend la décision absolue sur le plan de l'existence » (« Post-Scriptum...

»).

La vérité de l'existence humaine est toute entière dans le sens que lui assigne le choix subjectif de l'individu.

Si chez l'animal, l'espèce est plus importante que l'individu, car celle-ci impose en quelque sorte à celui-là ses règles.

Chez l'être humain, l'individu prévaut sur l'espèce qui ne décide pas pour lui.

L'individu doit choisir pour son propre compte sans pouvoir se dérober.

L ‘homme n'a donc pas un existence spéculative mais concrète et c'est dans et par cette confrontation concrète aux « possibles » que l'homme donne forme à sa singularité et devient par là même un « individu ».

Mais l'individu paie cette liberté du choix par l' « angoisse » qui est sentiment de malaise devant l'inconnue de la possibilité.

L'existence est possibilité cad « angoisse ».

Et c'est cette vérité subjective que recherche Kierkegaard dans les « Etapes sur le chemin de la vie ».

Or la leçon que donne l'existence de la raison est qu'elle ne se plie pas à ses exigences.

Elle est par essence paradoxale, car chaque vérité existentielle a sa contrevérité, non moins vraie qu'elle .

Ainsi, l'homme esthétique qui a choisi l'aventure, la jouissance instantanée fera l'amère expérience de l'insatisfaction.

Pour avoir placé le définitif dans l'instant, sa vie ne sera qu'un temps vide, car il faut que l'instant meure pour que l'instant naisse.

Avec le juif errant et Faust, Don Juan sera la figure de l'existence esthétique oscillant entre le plaisir immédiat et le désespoir. Pour avoir choisi de ne pas s'attacher, Don Juan, de conquête en conquête, ne connaîtra que des échecs, sa victime se dérobe au moment même où elle s'abandonne et la femme en soi n'est jamais possédée.

Pour lui, chaque femme représente une possibilité d'existence.

Mais il choisit de ne pas choisir et reste suspendu entre toutes les possibilités qu'offrent ses conquêtes.

A les vouloir toutes, Don Juan sombre dans l'angoisse du rien du tout, de la vacuité.

Puisque l'instant est son plaisir, son plaisir ne dure qu'un instant.

Vivant en prédateur et non en constructeur, Don Juan ne peut jouir que dans l'instant et le particulier et non dans le général et le durable.

A courir trop de proies, le chasseur ne revient qu'avec l'ombre.

L'ironie –présence implicite de l'éthique dans l'esthétique-. »

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